Napoléon, l’homme derrière le mythe

Si Napoléon savait que deux cents ans après sa mort, un historien de cette Pologne à qui rendit la liberté et qui lui consacre toujours une place à Varsovie, s’emploierait à détruire sa statue, il aurait peut-être tenu un autre discours au tsar Alexandre II lors de leur entrevue à Tilsit en 1807.

Certains y verront une attaque historique inacceptable. D’autres plus mesurés se réjouiront qu’enfin, l’Empereur puisse descendre de son piédestal et être enfin analysé à hauteur d’homme, libéré de toute mythologie. Car pénétrer l’homme pour mieux comprendre l’Empereur est devenu plus que salutaire. Il fallait pour cela un historien étranger, ici en l’occurrence Adam Zamoyski, déjà auteur d’un 1812 remarqué (Piranha, 2014) pour remettre non l’Eglise mais bel et bien l’Arc de triomphe au centre du cimetière.

« Napoléon est un homme et, même si je peux comprendre que certains aient vu en lui quelque chose de surhumain, ce n’est pas mon cas » écrit l’auteur dans sa préface. Combinant un nombre assez conséquent d’archives et écartant celles jugées hagiographiques, Adam Zamoyski fait le pari de libérer son sujet à la fois des tenants du mythe et de ceux, surtout anglo-saxons, de la légende noire. Le résultat centré sur les années de formation de Napoléon est très convaincant et trace une voie médiane qui devrait assurément trouver sa place dans la bibliothèque napoléonienne idéale.

Par Laurent Pfaadt

Adam Zamoyski, Napoléon, l’homme derrière le mythe, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Laurent Bury
Chez Piranha, 857 p.