Le retour des Giboulées

Evénement bisannuel au TJP-CDN, Les Giboulées  furent imaginées
et mises en route par André Pomarat, à qui il sera rendu hommage
le 15 Mars. La pandémie nous en avait privé en 2020. C’est dire la
satisfaction de l’équipe de pouvoir en annoncer la programmation
pour  le mois de Mars.

 » Les Giboulées prolongent, intensifient le projet du TJP-CDN et se
déploient dans la ville. Parce que les artistes sont le miroir de notre
société ils nous réveillent et nous permettent de nous relier les uns
aux autres et à notre environnement « , nous dit Renaud Herbin qui
dirige cette institution depuis 2013 et dont c’est le dernier mandat.
C’est dire l’importance qu’il attache à cette session des Giboulées.

Deux de ses spectacles sont à l’affiche  » Par les bords  » et  » Quelque
chose s’attendrit « .

 » Par les bords  » évoque, avec le danseur circassien Jean-Baptiste
André accompagné par le oud de Grégory Dargent et le chant de Sir
Alice, le problème de  » comment retrouver l’équilibre, se
reconstruire après un déracinement « .

 » Quelque chose s’attendrit  » Une marionnette minuscule  pose la
question de notre sentiment d’exister.

Ces Giboulées permettent de retrouver des artistes venus l’une ou
l’autre fois présenter leur travail ici.

Tibo Gebert avec   » Hero  » pose, avec ses marionnettes figuratives
qu’il fabrique lui-même, les questions sur l’identité en s’appuyant sur
le mythe des super héros qui cachent leur fragilité.

Tim Spooner dans  » Poisson Maracas « , revisite le personnage de
Pinocchio comme le fait aussi Alice Laloy avec son  » Pinocchio (live)  » dans lequel des élèves du Centre chorégraphique sont transformés
en pantins.

David Séchaud revient sur le problème de la ruine avec un comédien,
un acrobate et un musicien pour une poétique du risque dans  » Le
gonze de Lopiphile « .

Dorothée Saysombat et Nicolas Alline dans  » La conquête  » mêlent
chants et discours politiques, mettant en jeu leurs origines sino-
laotiennes pour explorer les stigmates de la colonisation sur nos
sociétés.

Claire Heggen dans   » L’inventaire animé  » nous gratifiera d’une belle
conférence animée sur la transmission des savoir-faire  dans le
domaine des masques, des marionnettes, de la gestuelle corporelle.

Parmi les nombreux spectacles à l’affiche, 22 au total dont 13
créations, tous répondant au grand principe  de mettre en jeu
 » corps-objet- image  » nous voulons attirer l’attention sur deux
particuliè-rement originaux. D’une part,  » La messe de l’âne  »
d’Olivier de Sagazan où les interprètes sont peu à peu recouverts
d’argile ce qui en fait des sortes de monstres. D’autre part, plutôt
ludique celui-ci,  » Gadoue  » qui comme son titre le laisse deviner met
en jeu le corps d’un jongleur avec un plateau couvert de boue
blanche sur laquelle il s’essaie à ne pas déraper.

Une programmation à consulter sur le site du TJP.

A retenir également, des rendez-vous gratuits et ludiques  comme
dans le cadre des Cosmodélies ces manifestations destinées à
partager des expériences communes pour créer des liens   » Les
flottants  » de Renaud Herbin des enveloppes translucides en
suspension que l’on manipule sous le regard d’une personne qui
décrit ce qu’elle voit à une autre personne ou  » Guidé par les haleurs
 »  cette promenade le long des quais  pour suivre une péniche tirée
par haleurs, une idée de David Séchaud.

Sans oublier  » Les pérégrinations d’Hermann  » de Stéphanie Félix sur
le partage du levain pour faire du pain.

Quant aux  » Précipités d’expérience  » ils  permettent  de montrer des
recherches artistiques, des travaux en cours que le TJP-CDN fut
ainsi soutenir.   

Les Giboulées, un festival pour tous et sans doute du bonheur à
partager du 4 au 19 mars dans différents lieux  de Strasbourg.

Marie-Françoise Grislin