Vienne et ses cafés. Le Museum que fréquentèrent Léo Perutz, Gustav Klimt ou Robert Musil, le Café central qui vit Trotski et le Braunerhöf où Thomas Bernhardt aimait écrire. Celui dans lequel nous convie Robert Seethaler auteur d’Une vie entière (2015) et du Tabac Tresniek (2014) ne porte pas de nom et n’a pas accueilli de célébrités. Il est plutôt à l’abandon. Robert Simon, journalier dans un marché de la ville, décide alors de lui redonner vie. Il ne portera pas de nom. Finalement, cela tombe sous le sens, au regard de ces anonymes qui vont et viennent.
Dans cette Vienne encore défigurée par la seconde guerre mondiale, chacun vient alimenter la nouvelle écume des jours, celle qui couronne le petit noir et la pils, celle qui magnifie ces personnages à la Zola qui viennent s’accouder au zinc ou s’affaler sur les chaises et raconter leurs vies. Avec cette natte magnifiquement tressée par la prose toujours aussi belle et qui réchauffe comme un poêle à charbon, Robert Seethaler livre assurément l’un de ses plus beaux livres.
Par Laurent Pfaadt
Robert Seethaler, le café sans nom, traduit de l’allemand (Autriche) par Élisabeth Landes et Herbert Wolf
Chez Sabine Wespieser, 248 p.