Revenir à Berlin

Comment qualifier ce livre magnifique ? D’une ode à la mémoire ? D’un témoignage de la relation toujours difficile d’un fils  avec son père ? Peut-être les deux finalement.


Les nazis ont pris le pouvoir en Allemagne. Les juifs sont poussés à partir sans savoir qu’ils ne reverront pas leur pays et que s’ils ne le font pas, ils seront bientôt exterminés. Hans arrive en Angleterre avec le dernier Kindertransport, ces convois qui, à partir de la nuit de cristal de novembre 1938 et jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale, évacuèrent des enfants juifs vers la Grande-Bretagne.

Hans survécut à la Shoah quand une grande partie de sa famille périt. Il allait enfouir son histoire au plus profond de lui-même, jusqu’à ses quatre-vingt ans lorsque son fils avec qui il eut une relation compliquée lui propose de revenir à Berlin pour, d’une certaine manière, rattraper ce temps perdu dans les abysses de la douleur où il enferma sa relation avec son fils.

Dans ce livre qui rappelle Une odyssée, un père, un fils, une épopée de Daniel Mendelssohn, Jonathan Lichtenstein montre que souffrances de l’histoire se transmettent dans les non-dits, dans les silences et que sitôt cicatrisées, elles apaisent, elles libèrent.

Par Laurent Pfaadt

Jonathan Lichtenstein, Revenir à Berlin, traduit de l’anglais par
Claire Dessarrey
Aux éditions Le livre de poche,  320 p.