Joyce Maynard, L’hôtel des oiseaux
Aux éditions Philippe Rey, 528 p.
Une femme se tient sur le garde-fou du Golden Gate Bridge. Sa vie ne tient qu’à un fil. Quelques heures auparavant, elle a perdu son mari et son enfant dans un accident de la route, ces êtres qui l’avaient sorti des ténèbres dans lesquels l’avaient plongé, enfant, la disparition de sa mère. A cet instant précis, la colombe brisée se mue alors en aigle prêt à prendre un nouvel envol. « Je me suis éloignée du garde-fou. Je ne pouvais pas le faire. Mais je ne pouvais pas non plus rentrer chez moi. Je n’avais plus de chez-moi ». Quelques secondes qui décidèrent d’une vie. Voilà le point de départ du nouveau roman de l’écrivaine américaine Joyce Maynard, Grand prix de littérature américaine en 2022 pour Où vivaient les gens heureux dont elle écrit actuellement la suite.

Bien décidé à vivre, notre aigle trouve un nouveau nid, celui du bien nommé l’hôtel des oiseaux situé dans la Llorona, « la femme qui pleure », un lieu quelque part en Amérique du sud que l’on identifie au Guatemala où Joyce Maynard vit une partie de l’année. « Comment décrire La Llorona telle qu’elle m’apparut ce jour-là ? Une vision du paradis à la période la plus noire de ma vie ».
L’hôtel, refuge de ces oiseaux en perdition, devient dans le récit de Joyce Maynard un personnage à part entière. Car à l’instar de ses occupants, lui aussi a besoin de se reconstruire. Et notre géniale autrice de construire, avec tout le talent qu’on lui connaît, une saga qui coure sur quatre décennies et qui verra Amelia, notre colombe du Golden Gate Bridge devenu l’aigle de la Llorona, refaire sa vie. Apprendre à aimer à nouveau. Se libérer de ses démons.
Magnifique récit d’une résilience, ode au courage à l’amitié, L’hôtel des oiseaux est plus qu’un livre, c’est une leçon de vie.
Par Laurent Pfaadt