L’Abomination de Dunwich

Il y a 95 ans, l’écrivain américain Howard Phillips Lovecraft publiait l’une de ses principales nouvelles, L’Abomination de Dunwich. D’une quarantaine de pages, son œuvre allait inspirer des écrivains et des artistes aussi divers que Stephen King, Joyce Carol Oates, Jorge Borges, Sam Raimi ou les créateurs de Batman et valoir au natif de Providence et créateur des mythes de Cthulhu et du Necronomicon, une légende et une gloire qui ne se sont pas taries depuis sa mort en 1937. 


Du Necronomicon, ce fameux livre écrit par un arabe fou, Abdul al-Hazred, et permettant d’invoquer des forces obscures, il en est question dans L’Abomination de Dunwich. L’un des habitants de cette petite ville du Massachussetts, un ouvrier agricole nommé Wilbur Whateley, fils d’une albinos simple d’esprit et élevé dans les récits démoniaques par son grand-père, se rend à l’université d’Arkham, l’une des villes de la mythologie lovecraftienne, pour y consulter le Necronomicon. Mais le professeur Armitage, gardien du lieu s’y oppose. Whateley décide alors d’entrer dans la bibliothèque, déclenchant la lutte entre le bien et le mal. 

L’importance de L’Abomination de Dunwich tient en ce qu’elle fut réellement la matrice du mythe du Necronomicon. Avec cette nouvelle édition et en complément de la beauté angoissante du texte, le lecteur est plongé dans cette ambiance de noirceur et de ténèbres très lovecraftienne grâce au magnifique travail d’illustration de François Baranger, déjà illustrateur de plusieurs textes de l’écrivain. Passant des teintes bleutées et glaciales aux orangées d’un feu comme sorti de l’enfer, il rend un hommage appuyé au maître de l’horreur tout en accentuant la dramaturgie des mots de ce dernier. Sous son crayon, le démon n’est jamais bien loin et les êtres deviennent des monstres. Cependant, il suggère et ne révèle jamais, restant ainsi fidèle à l’esprit du texte. Une belle réussite autant pour les fans que pour ceux qui voudraient se plonger dans l’univers lovecraftien sans avoir la certitude de pouvoir en sortir indemne. 

Par Laurent Pfaadt

Howard Phillips Lovecraft, L’Abomination de Dunwich,
illustré par François Baranger, Bragelonne, 64 p.

A lire également de H.P. Lovecraft : Les Montagnes hallucinées T1 et T2 et L’Appel de Ctulhu illustrés par François Baranger (Bragelonne)