Toutankhamon, l’odyssée d’Howard Carter

Il y a un siècle eut lieu la plus importante découverte archéologique du 20e siècle. Le 25 novembre 1922, l’archéologue britannique Howard Carter, ouvre la porte du tombeau d’un jeune pharaon au nom jusqu’alors inconnu : Toutankhamon. Après avoir arraché à son protecteur, Lord Carnavon, une dernière campagne de fouilles, l’égyptologue réussit enfin à atteindre son rêve, celui de localiser la tombe de ce pharaon de la XVIIIe dynastie qu’il allait immortaliser.


Nombreux ont été les expositions, jusqu’à celle, récente, de Bruxelles et les livres qui ont raconté cette aventure entourée de mystères et de malédictions, notamment celle qui frappa certains membres de l’expédition ainsi que Lord Carnavon mort subitement le 5 avril 1923. Même l’auteur de ces lignes a consacré, dans l’un de ses ouvrages, un chapitre à cette énigme historique.

Parmi les innombrables mausolées et tombes de papier qui ont fleuri depuis un siècle, les amateurs d’aventures et de mystères retrouveront cette ambiance unique dans le très beau roman graphique de Paul Marcel et Patrick Mallet. En suivant les pas de Carter, il se dégage de ces pages une impression très cinématographique de pénétrer dans quelque chose qui ressemble aux films de la Hammer. L’odyssée d’Howard Carter y est parfaitement retranscrite avec les doutes, la ténacité que manifesta cet archéologue qui a fini par s’identifier avec le jeune pharaon. Le dessin et les couleurs de Paul Marcel donnent une impression de vivre l’aventure dans les années 20, impression renforcée par des personnages entre expressionnisme et art déco. D’ailleurs, cette touche art déco se trouve renforcée dans le traitement des antiquités et des décors égyptiens, particulièrement réussis.

Le scénario de Patrick Mallet est très bien emmené. Il suit Carter, cet homme devenu, lui aussi, un dieu vivant. De la localisation de la tombe près de celle de Ramses VI jusqu’à la gloire en passant par la magnifique découverte de la tombe avec de très belles planches, les auteurs ne font pas l’impasse sur la malédiction bien évidemment même s’ils ne s’attardent pas sur cette dernière malgré la présence énigmatique de ce chacal personnifiant le dieu de la mort et de l’embaumement chez les Egyptiens. Nos deux auteurs focalisent leurs attentions sur Carter lui-même, sur sa vie après son exploit, sur celle d’un homme, à l’inverse de Toutankhamon, entré de son vivant dans l’immortalité.

A lire donc, une lampe torche à la main pour s’éblouir de la beauté des trésors enfermés dans ces tombes égyptiennes et sur ces pages.

Par Laurent Pfaadt

Paul Marcel, Patrick Mallet, Toutankhamon, l’odyssée d’Howard Carter,
Les Arènes BD, 112 p.