Viet Thanh Nguyen, Le sympathisant

Quelle est la part de trahison qui
sommeille en chacun de nous ? Quel
est le point de rupture au-delà duquel
tout être humain succombe? C’est à
ces questions que le héros du livre de
Viet Thanh Nguyen, Prix Pullitzer
2016, tente de répondre. Son héros, le
sympathisant, est un bâtard, un être
vil dénué de morale. A-t-il une estime
de soi ? Peut-être. Tout au long de
cette longue confession qui
transforme ce récit d’espionnage en
roman existentialiste, le lecteur se le
demande à chaque page.

Conseiller d’un général du Sud-Vietnam, l’homme est en réalité à la
solde des communistes. Exilé aux Etats-Unis, il assistera en
spectateur averti à la transformation du conflit en instrument de
propagation du mythe américain. Cynique, non dénué d’humour, le
roman se veut alors politique et son grand mérite est de ne jamais
verser, à travers ses diverses mues, dans le manichéisme. Car après
tout, la guerre n’est jamais manichéenne. Au contraire de la paix. Et
de cette lucidité, l’auteur en tiré un livre grandiose.

Par Laurent Pfaadt

10/18, 552 p.