La porte des mondes à redécouvrir dans son intégralité
Rendons grâce à ces petites maisons d’édition françaises qui permettent aux lecteurs francophones notamment les plus jeunes de profiter de trésors oubliés de la science-fiction anglophone.
Tel est le cas de Robert Silverberg, l’un des géants du genre. Auteur de quelques uns des livres cultes de la sf et de la fantasy comme le cycle de Majipoor, Silverberg est notamment le créateur de la porte des mondes, cette série contant un monde où la civilisation européenne n’a jamais prospérée de part et d’autre de l’Atlantique. Ainsi, en suivant les aventures de Dan Beauchamps, parti à la découverte de ce monde inversé, Silverberg confirme qu’il reste l’un des maîtres de l’uchronie (comment ne pas oublier Roma Aeterna) et de la science fiction notamment du mouvement steampunk dont il est l’un des inspirateurs.
L’extraordinaire plus-value de l’ouvrage tient également à la réunion des différentes contributions à la série d’auteurs confirmés comme Chelsea Quinn Yarbro, spécialiste notamment des vampires ou de John Brunner, auteur du désormais cultissime Tous à Zanzibar. Le livre permet surtout de mesurer l’influence de Robert Silverberg qui, à l’instar d’un Asimov ou d’un Tim Powers, a contribué à façonner l’imaginaire de générations entières d’écrivains ainsi que l’interpénétration des univers des auteurs anglo-saxons, Silverberg lui-même ne rechignant pas à s’inscrire dans les univers de ses contemporains.
Ceci explique en grande partie l’exceptionnelle fécondité de la science fiction américaine qui a su imposer son modèle depuis plus d’un demi siècle et dont la porte des mondes est un témoignage éclatant qu’il convient de redécouvrir dès à présent.
Robert Silverberg, John Brunner, Chelsea Quinn Yarbro, la Porte des mondes, Mnemos, 2015
Laurent Pfaadt