De l’or pour les braves (2/3)
JO Stockholm 1912 : George Patton (pentathlon)
Il le fut le seul Américain engagé dans cette compétition et ne remporta que la 5e place, la faute à ces maudits scandinaves qui dominaient alors l’épreuve. On raconte qu’il n’obtint pas la victoire parce qu’il utilisa un calibre 38 dont les balles, laissant des trous trop gros dans les cibles, n’ont pu être comptabilisées, à l’inverse de celles des calibres 22 préférées par ses adversaires.
Mais trente années plus tard, c’est avec un autre pistolet que le général Patton partit sabre au clair à l’assaut d’une Europe en passe d’être libérée depuis le débarquement en Normandie. Le fameux 357 Magnum Smith & Wesson avec sa crosse en ivoire était capable non seulement de faire de gros trous mais également d’arracher la cible entière !
Les insoumis (2/3)
JO Moscou 1980 :Władysław Kosakiewicz (athlétisme)
Il a suffit d’un bras, solide et puissant pour propulser Władysław Kosakiewicz par dessus une barre placée à 5,78 mètres et remporter ce concours du saut à la perche disputé dans cette ambiance moscovite électrique face à l’idole de tout un peuple, Konstantin Volkov.
Mais il était dit qu’on ne conspue pas impunément la fière et revêche Pologne où couvait cet ardent désir de liberté qui allait se manifester quelques semaines plus tard sur les chantiers navals de Gdansk. Un bras qui se fit d’honneur pour dire qu’à Varsovie un nouveau pacte venait d’être signé : celui d’un pays avec son destin en marche porté par Solidarnosc. Un bras, de Mexico à Moscou, symbolisant la solidarité des peuples opprimés.
Les perdants magnifiques (2/3)
JO Atlanta 1996 : Linford Christie (athlétisme)
Il avait ce calme qui est l’apanage des plus grands champions et qui lui avait permis de glaner l’or olympique à Barcelone. Et voilà que notre Zeus, bien décidé à rester quatre ans de plus sur l’Olympe du sprint, se présentait au départ de la finale du 100m face à des millions d’Americains qui ne pensez pas qu’un Anglais puisse, deux siècles après avoir été vaincu à Yorktown, infliger une nouvelle défaite à leurs héros, Dennis Mitchell et Mike Marsh.
Deux coups de feu retentirent dans la nuit d’Atlanta, ceux d’un starter qu’il devança. Terrassé sans avoir mené bataille, il s’en alla comme il était venu, en champion.
D’or et de sang (2/3)
JO Amsterdam 1928 : équipe des Pays-Bas (gymnastique)
Pour la première fois, les femmes avaient le droit de participer aux épreuves de gymnastique. Et les Néerlandaises étaient si fières de représenter leur pays, ici, chez elles. Et lorsqu’elles remportèrent l’or du concours par équipe, c’est une nation toute entière qui remercia ses filles.
Mais quinze ans plus tard, le Troisième Reich contrôlant le pays se mit à traquer les juifs et notamment la jeune Anne Frank. Ces mêmes femmes, jadis célébrées devinrent des ennemis et furent déportées puis assassinées dans les camps d’extermination de Sobibor et d’Auschwitz-Birkenau.
Elles s’appelaient Juditke Simons, Anna Polak, Helena Nordheim et Estella Agsteribbe.
Tristes tricheurs (2/3)
JO Séoul 1988 : Ben Johnson (athlétisme)
Un poing levé vers le ciel et 9,79, un chiffre longtemps maudit dans l’athlétisme.
Tricheur voué aux gémonies parce qu’il fut le plus éclatant, le premier d’une cohorte à venir. Parce qu’il fut ce Canadien qui humilia les États-Unis et leur légende Carl Lewis. Et surtout le précurseur d’un sport business, d’un entertainment à venir qui aurait besoin du dopage pour prospérer.
Dans les cours d’école, il est devenu un nom commun, celui de tout exploit jugé surprenant, inhabituel, imprévisible, suspect. Mais surtout Ben Johnson demeure aujourd’hui le côté sombre du sport, celui qui personnifie plus qu’aucun autre ce monde au-delà du sport, celui de l’argent et de l’absence de morale et de règles.
Par Laurent Pfaadt