L’espion et le traître

L’histoire qui semble sortie tout
droit d’un roman de John Le
Carré ou de Robert Littell est
d’autant plus effrayante qu’elle
est véridique. Pur produit d’une
famille qui a servi sans ciller le
KGB, Oleg Gordievsky entra à
son tour dans la carrière d’espion
avant de faire défection. De
cette histoire, l’écrivain Ben
MacIntyre qui a recueilli pour la
première fois les témoignages
des acteurs de cette incroyable histoire, en a tiré un document
digne des meilleurs thrillers.

Gordievsky devient alors un agent double. Tout en travaillant pour
les Anglais qui l’ont recruté à Copenhague, il donne le change
auprès des Soviétiques grâce aux infos distillées par le MI6. Sorte
de Philby soviétique, son histoire est racontée avec un rythme tel
qu’il est impossible de lâcher ce livre, best-seller en Angleterre et
qui devrait bientôt devenir une série télévisée. Mais n’est pas
Philby qui veut et Gordievsky le comprit très vite. Car les traîtres
sont partout. Il lui fallut ainsi s’arracher des griffes du KGB et son
passage définitif à l’Ouest lors de l’opération Pimlico est l’un des
passages les plus incroyables du livre. Alors oubliez tout et
plongez d’ce récit incroyable qui vous transportera des ors du
Kremlin au coffre obscur d’une voiture à la frontière finlandaise,
du 10 Downing Street à de ludiques parties de badminton en
compagnie de personnages à la fois brillants et médiocres d’une
guerre froide à qui il ne reste que quelques années à vivre.

Par Laurent Pfaadt

Ben MacIntyre, L’espion et le traître,
Aux éditions de Fallois, 416 p.