Hymn to love

Après Après avoir été bouleversés par son « Magnificat » lors du Festival Premières en 2011 puis par son « Requiemachine » en 2013 co-produit par Le Maillon, nous sommes réjouis en découvrant que Le Maillon avait programmé l « Hymn to love » de Marta Gornicka et nous l’attendions avec grande impatience.

Et ce fut, comme on le prévoyait un grand moment, un de ceux qui nous emmènent, nous transportent, nous plongent dans l’irrémédiable beauté d’un spectacle original, que l’on peut qualifier de « parfait » parce qu’il dit tout et porte avec justesse la critique de la réalité sociale et politique qui se vit actuellement aussi bien en Pologne que dans beaucoup de pays occidentaux en pleine crise d’identité.

Il le dit avec cette façon très particulière que Marta Gornicka a imaginée pour porter haut et fort les critiques qu’elle juge indispensables et qui doivent être communiquées au plus grand nombre. Son outil, est ce choeur, cet ensemble de plus de vingt personnes qui, à l’image de la société se compose de gens aux allures, aux âges très divers, de conditions différentes, parmi elles on y repère aussi bien un enfant qu’une trisomique. C’est un corps aux multiples visages dont la force, l’énergie nous galvanise par sa détermination à nous faire entendre, à travers des chants magnifiquement interprétés, ce message qui dit à la fois l’amour du pays et la catastrophe quand il devient nationalisme ardent, refus de l’histoire, dédouanement pour un passé douteux pour ces crimes de guerre qui ont eu lieu sur le sol de la Pologne.

C’est aussi un corps chorégraphié qui s’avance vers nous, martelant le sol se disloquant parfois avant de se reconstituer par petits groupes, défilant de façon martiale, portant sur le public des regards pénétrants.

Ainsi nous nous trouvons immanquablement impliqués et saluons l’habilité de la metteure en scène qui a su se servir pour écrire le texte de ce spectacle des chants traditionnels, patriotiques de son pays, montrer de manière enthousiasmante les dangers d’un nationalisme qui de fait jour chez eux et se fait galopant un peu partout, s’accompagnant de ce refus de s’ouvrir aux autres pour sauvegarder une « intégrité » dont on sait qu’elle conduit au repli sur soi, à la haine des étrangers voire aux exactions criminelles.
Merci à Marta Gornicka et à ce magnifique ensemble pour ce superbe et nécessaire avertissement.

Il est vraiment dommage qu’un incident technique ait conduit à annuler la seconde représentation au grand dam de ceux qui désiraient fortement voir ce spectacle.

Marie-Françoise Grislin avoir été bouleversés par son « Magnificat » lors du Festival Premières en 2011 puis par son « Requiemachine » en 2013 co-produit par Le Maillon, nous sommes réjouis en découvrant que Le Maillon avait programmé l « Hymn to love » de Marta Gornicka et nous l’attendions avec grande impatience.

Et ce fut, comme on le prévoyait un grand moment, un de ceux qui nous emmènent, nous transportent, nous plongent dans l’irrémédiable beauté d’un spectacle original, que l’on peut qualifier de « parfait » parce qu’il dit tout et porte avec justesse la critique de la réalité sociale et politique qui se vit actuellement aussi bien en Pologne que dans beaucoup de pays occidentaux en pleine crise d’identité.

Il le dit avec cette façon très particulière que Marta Gornicka a imaginée pour porter haut et fort les critiques qu’elle juge indispensables et qui doivent être communiquées au plus grand nombre. Son outil, est ce choeur, cet ensemble de plus de vingt personnes qui, à l’image de la société se compose de gens aux allures, aux âges très divers, de conditions différentes, parmi elles on y repère aussi bien un enfant qu’une trisomique. C’est un corps aux multiples visages dont la force, l’énergie nous galvanise par sa détermination à nous faire entendre, à travers des chants magnifiquement interprétés, ce message qui dit à la fois l’amour du pays et la catastrophe quand il devient nationalisme ardent, refus de l’histoire, dédouanement pour un passé douteux pour ces crimes de guerre qui ont eu lieu sur le sol de la Pologne.

C’est aussi un corps chorégraphié qui s’avance vers nous, martelant le sol se disloquant parfois avant de se reconstituer par petits groupes, défilant de façon martiale, portant sur le public des regards pénétrants.

Ainsi nous nous trouvons immanquablement impliqués et saluons l’habilité de la metteure en scène qui a su se servir pour écrire le texte de ce spectacle des chants traditionnels, patriotiques de son pays, montrer de manière enthousiasmante les dangers d’un nationalisme qui de fait jour chez eux et se fait galopant un peu partout, s’accompagnant de ce refus de s’ouvrir aux autres pour sauvegarder une « intégrité » dont on sait qu’elle conduit au repli sur soi, à la haine des étrangers voire aux exactions criminelles.

Merci à Marta Gornicka et à ce magnifique ensemble pour ce superbe et nécessaire avertissement.

Il est vraiment dommage qu’un incident technique ait conduit à annuler la seconde représentation au grand dam de ceux qui désiraient fortement voir ce spectacle.

Marie-Françoise Grislin

At the still point of the turning world

Au Centre Dramatique National, ce fut la création de Renaud
Herbin, son directeur qui ouvrit la saison avec une pièce étonnante dont le titre « At the still point of the turning world » est un vers du poète T.S Eliot et peut se traduire en français par :  » Au point de quiétude du monde qui tournoie ».

Repoussant un rideau de fils apparaît la marionnette réduite à son corps premier que nous avons déjà vue dans « Milieu », conduite par Renaud Herbin qui manipule délicatement les fils qui la mettent en mouvement, lui prête vie et la font avancer vers nous, la tête levée vers le ciel.

Quand ce solitaire s’esquive, c’est une foule qui surgit dans la lumière, une foule dense composée d’une multitude de petits sacs blancs suspendus à des fils. Cela nous intrigue et fait vagabonder notre imagination qui soudain se met à évoquer le pèlerinage à La Mecque! (dieu seul sait pourquoi !)

Que contiennent-ils ces petits sacs ? on apprend qu’ils sont 1600. Peut-être chacun cache-t-il une petite marionnette au repos, voire délaissée, abandonnée, comme celles vues par Renaud quand il visita les entrepôts du Théâtre de Ljubljana. Pressés les uns contre les autres, ils forment une sorte de tapis de picots. Leur immobilité, leur horizontalité ne durent que peu de temps car soudain a jailli en face d’eux un être humain bien en chair, la danseuse et chorégraphe Julie Noche qui entame une danse de relation, tordant son torse, étirant ses jambes, tendant vers eux ses bras. Bientôt, la foule se met à bouger, esquisse une respiration induite par la danseuse qui, elle aussi, gonfle son buste et semble capter le mouvement de la foule dans ses poumons. C’est alors que, côté jardin, Renaud Herbin et son complice, le marionnettiste, Aïtor Sanz Juanes sont à la manoeuvre tirant au sens propre et au sens figuré les ficelles de cet étonnant spectacle. La machine se met en route, soulevant le tapis, lui impulsant des vagues dans lesquelles plonge la danseuse qui disparaît, pour reparaître, écartant les petits sacs qui s’accrochent parfois à son costume.

Côté cour nous parviennent des sons sourds qui, peu à peu, s’amplifient provenant d’un dispositif instrumental manipulé par la compositrice Sir Alice. Elle accompagne les émergences de la danseuse d’un chant étrange venu des profondeurs de l’être.
Une fois le tapis soulevé, Julie Noche apparaît, rampant sur le sol, comme emprisonnée, menacée. Cependant Renaud est de retour avec la grande marionnette. Entre eux se déroule une sorte de ballet qui dit la rencontre, la compréhension l’entraide et cela passe par des regard, des portages, des enlacements affectueux.

Nous avons partagé avec tous les spectateurs l’envoûtement généré par ce croisement de la danse et de la marionnette à fils.

Marie-Françoise Grislin