Crève, mon amour

Voilà un livre pour le moins
détonnant. Jeu de massacre
littéraire pour les uns, regard
acéré sur notre société
contemporaine et sur la place
des femmes pour les autres, ce
roman choc ne laissera personne
indifférent. Une jeune femme
relate son quotidien de mère,
d’épouse et de belle-fille mais
également ses fantasmes et ses
névroses. Le lecteur y découvre
l’ennui du quotidien,
l’annihilation permanente des
êtres humains dans notre société contemporaine, la lente
déstructuration de l’identité de chacun ou les faux-semblants
auquel tous, de gré ou de force, se prêtent.

On pourrait aisément se croire être en présence du long et plaintif
monologue d’une folle névrosée et sadique qui, pour son bien et
surtout pour celui de ses proches, devrait être internée. Ce
monologue n’est en fait que le cri strident d’une liberté corsetée
par une société nettement plus malade que ses membres. On lui
promettait l’asile. Elle a reçu le mariage. A-t-elle vraiment gagné
au change ? Assurément Crève, mon amour s’annonce comme l’un
des chocs de cette rentrée littéraire.

Par Laurent Pfaadt

Ariana Harwicz, Crève, mon amour,
Chez Seuil, 208 p.