Aneckxander

Ce spectacle  a été présenté dans le cadre du Festival EXTRADANSE de Pôle Sud Strasbourg

De la danse, peut-être pas, mais une performance remarquable
d’Alexander Vantournhout, un artiste polyvalent, danseur,
circassien, acteur qui a travaillé avec la dramaturge Bauke Lievens
pour monter ce solo qui montre comment le corps peut être mis
dans tous ses états.

C’est à la fois étonnant, drôle, poignant et beau.

Ce grand jeune homme, au visage impassible, au regard
intensément bleu se dénude devant avant d’entreprendre un solo
au cours duquel il met  son corps à l’épreuve. Se succèdent
pirouettes, roulades, plongeons exécutés avec une détermination
sans faille, mais , semble-t-il, mentalement réfléchies, des
exercices comme improvisés, repris avec exactitude d’abord,
avant  qu’il n’y introduise quelques variantes. C’est ainsi  que pour
rendre la performance plus compliquée, plus violente il chaussera
d’énormes chaussures Buffalo et enfilera des gants de boxe. Entre
chaque réalisation, il traverse lentement le plateau pour
déclencher sur le clavier quelques notes d’une composition
d’Arvo PÄRT.

Il nous surprend encore en étirant son cou très long qui le fait
ressembler à un échassier. D’ailleurs le titre du spectacle vient du
mot anglais « neck » qui veut dire « cou »  et du surnom qui lui avait
été donné en raison  de cette particularité de son anatomie.

Les postures qu’il réussit à prendre et à tenir bras et jambes
croisés, tordus, muscles saillants, évoquent les statues des grands
maîtres de la sculpture. Quand il les abandonne soudainement ses
déséquilibres nous font trembler. Il se dégage de cette prestation
l’idée d’une recherche pour explorer le corps, d’une forte
intériorité, d’une grande solitude qu’il semble vouloir rompre en
tendant ses bras vers nous. De toute évidence, il a réussi à
captiver notre regard, à nous troubler et à nous émouvoir.

Marie-Françoise Grislin