La résistante Madeleine Riffaud, disparue récemment, est l’héroïne d’une exceptionnelle série de BD.
Madeleine Riffaud s’en est allée le 6 novembre 2024. Un siècle d’une vie de combats. Figure emblématique de la Résistance notamment communiste au sein des Francs-tireurs et partisans, elle fut également poétesse, journaliste et correspondante de guerre pour le journal l’Humanité, couvrant notamment les guerres d’Algérie et du Vietnam et interviewant Hô Chi Minh.

Collection Madeleine Riffaud
Une vie comme un roman qui n’a pas échappé à Dominique Bertail et à son scénariste Jean-David Morvan qui parcourt l’histoire, de la Première guerre mondiale aux univers de Mark Twain et Victor Hugo en passant par Auschwitz avec Ginette Kolinka par nous conter des histoires et des destins exceptionnels, à commencer par celui de Madeleine Riffaud, héroïne de cette superbe trilogie Madeleine, résistante, dont paraît ces jours-ci le troisième tome, les nouilles à la tomate.

Il faut vous le dire d’emblée, on est tombé sous le charme de Madeleine. La faute au dessin de Dominique Bertail qui sculpte une incroyable amazone où regard d’acier et beauté juvénile forment un personnage attachant. Dans ce troisième tome, l’amazone des FFI qui a abattu un officier allemand en juillet 1944 sur le pont de Solférino, vient d’être arrêtée et conduit devant le sinistre commissaire Fernand David, chef des brigades spéciales, cette police à la solde de l’occupant, surnommé « David les Mains Rouges », et qui finira fusillée après la Libération, le 5 mai 1945. Dans ce Paris occupé tout en bleus comme si une nuit recouvrait la capitale, sort de métaphore imagée de nuit et brouillard, le lecteur suit Madeleine qui plonge dans cette même nuit. Torturée, elle ne parla pas :
« Ils ont bien pu tordre mes mains, Je n’ai jamais livré vos noms » écrit-elle dans l’un de ses poèmes qui rythment magnifiquement la BD. Pourtant, elle aimait les Allemands, surtout ceux qui écrivent des poèmes comme Rainer Maria Rilke dont elle prit le prénom comme pseudonyme. Par contre, les nazis, elle les hait. Eux aussi d’ailleurs. Échouant à la briser, on l’expédie dans un train. Direction : Ravensbrück. Mais l’Intrépide, sous les traits de Bertail, s’en échappe en compagnie d’une autre maquisarde, Reine. Insaisissable décidément, elle revint et la voilà participant à la libération de la France, une mitraillette à la main aux Buttes-Chaumont.
L’amazone rouge fête ses vingt ans le 23 août 1944. Vingt ans et déjà une légende. Demeurant à jamais comme « la jeune fille poète qui a abattu un gradé allemand » telle qu’on la présenta à Paul Eluard, il lui en restait quatre-vingt pour la raconter. C’est désormais chose faite dans cette magnifique biographie qui lui ressemble : pleine de fougue et d’aventures. Picasso lui tira le portrait. Celui de Bertail et Morvan n’est pas mal non plus.
Par Laurent Pfaadt
Bertail, Jean-David Morvan, Riffaud, Madeleine, Résistante, tome 3, Les nouilles à la tomate
Chez Dupuis, 128 p.
A lire également les tomes 1 La Rose dégoupillée, et 2 L’édredon rouge
Collection Madeleine Riffaud