Angélique Kidjo rappelle Marciac à ses racines

Angélique Kidjo
© Laurent Sabathé

La diva béninoise a
enflammé la scène
du festival de jazz

Un concert
d’Angélique Kidjo
est toujours un
moment unique.
Les spectateurs du
festival de Marciac,
l’un des hauts lieux
du jazz en France, ont, une nouvelle fois, pu s’en rendre compte. La
diva africaine revenait dans le Gers avec son nouvel album, Célia,
hommage à Célia Cruz, l’impératrice cubaine de la salsa. Mais il y
avait plus que cela. De toute façon, avec Angélique Kidjo,
ambassadrice d’Amnesty International, il y a toujours plus que de
la musique.

Débuté avec Baila Yemaya, le concert d’Angélique Kidjo a bien
entendu été l’occasion d’interpréter ses derniers titres. De Cucala
et ses « Azucar ! » (sucre) que lançait la reine de la salsa
surnommée « Café com leche » à Quimbara qu’Angélique Kidjo
chanta avec Célia Cruz à Paris dans les années 70, l’atmosphère
s’est très vite chargée de rythmes caribéens. Mais ce concert a
également été l’occasion pour les fans de l’artiste et pour ceux
moins au fait de sa discographie de redécouvrir ou de découvrir
des morceaux plus anciens comme Once in a lifetime (Remain in
light, 2018) ou le virevoltant Toumba (Black Ivory Soul, 2002) tirés
d’univers explorés précédemment. Invitant très vite un public qui
n’attendait que cela, à se joindre à cette musique devenue une
fête, Angélique Kidjo a alors fait ce qu’elle sait faire de mieux :
jeter des ponts entre les musiques et entre les hommes (et les
femmes ne manquerait-elle pas d’ajouter !). Passant aisément de
la salsa au funk ou de la soul à la world music, elle rappela avec sa
musique, véhiculée par les sonorités envoûtantes de son
percussionniste Magatte, venu tout droit du Sénégal, et
symbolisée par Sahara, que l’océan musical séparant l’Afrique de
l’Amérique est aisément franchissable comme l’ont fait les
esclaves du Pérou dans Toro mata et la rumba congolaise.

Ce concert constitua ainsi une nouvelle occasion de se rendre
compte en une heure et demie et en condensé qu’à travers tous
ses albums, Angélique Kidjo personnifie à elle seule la diaspora
musicale de l’Afrique. Là, l’Ethiopie. Ici l’afro-beat de New York. Et
puis le Bénin, omniprésent. Célia n’est au fond qu’une étape
supplémentaire dans ce qu’il convient d’appeler l’œuvre musicale
d’une vie. Et au détour de cette immense communion qui laissa à
chacun un souvenir inoubliable, comme chez cette dizaine de
spectateurs devenus, le temps d’une soirée, des danseurs africains
improvisés, perça quelques moments de grâce notamment ces
accords de la guitare de Dominic James, compagnon de longue
date de la diva, qui rappelèrent ceux du grand Farka Touré.
Comme pour dire que la musique ne meurt jamais.

Si la vie s’apparente souvent à un carnaval, celui qui se répandit
sur la scène du festival de jazz de Marciac se para de couleurs
musicales bigarrées. El les costumes musicaux que la diva revêtit
s’apparentèrent plus à des legs qu’à des hommages : ceux de Célia
Cruz, de Nina Simone, de Miriam Makeba et de toutes celles qui,
dans toutes les chaumières de l’Afrique et du monde et en toute
humilité, font chaque jour de la musique, un hymne à la liberté.
Une reine parmi les reines en somme.

Par Laurent Pfaadt

Pour aller plus loin :

Angélique Kidjo, Celia, Decca records

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