Prokofiev en majesté

La violoniste Viktoria Mullova transcende le compositeur russeMullova

Au disque comme au concert, écouter Viktoria Mullova, c’est l’assurance de passer un moment inoubliable. Son nouveau disque consacré à Prokofiev en est un témoignage supplémentaire. On l’avait laissé chez Onyx avec Bach. On la retrouve avec le 2ème concerto pour violon de Prokofiev.
Viktoria Mullova réalise parfaitement ce grand écart en prenant l’œuvre comme à son habitude en alliant une technicité sans faille et une sensibilité décuplée. il faut dire que l’œuvre composée en 1935 était taillée pour le profil de la virtuose.
Mullova est impressionnante dans les parties solo mais n’en oublie pas le rythme si entraînant du concerto qui lui confère ce lyrisme apprécié des mélomanes. Cette virtuosité est particulièrement évidente dans le troisième mouvement lorsque le violon dialogue avec les castagnettes.
Il faut dire qu’elle a trouvé en Paavö Jarvi un complice idéal. Le chef montre qu’il est aussi inspiré à la radio de Francfort dont il en a fait une référence en Europe – en témoigne sa récente production discographique – qu’à Paris. Mullova et Jarvi impriment ainsi au concerto une lumière faite de multiples couleurs sans altérer les équilibres sonores. Il en résulte une chaleur et une vie qui se répandent immédiatement dans nos oreilles.
Le disque est complété par une sonate pour violon seul et la sonate pour deux violons toujours de Prokofiev, où la soliste russe est accompagnée par son alter ego albanais, Tedi Papavrami. Le dialogue merveilleux de nos virtuoses démontre l’incroyable génie de Prokofiev qu’il est aujourd’hui possible entendre grâce à ce disque.

Prokofiev, violon concerto n2, Frankfurt radio symphony orchestra,
Mullova, dir. Jarvi, Onyx classics, 2015

Laurent Pfaadt