Anna Wojtkowiak est la directrice adjointe de Stołeczna Estrada, l’institution culturelle qui organise et gère le Cross-Culture Festival de Varsovie. Pour Hebdoscope, elle revient sur l’histoire de ce festival devenu un rendez-vous incontournable de la world music en Pologne.

© Stołeczna Estrada
Quel est le but principal de ce festival ?
Vous savez, Varsovie a beaucoup changé et le festival a, lui aussi, beaucoup évolué. Mais nous ne nous sommes jamais éloignés de notre but premier qui est de favoriser la tolérance entre les cultures et une ouverture d’esprit. Les débuts en 2005 n’ont pas été faciles mais le festival s’est aujourd’hui imposé et dispose d’un public fidèle et important. En vingt ans, c’est 280 artistes venus de 77 pays et six continents qui se sont produits durant ce festival.
Un festival qui ne se résume pas uniquement qu’à la musique…
Oui, vous avez raison. Des tables rondes sont également organisées pour évoquer les grandes tendances qui traversent le monde. C’est important pour la ville et ses habitants d’être associés, via ce festival, à la marche du monde. C’est pourquoi nous organisons des échanges entre des artistes polonais et étrangers. Notre festival a contribué à sa façon, je pense, à faire de Varsovie une ville multiculturelle. Nous avons été, en quelque sorte, l’étincelle.
Un monde dans lequel Varsovie a toute sa place
Exactement. Il aide à déconstruire un certain nombre de stéréotypes en mettant l’accent sur la différence, l’altérité et surtout sur le fait que les autres, par-delà les continents, vivent et ressentent les mêmes choses que nous. Nous sommes certes différents mais nous nous rejoignons sur un certain nombre de choses, voilà le message que nous véhiculons à travers nos actions. Et quelques fois, le festival peut changer des vies.
Comment cela ?
Nous avons vécu une expérience incroyable avec un groupe d’enfants venu du Burkina Faso, en 2009. C’était leur premier déplacement hors du pays. Il sont venus ici, au festival et en rentrant, ils ont fondé un groupe de jeunes musiciens. Six ans plus tard, ils se sont produits lors d’un concert jeune public organisé par le festival. C’est ici que leur carrière internationale est née et cela nous rend très fiers.
Durant ces vingt années d’existence, si vous ne devez conserver qu’un seul souvenir, lequel choisiriez-vous ?
Quelle question difficile ! Mais je dirais tout de même cet artiste venu de Pakistan. Il s’est dégagé quelque chose, ce soir-là, qui est allé au-delà de la simple musique. Ce fut un moment de grâce absolue. Ce fut si incroyable, si mystique que j’en ai pleuré. Et je n’étais pas la seule ! Voilà ce que je garderai avec moi même s’il y a, chaque année, des moments, des émotions incroyables !
Interview Anna Wojtkowiak par Laurent Pfaadt