Die Auseinandersetzung über die Versprechen Europas geht auch nach den EKT weiter.
Jazz & Literatur „Gehen oder die Kunst, ein wildes und poetisches Leben zu führen“ Foto: Badisches Staatstheater
Viele digitale Produktionen sind weiterhin im Internet unter www.europaeische-kulturtage.de abrufbar. Die Ausstellungen bleiben bis zum Ende ihrer Laufzeit aufgebaut und können, wenn Museen und Ausstellungshäuser wieder öffnen, vielleicht doch noch persönlich vor Ort besichtigt werden.
Bleibend ist auch das zu den EKT erschienene Europa-Lesebuch mit Statements, Essays und Interviews unter anderem von Ursula von der Leyen, Katarina Barley, Stephan Harbarth, Rebecca Saunders, Ilker çatak oder Fridays for Future. Das Buch kann unter www.europaeische-kulturtage.de als pdf heruntergeladen oder gedruckt unter ekt@kultur.karlsruhe.de bestellt werden.
Le 12 mars en conférence de presse (par Zoom), le directeur général du Festspielhaus de Baden-Baden, Benedikt Stampa, très entouré, a présenté l’épine dorsale des deux prochains Festivals de Pâques : l’opéra russe autour de Tchaïkovski et Pouchkine en étroite collaboration avec l’Orchestre Philharmonique de Berlin (représentés par Olaf Maninger, violoncelle solo) et son chef Kirill Petrenko.
L’édition 2021 – qui ne peut se tenir aux dates prévues en raison de la pandémie – sera rattrapée du 6 au 9 mai avec un programme réduit, celle de 2022 se déroulera l’an prochain du 9 au 18 avril.
Kirill Petrenko, chef principal de la phalange berlinoise depuis 2019, rappelait la commotion d’avoir dû suspendre Fidelio l’an passé. Ce printemps, il a fallu « déplacer Pâques en mai », pour préserver cette collaboration avec le Festival à laquelle il est très attaché et qui permet au Berliner de cultiver sa tradition d’orchestre de fosse. Il est très heureux d’offrir aux festivaliers Mazeppa, un opéra avec de beaux personnages et que Tchaïkovski a innervé de thèmes folkloriques. L’œuvre entrera au répertoire de l’orchestre et sera donné en version concertante avec une belle distribution vocale (dont Olga Peretyatko en Maria, Vladislav Sulimsky en Mazeppa). Le maestro dirigera aussi deux productions en 2022, toujours de Tchaïkovski : « La dame de pique » dans une nouvelle mise en scène de Moshe Leiser et Patrice Caurier et « Yolantha » en version de concert.
Anna Netrebko
Également programmés au printemps 2022, les trois plus célèbres ballets de Stravinsky interprétés par les Berliner et trois prestigieuses sopranos : Asmik Grigorian, Anna Netrebko et Sonya Yoncheva.
Dans l’immédiat, durant la semaine de Pâques 2021 (du 1er au 5 avril), le Festspielhaus Baden-Baden poursuivra son HausFestspiel en streaming gratuit et en direct avec des membres du Berliner Philharmoniker. Le dimanche de Pâques (4/04) à 17 heures, l’orchestre au grand complet dirigé par Kirill Petrenko s’invitera sur Arte avec des œuvres de Tchaïkovsky et Rachmaninov.
Les prochains jours, un « concert expérimental » des Berliner rôdera les protocoles pour valider un accueil sûr et serein du public comme des musiciens. Cela permettra de préciser la jauge de mai et d’ouvrir la billetterie (préventes seulement à partir du 9 avril pour le Festival 2021, mais dès le 18 mars 2021 pour l’édition 2022).
Toutes ces informations sont évidemment données avec les réserves d’usage en ces temps chahutés. Pour les mélomanes, le mieux est de vérifier le détail de la programmation sur le site du Festspielhaus.
Stabat Mater « divin poème de la douleur » selon Bellini
Karen Barbaux, soprano finaliste du Concours Voix Nouvelles et membre du Choeur
Le Musée Unterlinden accueillera un concert Le Stabat Mater « divin poème de la douleur » selon Bellini du Chœur de Chambre de Colmar-Alsace enregistré le 14 mars dans la Chapelle du Musée et diffusé le 2 avril sur les réseaux sociaux. En ces temps de fermeture des établissements culturels, ce concert au Musée, permet à deux acteurs culturels d’imaginer une collaboration inédite et fructueuse : le Musée Unterlinden, d’une part avec sa collection et notamment son chef d’œuvre le Retable et le Chœur de Chambre de Colmar, d’autre part, l’ensemble professionnel international parrainé par Mireille Delunsch, l’une des artistes lyriques les plus importantes de notre région.
Être audacieux » Musique & peinture Pantxika de Paepe, directrice du musée a sélectionné plusieurs œuvres représentatives issues des collections du musée, en lien avec la thématique du Stabat Mater en couvrant toutes les périodes stylistiques et allant, ouvertement, jusqu’à l’art contemporain. En introduction au concert, la directrice éclairera ainsi la thématique même du Stabat permettant au public de mieux comprendre comment l’œuvre de Scarlatti s’intègre pleinement dans un contexte socio-historico-artistique.
Cyril Pallaud, directeur musical du Choeur de Chambre de Colmar-Alsace
« Notre souhait pour la diffusion de ce concert était de s’entourer d’un média régional de qualité, fortement implanté et spécialisé en musique classique : Accent 4. Afin de correspondre parfaitement au lieu et au format, le programme du concert annulé a été adapté – nous confie Lucie Guati, administratrice de l’ensemble. La Crucifixion de Mathias Grünewald et le jour du Vendredi saint sont des « figures obligées » qui orientent nécessairement notre programmation vers des œuvres musicales sacrées écrites sur ce sujet. Le choix d’un Stabat Mater, ce « divin poème de la douleur » selon Bellini . qui n’est autre que le fil rouge de la saison 2020/2021 du Chœur de Chambre de Colmar s’est imposé comme une évidence. »
feat. Adrian Mears Mi 10.02. | 20:00 Uhr | Live-Stream über #infreiburgzuhause.de
Für den Klangformator im Februar kommt der gebürtige Australier Adrian Maers ins E-WERK. Adrian Maers lebt schon länger im Dreiländereck, von wo aus er sowohl regional, als auch mit den Weltstars des Jazz arbeitet. Neben seiner Tätigkeit als Posaunist (er ist auf über 62 Veröffentlichungen zu hören!) ist er seit 20 Jahren Dozent am Jazzcampus Basel.
Der Posaunist, Komponist und Didgeridoo-Spieler, Jahrgang 1969, landete nach einer Zwischenstation in München bei Lörrach an der Schweizer Grenze, wo er heute lebt. Bereits in Australien wurde er zum besten australischen Posaunisten gewählt und für seine Kompositionen ausgezeichnet. Mit seinem dortigen Jazz Quintet „Free Spirits“ gewann er die Auszeichnung „Beste australische Band“. Nach einem Studienaufenthalt in New York, wo er bei Conrad Herwig, Steve Turre, Robin Eubanks und Slide Hampton Unterricht nahm, übersiedelte er endgültig nach Europa. Schnell fand er Anschluss und entwickelte sich zu einer starken Stimme der deutschen und europäischen Jazzszene.
La fermeture des salles de spectacles depuis le dernier automne entrave bien évidemment le déroulement de la saison 2020-21 de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg. Si la plupart des concerts ont bien lieu, c’est néanmoins dans une salle privée de son public, avec des musiciens pour la plupart masqués jouant des programmes parfois modifiés du fait du nombre restreint de pupitres autorisés sur scène. Dans cette ambiance sciencefictionnelle, les concerts sont enregistrés en vue d’une diffusion radiophonique (Radio Classique, Accent 4) ou télévisuelle (Arte). J’ai toutefois eu le bonheur d’être physiquement présent durant certaines séances d’enregistrement.
Le soir du 28 janvier, l’orchestre enregistrait les seconde, quatrième et sixième parties d’un des chefs d’œuvre de la musique occidentale, LeChant de la terre de Gustav Mahler. Dans ce moment planétaire qui est aujourd’hui le nôtre, l’écoute de l’immense lied final Der Abschied revêt une dimension toute particulière, d’autant que l’interprétation offerte ce soir-là ne mérite que des éloges tant pour la prestation vocale de la jeune mezzo Marianne Crebassa(déjà remarquée il y a trois ans lors de l’enregistrement des Troyens) que pour la direction orchestrale du chef Stanislav Kochanovsky, originaire de Saint Petersbourg et dont les concerts publiques avec l’Orchestre de Paris en octobre dernier ont eux aussi été très remarqués. A Strasbourg, circonstance sanitaire oblige, on a renoncé au grand orchestre mahlérien et opté pour la très habile version pour tout petit orchestre (une quinzaine d’instruments !) écrite par Arnold Schoenberg. Il n’empêche : même ainsi, la puissance dramatique de cette grande œuvre est telle qu’elle s’avère inébranlable, surtout quand elle est si bien interprétée et si bien jouée par l’ensemble des musiciens sur scène. Que ce soit dans Der Einsame im Herbst (Le solitaire en automne), dans Von der Schönheit (De la beauté) ou dans Der Abschied (L’adieu), le grand style mahlérien que le chef insuffle à l’orchestre et la voix marmoréenne de la soliste rayonnent dans cette musique inspirée par la poésie chinoise de l’époque Tang, disant le caractère éphémère de l’existence en contraste avec l’inaltérable beauté du monde. Dans une prodigieuse déclamation finale, sur des paroles de Mahler lui- même, ‘’la terre adorée, partout, fleurit au printemps et reverdit : partout toujours, l’horizon bleu luira ! Éternellement… Éternellement’’, un Éternellement (ewig) repris sept fois pianissimo au son du célesta.
Enregistrés lors d’une autre séance (où je n’étais pas), les premier, troisième et cinquième mouvements chantés par le ténor Andreas Schager furent, m’a-t-on rapporté, d’un niveau comparable. S’il en est bien ainsi, cette grande symphonie pour voix solistes et orchestre aura vraiment resplendi à Strasbourg ; car, déjà, en 2012, elle avait excellé sous la baguette de Marko Letonja, lequel achève aujourd’hui son mandat de directeur de l’orchestre dans des circonstances que ni lui, ni personne n’avait pu imaginer.
Adam Laloum portrait
Cette année musicale 2021 commençait par un concert joué et enregistré d’un seul tenant, le vendredi soir 15 janvier, avec la participation du jeune mais déjà très connu pianiste Adam Laloum. La suite de Pulcinellade Stravinski précédait le second concerto pour piano de Brahms. Plus encore que ses autres œuvres concertantes, celui-ci est une vraie symphonie pour piano et orchestre, doté qui plus est de non pas trois mais de quatre mouvements. Le jeu de l’orchestre y revêt une importance égale à celui du pianiste. A l’instar de toutes les grandes œuvres, ce concerto autorise des approches très variées, ce dont témoigne la masse de documents discographiques laissée par les plus grands pianistes. On peut notamment l’aborder dans un climat automnal et assagi, celui de la dernière musique de chambre de Brahms. Mais on peut aussi souligner ce qu’il possède de fébrile et de conflictuel. C’est en tout cas cette option vitaliste qu’aura retenu Adam Laloum, pour sa prestation strasbourgeoise du moins, car il m’a confié avoir déjà abordé l’œuvre dans d’autres perspectives. Toujours est-il que sous ses doigts ce choix est soutenu avec vaillance. On apprécie tout particulièrement sa capacité à faire entendre, jusque dans les passages les plus virtuoses et les moments les plus risqués, l’évidence du chant au sein même de la texture harmonique. L’ardeur des tempi n’empêche nullement le mouvement lent de déployer toute sa gravité.
Tant de qualités pianistiques auraient vraiment mérité un soutien orchestral plus inspiré. Le chef anglais Duncan Ward, consciencieux mais flegmatique, aura d’abord fait entendre un Stravinsky terne et pauvre en couleurs, dépourvu de tout espèce d’humour. Dans Brahms, tout paraît un peu enlisé alors même que l’effectif restreint (pour raison sanitaire) pouvait laisser espérer un jeu instrumental acéré. Dans le sublime début, le dialogue cor-piano manque vraiment d’aura et de mystère. Cela ne s’arrange guère avec le premier tutti d’orchestre, pâteux et prosaïque, augurant mal de la suite. Seul le troisième mouvement adagio, au demeurant répété trois fois, parvint pour finir à un dialogue piano-orchestre satisfaisant.
Riccardo Chailly et
l’Orchestre de Paris ont
célébré Beethoven et sa
neuvième symphonie
On n’a jamais entendu autant
d’hymnes à la joie à Paris
qu’en ce début d’année 2020.
La faute non pas à la crise des
valeurs européennes qui se
répand sur le continent mais
plutôt au début des festivités
du 450e anniversaire de la
naissance du génie de Bonn.
Hasard du calendrier, le concert de l’orchestre de Paris sous la
direction de Riccardo Chailly se tenait le soir même de l’entrée en
vigueur du Brexit. Un spectateur, galvanisé par l’émotion du
concert, lança même, au moment de quitter la salle, un vibrant «
No Brexit ! » comme un dernier appel à nos amis britanniques.
L’émotion avait été au préalable portée à son paroxysme par
l’excellence musicale déployée que n’aurait certainement pas
contesté un Wilhelm Furtwängler même si l’inoubliable interprète
de Beethoven aurait certainement eu quelques remarques à
formuler à son lointain disciple. Car ici, la force de la neuvième
symphonie ne résidait pas tant dans cette puissance orchestrale
et cette dimension épique que sublima le chef allemand jusqu’à la
rendre légendaire. Non, ici, pas d’emphase mais une force
tellurique tenant essentiellement au sens inné de l’harmonie que
le chef, Riccardo Chailly, l’une des meilleures baguettes du monde,
passé par le Concertgebouw d’Amsterdam et la Scala de Milan, a
su instiller à l’orchestre, entourant ainsi son interprétation d’une
magie qui opère à chaque fois.
Cela donna une symphonie vivante, pleine d’énergie et d’une
plasticité sonore assez incroyable que des vents très inspirés et
des percussions en verve ont modelé notamment dans le très
beau troisième mouvement. Un quatuor vocal de choix en
particulier la contralto Gerhild Romberger et le ténor Steve
Devislim, habitués à ces prises de rôle, accompagné d’un chœur de
l’Orchestre de Paris toujours aussi impérial, ont transformé le
final en apothéose. Tous pleuraient de joie, oubliant presque que,
de l’autre côté de la Manche, quelques-uns pleuraient pour
d’autres raisons.
Par Laurent Pfaadt
Programme de l’Orchestre de Paris à retrouver sur www.orchestredeparis.com
Christophe
Rousset est
claveciniste et le
chef fondateur des
Talens lyriques. Sa
formation est
aujourd’hui l’une des meilleures
interprètes de musique baroque, collectionne les récompenses
(victoire de la musique classique, nomination aux Grammy
awards) et ses disques sont régulièrement distingués par la
critique. A l’occasion de l’enregistrement du Tarare d’Antonio
Salieri chez Aparté, Christophe Rousset revient sur ce
compositeur quelque peu oublié.
Après les Danaïdes et les Horaces, vous enregistrez Tarare
d’Antonio Salieri. Qu’est-ce qui vous attire chez ce compositeur ?
Son étiquette de « mal-aimé » de l’histoire de la musique. Salieri
était acclamé partout en Europe et bénéficiait d’une réputation
bien plus importante que celle de Mozart. Cherchons l’erreur!
Comment qualifierez-vous ses opéras français ?
Ils s’inscrivent dans la tradition de Gluck qui lui obtient la
commande des Danaïdes. Il s’inspire sans imiter et va plus loin dans
ses architectures, dans ses audaces, ses couleurs orchestrales bien
plus « viennoises ». Et l’avantage quand Salieri écrit en français
c’est qu’on n’ira pas le comparer à Mozart car ce dernier n’a pas
écrit d’opéra en français. Quelle chance pour Salieri ! Ainsi, son
génie propre peut s’exprimer sans que nous le fassions passer sous
d’injustes fourches caudines.
N’est-il pas un compositeur malaimé qui a eu la « malchance »
d’être né à la même époque que Mozart et éclipsé par
ce dernier ?
Exactement. À part que dans ses opéras en français, Salieri
préfigure clairement une veine romantique et héroïque qui ouvre
vers le XIXe.
Peut-on parler d’influences réciproques entre les deux hommes ?
Car Tarare composé quelques années après les Noces de Figaro et l’Enlèvement au sérail rappelle fortement ces opéras ?
Sûrement. Cependant, on trouve un peu l’exotisme de l’Enlèvement
au sérail dans Tarare mais au fond peu de Mozart. En revanche on
trouve beaucoup de Salieri dans Mozart comme la Grotta di
Trofonio dans Don Giovanni et La Cifra dans Così fan tutte.
Votre approche de Salieri est-elle différente de celle que vous
adoptez avec Lully ou Haendel par exemple ?
Évidemment parce que les esthétiques sont si différents.
Cependant la référence à Lully est toujours pertinente quand on
parle de « tragédie lyrique ». J’avoue beaucoup aimer
personnellement les terrains vierges comme Salieri. Les traditions
d’interprétation de Mozart sont très encombrantes pour un chef
comme moi ! Difficile d’obtenir des Nozze ou un Cosi comme je les
rêve dans mon imaginaire: les chanteurs ont trop d’idées précises,
puisées chez leurs professeurs, chez d’autres chefs ou metteurs en
scène. C’est très contraignant … et ça n’existe heureusement pas
avec Salieri!
On retrouve sur cet opéra quelques chanteurs habitués des
Talens lyriques mais surtout une petite nouvelle : Karine
Deshayes
Karine était Vénus sur un enregistrement que j’ai fait d’une
tragédie d’Henri Desmarets, Vénus et Adonis (1697). Je l’ai connue
toute jeune et lui ai proposé ses premiers récitals en France et à
l’étranger, avant qu’elle ne chante sur les scènes les plus
prestigieuses. C’est un plaisir pour moi de la retrouver après un
autre inédit Uthal de Méhul réalisé il y a deux ans. J’ai juste
regretté que le rôle d’Aspasie dans Tarare soit si court!
La diva béninoise a
enflammé la scène
du festival de jazz
Un concert
d’Angélique Kidjo
est toujours un
moment unique.
Les spectateurs du
festival de Marciac,
l’un des hauts lieux
du jazz en France, ont, une nouvelle fois, pu s’en rendre compte. La
diva africaine revenait dans le Gers avec son nouvel album, Célia,
hommage à Célia Cruz, l’impératrice cubaine de la salsa. Mais il y
avait plus que cela. De toute façon, avec Angélique Kidjo,
ambassadrice d’Amnesty International, il y a toujours plus que de
la musique.
Débuté avec Baila Yemaya, le concert d’Angélique Kidjo a bien
entendu été l’occasion d’interpréter ses derniers titres. De Cucala
et ses « Azucar ! » (sucre) que lançait la reine de la salsa
surnommée « Café com leche » à Quimbara qu’Angélique Kidjo
chanta avec Célia Cruz à Paris dans les années 70, l’atmosphère
s’est très vite chargée de rythmes caribéens. Mais ce concert a
également été l’occasion pour les fans de l’artiste et pour ceux
moins au fait de sa discographie de redécouvrir ou de découvrir
des morceaux plus anciens comme Once in a lifetime (Remain in
light, 2018) ou le virevoltant Toumba (Black Ivory Soul, 2002) tirés
d’univers explorés précédemment. Invitant très vite un public qui
n’attendait que cela, à se joindre à cette musique devenue une
fête, Angélique Kidjo a alors fait ce qu’elle sait faire de mieux :
jeter des ponts entre les musiques et entre les hommes (et les
femmes ne manquerait-elle pas d’ajouter !). Passant aisément de
la salsa au funk ou de la soul à la world music, elle rappela avec sa
musique, véhiculée par les sonorités envoûtantes de son
percussionniste Magatte, venu tout droit du Sénégal, et
symbolisée par Sahara, que l’océan musical séparant l’Afrique de
l’Amérique est aisément franchissable comme l’ont fait les
esclaves du Pérou dans Toro mata et la rumba congolaise.
Ce concert constitua ainsi une nouvelle occasion de se rendre
compte en une heure et demie et en condensé qu’à travers tous
ses albums, Angélique Kidjo personnifie à elle seule la diaspora
musicale de l’Afrique. Là, l’Ethiopie. Ici l’afro-beat de New York. Et
puis le Bénin, omniprésent. Célia n’est au fond qu’une étape
supplémentaire dans ce qu’il convient d’appeler l’œuvre musicale
d’une vie. Et au détour de cette immense communion qui laissa à
chacun un souvenir inoubliable, comme chez cette dizaine de
spectateurs devenus, le temps d’une soirée, des danseurs africains
improvisés, perça quelques moments de grâce notamment ces
accords de la guitare de Dominic James, compagnon de longue
date de la diva, qui rappelèrent ceux du grand Farka Touré.
Comme pour dire que la musique ne meurt jamais.
Si la vie s’apparente souvent à un carnaval, celui qui se répandit
sur la scène du festival de jazz de Marciac se para de couleurs
musicales bigarrées. El les costumes musicaux que la diva revêtit
s’apparentèrent plus à des legs qu’à des hommages : ceux de Célia
Cruz, de Nina Simone, de Miriam Makeba et de toutes celles qui,
dans toutes les chaumières de l’Afrique et du monde et en toute
humilité, font chaque jour de la musique, un hymne à la liberté.
Une reine parmi les reines en somme.
Par Laurent Pfaadt
Pour aller plus loin :
Angélique Kidjo, Celia, Decca records
Retrouvez toute l’actualité de Jazz in Marciac sur www.jazzinmarciac.com
En 2018, une
nouvelle équipe a
pris en charge la
gestion du Colmar
Jazz Festival. Un
nouveau format et
une programmation ambitieuse qui invitent de grands noms sur la
scène musicale colmarienne.
Désormais Colmar et son Festival de Jazz font le buzz avec une
programmation forte et les liens tissés avec d’autres grands
festivals en France, mais aussi au Luxembourg. Colmar devient
« the place to be » pour les artistes, les programmateurs, les curieux
et même, l’équipe en est convaincue, ceux qui n’ont pas l’oreille
« Jazz ».
Soirée inaugurale, le vendredi 13 septembre à la Salle Europe
(gratuite sur réservation). En 1re partie, M’Scheï avec Matthieu
Scheidecker, un groupe de musiciens aguerris et accros à la scène
qui aiment les espaces susceptibles d’accueillir leur musique
originale et audacieuse. Cette première soirée du festival invite
d’emblée un grand nom du Jazz, avec le Bluesman, Big Daddy
Wilson, chanteur américain de « blues rural engagé » et auteur-
compositeur.
Le 20 septembre sur la grande scène du Parc des expositions, ils
sont quatre pour relever le challenge du mariage entre musique
urbaine et jazz, Weare 4 : Sly Johnson, André Ceccarelli, Laurent
de Wilde, Fifi Chayeb. En 1re partie, le gagnant du Tremplin de
l’édition 2018, Obradovic Tixier Duo.
Le lendemain, samedi 21 septembre, toujours au Parc des
expositions, l’incontournable Thomas Dutronc & Les esprits
manouches. En 1re partie, Foehn Trio, qui vous emmènera dans un
voyage musical empli d’émotions et de complicité.
Avec l’ambition de séduire de nouveaux publics, le Festival va à sa
rencontre : jusqu’au Tanzmatten à Sélestat, mardi 17 septembre
avec Sylvain Luc & Stéphane Belmondo.
De même, la collaboration est plus étroite avec le OFF au Grillen
qui, depuis plus de 15 ans, propose de nombreuses découvertes
avec ses concerts gratuits : jazz innovant, musiques improvisées,
etc.
Le message est clair : du Jazz pour tous et partout dans la ville !
Déambulation, Apéros Jazz, Ciné concert, Master Class,
Expositions, partenariat avec des scolaires… Alors surtout ne rien
s’interdire, de toute façon, l’interdit provoque le désir !
Pendant longtemps,
Léopold Mozart
accepta de vivre dans
l’ombre du génie de
son fils. Il mit entre
parenthèses son
talent de
compositeur qui fut
réel comme en
témoigne cette Missa
Solemnis si bien que,
pendant longtemps,
on attribua cette œuvre à un éclair de
génie de son jeune fils.
Avec cet enregistrement succédant à celui, unique, de 1982, Léopold
Mozart apparaît non plus comme le père de Wolfgang mais bel et
bien comme le premier des Mozart. Si cette Missa Solemnis s’inscrit
encore dans la musique de son temps dominée par Bach, sa beauté
n’en est pas moins grande. Et à l’écoute de ce disque, il y a
indubitablement un « son » Mozart porté brillamment par
l’orchestre philharmonique de chambre de Bavière, originaire
comme Léopold, d’Augsbourg, qui maintient à merveille les
équilibres sonores avec les chanteurs, et surtout plante les graines
de la future grande messe en ut mineur du fils. A découvrir donc de
toute urgence.
Par Laurent Pfaadt
Missa Solemnis, Bayerische Kammerphilharmonie,
Alessandro de Marchi, Aparté
Chez BR Klassik