Pour les générations futures

Le 13 avril 2005, Simone Veil, alors membre du conseil constitutionnel, était invitée à donner une conférence à l’Ecole Normale Supérieure dans le cadre d’une semaine de commémoration et de réflexion sur la Shoah. L’intervention, enregistrée, donne aujourd’hui lieu à ce livre inédit. S’astreignant à une certaine réserve sur les questions européennes même si celle qui fut la première présidente élue au suffrage universel du Parlement européen finit par les aborder notamment la nécessité pour les ennemis d’hier de se réconcilier, Simone Veil évoque surtout dans cet ouvrage sa déportation.

A travers les grandes étapes de sa vie d’adolescente, de Nice à son retour de déportation en passant par Auschwitz, le lecteur retrouvera les grands thèmes défendus par l’ancienne ministre : le devoir de mémoire et le pouvoir que peut exercer la littérature sur sa défense, l’antisémitisme et la pensée nazie, et une condamnation du négationnisme. Ses mots sont emprunts d’une émotion palpable lorsqu’elle fait l’apologie des justes qui ont notamment sauvé des enfants juifs, et forcent le respect lorsqu’ils évoquent cette histoire coloniale, cette « histoire des relations avec la France, déchirées ensuite par la guerre. » « Il faut la connaître et apprendre à la vivre ensemble » dit-elle.

Mais surtout, en abordant ces questions devenues toujours plus actuelles, Simone Veil envoie une brûlante adresse à ces nouvelles générations pour se souvenir et ne pas céder aux extrêmes. Qu’il est bon de retrouver cette voix juste et sage surtout par les temps qui courent.

Par Laurent Pfaadt

Simone Veil, Pour les générations futures
Aux éditions Albin Michel, 160 p.