Nous avions hâte de retrouver nos deux héros, Nero et le chevalier franc, bien décidés à refermer la grotte des djinns et à barrer la route de ces démons prêts à engloutir le Moyen-Age des frères Mammucari où histoire et surnaturel cohabitent à merveille.

Après le feu, voilà que se déchaîne le déluge notamment sur la ville de Tyr. Un déluge commandé par des marids, ces djinns de l’eau, bien décidés à répandre le chaos sur la Terre Sainte. L’ambiance de ce second tome est à l’image de la menace : verte et bleue et complète ainsi merveilleusement le premier tome tout en rouge et orangé. Mais dans ce second tome le feu est intérieur, dans le cœur de Nazarite dont on se doutait bien qu’elle ne nous avait pas quitté lors du siège de la forteresse de Tell Bashir, un cœur qui se consume pour Renaud, un beau commandant franc. Le cœur de notre héros semble s’être apaisé, presque assagi à mesure qu’il approche de la grotte des djinns. Le scénario, une fois de plus parfaitement maîtrisé, distille au compte-goutte une vérité qui rend le lecteur très vite addict.
Ce tourbillon orchestré de main de maître qui n’est pas qu’aquatique malgré quelques pages d’une beauté à couper le souffle grâce à la patte de Matteo Cremona notamment lors de la submersion de Tyr, mêle ainsi réalité et cauchemar, passé et présent, poésie et récit d’action. D’ombres et de murmures avance un peu plus en territoire fantastique où les morts et les goules s’apprêtent à se répandre sur la terre des hommes poussant ces derniers à s’unir s’ils veulent survivre. Sous couvert de fiction, voilà un beau message. Vite le troisième tome !
Par Laurent Pfaadt
Mammucari, Nero, Tome 2 – D’ombres et de murmures,
Aux éditions Dupuis, 144 p.