De l’or pour les braves (3/3)
JO Séoul 1988 : Pál Szekeres (escrime)
Lorsqu’il monta sur la troisième place du podium des JO de Séoul 1988 en compagnie de ces compatriotes, l’épéiste hongrois, modeste 24e mondial dut se dire qu’il vivait alors un moment inoubliable dans cette histoire si prestigieuse de l’escrime hongrois.
Le destin devait cependant en décider autrement. Car le jour qui changea sa vie allait intervenir trois ans plus tard dans ce maudit bus qui le paralysa à jamais. Il fit alors de son handicap une force et entra dans l’immortalité en devenant triple champion paralympique et double médaillé de bronze lors de quatre olympiades.
Une magnifique leçon de courage et d’espoir d’un athlète unique, seul médaillé olympique et paralympique. « Peut-être que l’escrime et mon accident firent de moi une meilleure personne » dira-t-il.
Les insoumis (3/3)
JO Rome 1960 : Wilma Rudolph (athlétisme)
Elle ne se soumit jamais à une fatalité qui tenta, par tous les moyens, de s’emparer de son corps et de son esprit.
Celle de sa poliomyélite qui lui emprisonna sa jambe gauche jusqu’à onze ans.
Celle de ces lois du Tennessee qui lui refusèrent des soins réservés aux Blancs.
Mais il était écrit que Wilma Rudolph briserait tous ces obstacles, autant de haies qui tentèrent d’empêcher sa course vers l’incroyable destin qui fut le sien.
Première femme à descendre sous les 23s sur 200m, elle devint triple championne olympique du 100, 200 et 4 x 100m en compagnie des fameuses Tigerbelles. Forte de ce succès, elle contraignit l’état du Mississippi et son gouverneur raciste à organiser des courses où toutes les filles, quelque soit leur couleur de peau, seraient admises.
Les perdants magnifiques (3/3)
JO Athènes 2004 : Ladji Doucouré (athlétisme)
Ladji, je ne sais pas si tu liras cette chronique mais sache que j’ai pleuré ce 27 août 2004 après ta chute. Des larmes versées sur l’espoir déçu d’une nation prête à se hisser au firmament du sport mais également sur le rêve brisé d’un homme en une fraction de secondes. Un rêve fait de labeur, de sacrifices endurés durant des années qui disparaît subitement et se transforme en un cauchemar qui hante.
Oui, Ladji tu aurais pu devenir champion olympique, j’en suis certain. Toi, le gamin de Viry-Châtillon venu dans le temple de l’olympisme après avoir franchi des haies plus grandes que celle qui a entrainé ta chute.
Il était dit que le métal olympique se refuserait à toi mais pas le monde. Pourtant, ce jour-là, sur l’Olympe athénien, dans mon coeur comme dans celui de tout un pays, tu es devenu ce héros qui n’a pu être un dieu et est demeuré cet homme qui s’inclina devant un destin plus fort que lui.
D’or et de sang (3/3)
JO Helsinki 1952 : Agnes Keleti (gymnastique)
Elle avait vingt-trois ans lorsqu’elle vit son père partir pour Auschwitz pour y être gazé en compagnie de ces 500 000 juifs hongrois déportés en 1944 tandis que sa mère et sa sœur étaient sauvées grâce au diplomate suédois Raoul Wallenberg. Agnes Keleti ne dut, quant à elle, la vie sauve qu’en se faisant passer pour une chrétienne.
Survivante, Agnes Keleti devint conquérante en remportant plusieurs titres olympiques, certainement au nom de tous les siens, de tous ces athlètes juifs à qui on refusa la possibilité non seulement de participer à des Jeux Olympiques, mais simplement de vivre. Cinq médailles d’or qui furent plus que de simples récompenses mais bel et bien des boucliers dans lesquels se reflétera à jamais l’espoir de toute l’humanité.
Tristes tricheurs (3/3)
JO Berlin 1936 : Toni Merkens (cyclisme sur piste)
Le destin est parfois cruel. Ce qu’il vous accorde d’une main, il peut vous le rependre de l’autre. En 1936, à Berlin, Toni Merkens remporta de façon irrégulière la finale de l’épreuve de cyclisme sur piste en battant le néerlandais Arie von Vilet qu’il gêna. Ce dernier déposa bien une plainte mais Merkens n’écopa qu’une amende.
Quelques années plus tard, envoyé sur le front de l’Est ne 1942, Toni Merkens, blessé au cœur par un éclat de grenade, décéda le 20 juin 1944 tandis qu’Ariet von Vliet poursuivit sa carrière et devint champion du monde.
Par Laurent Pfaadt