A beautiful hart

La célèbre chanteuse californienne était en concert à
Baden-Baden

Il y a bientôt trente ans, Beth Hart sortait son premier album. Et à 51 ans, sa fougue est demeurée intacte comme en témoigne le concert magistral qu’elle donna à un public d’un Festspielhaus plus habitué aux symphonies et aux concertos classiques. Pour autant, les nombreuses têtes blanches furent aussi, dans leurs jeunes années, des fans de Led Zeppelin à qui Beth Hart rend un hommage appuyé et plein de fougue dans son dernier album. La chanteuse n’avait que huit ans lorsque le célèbre groupe londonien se sépara mais comme elle le rappelle : « c’est tellement bien fait, c’est intemporel. Cela durera toujours. Parfois, des gens viennent d’une autre planète et réalisent des œuvres d’art qui resteront à jamais. » Les fils inextricables du destin de la musique l’ont ainsi conduit inévitablement vers Led Zeppelin. D’ailleurs, lors de sa prestation phénoménale au Kennedy Center, il y a plus de dix ans, à l’occasion d’un hommage à Buddy Guy qui l’émerveilla, jeune, à San Francisco et dont elle interpréta, au Festspielhaus, son tribute I’d rather go blind, elle avait reçu une standing ovation de Robert Plant et Jimmy Paige.


Sur scène, Beth Hart ne fait jamais semblant. Dans la passion qu’elle transmet à ses spectateurs, faisant de ses concerts, des moments toujours uniques. Dans l’intensité de sa musique ancrée dans les racines du blues tout en s’en extrayant pour sublimer des moments de folk, de rock ou de jazz qui façonnent un style qui lui est propre et qui est, à chaque fois, convaincant. Dans les textes qu’elles délivrent où elle se met à nu devant un public qui le lui rend bien. Car les chansons de Beth Hart parlent souvent d’elle, de sa famille comme de sa sœur disparue trop tôt avec ce Sister Heroine émouvant et son mari (Mechanical heart) ou des démons qui la tourmentent (War in my mind). Dans un même élan se mêlent sueur et larmes et viennent ruisseler sur ce piano, sorte de prolongement de son être où lorsqu’elle s’y assoit, le monde semble s’arrêter. Sur le clavier siffle alors le serpent pour pourfendre la violence des hommes et rugit la lionne à la crinière virevoltante dans Fat man. Portée par une voix qui relève du don, Beth Hart n’est ainsi jamais autant exceptionnelle que lorsqu’elle s’assoit devant son piano. 

Accompagnée de son fidèle Jon Nichols et de sa Vintage, du bassiste Tom Lilly et de son incroyable batteur Bill Ransom qui l’avait déjà accompagné à la fin des années 90 avant de la rejoindre depuis 2012, Beth Hart a enchaîné les tubes : Bad Woman Blues et Sugar Shack dans une magnifique version acoustique. Elle n’hésite pas à troquer son piano pour enfiler une guitare et accompagner Nichols dans un duo particulièrement savoureux dans The Ugliest House of the Block.

En guise de rappel, Beth Hart et ses musiciens ont conclu en apothéose ce concert avec la reprise magistrale d’un Whole Lotta Love figurant désormais sur ses setlists en posant sa voix rauque sur les riffs et les distorsions d’un Jon Nichols qui fit oublier la version que donna Beth Hart avec Slash. La gamine de huit ans ressuscita de la plus belle des manières le mythe tout en construisant un plus le sien. Et les cheveux des spectateurs, s’ils sont restés blancs, n’en demeuraient pas moins dressés.

Par Laurent Pfaadt

Beth Hart sera en tournée en France à partir du mois de novembre : A Marseille (Espace culturel du Solo d’Arenc, 14/11), à Mérignac (Le Pin galant, 16/11), à Annecy (L’Arcadium, 30/11) avant deux dates à l’Olympia (2-3/12)

A écouter : 

A Tribute to Led Zeppelin, Wagram Music

Black Coffee (Mascot Provogue) avec Joe Bonamassa qui sera, lui, en concert au festival de Carcassonne (18 juillet) et à Jazz in Marciac (22 juillet)