Assoluta servait à désigner, au XIXe siècle, les voix de ces divas à la
fois tragiques et tonitruantes, à l’aise aussi bien dans les aigus que
dans les graves.
Grace à sa voix à la fois sensible et puissante, à la tessiture douce
comme le velours et solide comme l’acier, entre mezzo et soprano,
Béatrice Uria-Monzon nous convie à un magnifique voyage dans cet
opéra italien qu’elle a chanté sur les scènes du monde entier.
Quelques airs connus comme le « Casta Diva » du Norma de Puccini
ou le « Pace, pace mio Dio » de la Force du Destin de Verdi,
semblable à un vent, feront frémir les néophytes. Des redécouvertes
comme ce magnifique « La Mamma morta » d’Andrea Chénier
d’Umberto Gioradano qui brille d’une incroyable émotion raviront
assurément les puristes. Le tout bien évidemment porté par un
orchestre haut en couleur et rompu au répertoire italien.
C’est aussi l’occasion d’apprécier ce qui se fait de mieux dans l’opéra
italien. Moins médiatisée qu’une Netrebko ou qu’une Gheorgiu,
Béatrice Uria-Monzon n’en demeure pas moins l’une des plus belles
interprètes de ce répertoire. Il faut dire que la mode est aux
sopranos puissantes, capables de contre-ut à vous déchirer les
tympans. Avec Béatrice Uria-Monzon, la musique revient à sa
source, à ces divas qui inspirèrent les maestros italiens, à ces voix
qui ne cherchent pas à impressionner mais à inspirer, à ce souffle
enivrant et ténébreux. Plus qu’un astéroïde, ce disque invite ainsi à
contempler une étoile.
Par Laurent Pfaadt
Assoluta, Béatrice Uria-Monzon, Orchestra del Teatro Lirico Giuseppe Verdi di Trieste, dir Fabrizio Maria Carminati
Chez Aparté