Saison 2022-2O23 du TNS

Moment toujours très attendu, celui qui nous annonce la future saison. Stanislas Nordey nous l’a détaillée, avec son enthousiasme habituel, lui qui, après l’avoir concoctée, va quitter cette maison, arrivé au bout de ces deux mandats. Le ministère n’ayant encore nommé personne pour le remplacer, il sera encore présent lors de la rentrée et jusqu’au 31 décembre .

Au programme dix-huit pièces dont plusieurs créations et une parité bien respectée.

Afin de souligner le lien très fort, vital entre l’école et le TNS la programmation commencera et se terminera par une pièce d’élèves.

Fin septembre « Donnez-moi une raison de vous croire » sera le spectacle d’entrée dans la vie professionnelle du Groupe 46 de l’Ecole du TNS sorti en juin 2022.Le texte et la dramaturgie sont signés Marion Stenton de la section Dramaturgie, la mise en scène, Martin Bauer et Sylvain Cartigny, deux musiciens fondateurs de la Cie Sentimental Bourreau. La musique a un rôle important dans cette pièce qui, d’ailleurs, fait partie du programme du Festival Musica. La pièce qui s’inspire de « L’Amérique » de Franz Kafka, évoque les problèmes rencontrés par ceux qui ont été évincés du rêve américain par une absurde bureaucratie.

Et puis, la dernière pièce de la saison « L’Esthétique de la résistance » de l’écrivain allemand Peter Weiss (1937-1982) constituera le spectacle d’entrée dans la vie professionnelle du Groupe 47 de l’Ecole du TNS. La mise en scène est du très connu Sylvain Creuzevault qui a présenté cette dernière saison « Les frères Karamazov ».  Il s’agit d’un grand texte initiatique sur la jeunesse allemande anti fasciste des années 1937-1945 qui s’éveille au monde et à la résistance grâce à l’art.

De plus en début de saison le public se verra offert gratuitement la possibilité d’assister à une pièce écrite par Sonia Chiambretto « La Taïga court » dont le texte a été augmenté à la demande de Stanislas Nordey afin d’en monter quatre mises en scène différentes confiées à quatre metteurs en scène de Groupes 46 et 47, le thème étant le dérèglement climatique.

D’autre part, le TNS ayant la particularité d’avoir des auteur-rices associés ceux- ci signeront quelques- unes de leur production. Il en sera ainsi avec :

Falk Richter qui a écrit et mis en scène « The Silence » un texte très autobiographique sur le silence observé dans certaines familles à propos de sujets considérés comme tabous. Un texte, nous dit Stanislas Nordey,à la fois poétique et politique.

Marie Ndiaye, qui, après plusieurs reports dus à la Covid, peut enfin nous présenter « Berlin mon garçon », l’histoire d’une mère à la recherche de son fils, pièce initiée par Stanislas Nordey et interprétée par d’excellents comédiens. (Hélène Alexandridis, Claude Duparfait, Annie Mercier, Mélody Pini,  la pièce  Mihran, Laurent Sauvage).

Elle présente aussi « Un pas de chat sauvage » mise en scène de Blandine Savetier, artiste associée au TNS, une pièce pour un duo de femmes avec Natalie Dessay et Nancy Nkusi qui raconte la rencontre entre une universitaire blanche et une artiste noire.

Claudine Galea propose « Un sentiment de vie », un texte inspiré par son expérience montrant comment de grands événements comme les guerres viennent interférer dans la vie familiale selon les opinions des uns et des autres sur ces conflits. Une grande comédienne, Valérie Dréville, artiste associée au TNS en sera l’interprète dans la mise en scène d’Emilie Charriot, elle-même devenue célèbre avec la création de « King Kong Théorie » de Virginie Despentes en 2014.

Pascal Rambert qui a présenté plusieurs pièces au TNS, la dernière étant « Mont Vérité » avec le groupe 44 de l’Ecole, (spectacle d’entrée dans la vie professionnelle) répond avec « Mon absente » à une commande de Stanislas Nordey. A propos de la disparition d’une personne aimée, cinq comédiennes et cinq comédiens sont rassemblés la faisant en quelque sorte revivre par les souvenirs évoqués. Cette pièce chorale est un hommage à la mère de Stanislas Nordey , Véronique Nordey  qui fut actrice associée au TNS.

Lors de cette saison, nous allons retrouver quelques grands noms de la mise en scène comme Anne Théron, artiste associée au TNS qui s’attaque à une « Iphigénie » d’Euripide réécrite par Tiago Rodigues, le futur directeur du Festival d’Avignon dont nous avons vu  récemment une de ses pièces « Dans la mesure de l’impossible » au Maillon.

Marie-Christine Soma qui a présenté ici « La pomme dans le noir » en 2018 met en scène « La septième » du philosophe et écrivain Tristan Garcia qui raconte comment un narrateur se remémore ces différentes vies passées.

Marguerite Bordat et Pierre Meunier que nous connaissons bien grâce aux spectacles toujours originaux qu’ils savent concevoir et interpréter arrivent avec « Bachelard Quartet rêverie sur les éléments » à partir de l’œuvre de Gaston Bachelard le titre est assez explicite pour qu’on comprenne qu’il s’agit d’un regard émerveillé sur la nature, un spectacle poétique qui, sans aucun doute saura nous embarquer. Il est présenté avec le TJP.

Le Théâtre du Radeau nous revient avec « par autan », du nom de ce vent que les gens du sud-ouest disent qu’il peut rendre fou, excellent prétexte pour le metteur en scène François Tanguy et ses comédiens de proposer du jeu, des sensations, de la musique fussent-ils hétéroclites aux yeux de certains… 

Retour de Stéphane Braunschweig dans ce lieu qu’il a dirigé de 2000 à 2008 avec la très belle mise en scène de « Comme tu me veux » de Luigi Pirandello, un auteur dont il a monté plusieurs pièces dont l’inoubliable « Vêtir ceux qui sont nus » en 2006. C’est une pièce magnifique sur la disparition et l’éventuelle réapparition d’un être qui n’est peut-être pas celui que l’on espérait retrouver.

Sur ce même thème, nous pourrons voir une pièce écrite par Laurent Mauvignier « Tout mon amour » qui est l’histoire d’une famille qui croit voir réapparaître leur fille disparue dix ans auparavant, Anne Brochet y tient remarquablement le rôle de la mère.

C’est aussi une metteure en scène qui nous a bouleversés, Caroline Guiela Nguyen avec « Saïgon » en 2018 qui revient pour un spectacle de sa Cie « Les Hommes Approximatifs » auxquels elle adjoint des amateurs parlant différentes langues. Intitulé « Fraternité, Conte fantastique » l’histoire est celle de la disparition d’une partie de l’humanité lors d’une éclipse et de comment remédier à la douleur des survivants.

Rencontre par delà la mort dans « Grand Palais ». L’écriture à quatre mains de Julien Gaillard et Frédéric Vossier fait dialoguer le peintre Francis Bacon et son amant et modèle George Dyer qui  vient de se suicider juste avant l’exposition  au grand Palais. Une mise en scène de Pascal Kirsch avec d’excellents comédiens.

 Autres spectacles qui mettent en valeur les écritures contemporaines : « Ilôts » de Sonia Chiambretto et  Yoann Thommerel. Il s’agit d’un théâtre documentaire issu du Groupe d’information sur les ghettos ,à propos des personnes qui pour diverses raisons se sentent marginalisées.

Pièce d’anticipation aussi, « Nostalgie 2175 » écrite par l’autrice allemande Anja Hilling, mise en scène par Anne Monfort montre la capacité de survie des êtres humains après une catastrophe écologique.

Et puis « Odile et l’eau »,un spectacle singulier de et avec Anne Brochet qui évoque l’expérience d’une femme seule qui se rend régulièrement à la piscine et veut en rendre compte.

C’est donc une programmation riche, diverse et prometteuse qui est ainsi réservée au public qui, l’espère vivement l’équipe du TNS continuera, comme il a repris à le faire à revenir nombreux au Théâtre.

La présentation de la saison en présence des artistes aura lieu
le 20 juin à 20h.

Pour la troisième année consécutive un programme estival itinérant se déroulera au mois de juillet avec 45 artistes et 115 événements gratuits. C’est « La  traversée de l’été » une manière ludique  de faire découvrir le théâtre au plus grand nombre .

Marie-Françoise Grislin

Conférence de presse  du 30 mai au TNS