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Mad in Finland

Présentée par Le Maillon et Les Migrateurs  c’est une sacrée bande de filles qui nous fait découvrir la Finlande avec un coup d’oeil appuyé et décalé  sur le folklore de leur pays en s’appuyant sur de belles performances circassiennes.

Le premier clin d’oeil se déroule à l’extérieur, comme une confrontation avec la réalité lointaine de ce pays et consiste à nous faire écouter le discours de bienvenue tenue par trois comédiennes juchées sur une maisonnette  indiquant qu’il s’agit d’un sauna, on sait quelle importance a ce genre de lieu dans la vie des Finlandais.

Après ce petit quart d’heure d’ambiance nordique parfaitement adapté au temps hivernal qui règne justement à Strasbourg en ce mois de décembre nous sommes invités à pénétrer et à nous installer

au chaud dans la salle du spectacle envahie par un public nombreux et très vite conquis par les premiers numéros. Reconnaissons que là encore La Finlande se dévoile à travers les regroupements des protagonistes autour d’un « feu » pendant qu’elles entonnent a capella les chants  de leur pays. Nous levons bien vite les yeux  sur un magnifique numéro de trapèze volant admirant la puissance et la légèreté de la jeune femme qui exécute à la perfection des figures pleines de grâce et de précision.

Et pourquoi pas un numéro de clowns? Il s’effectuera sur un registre original bien que le thème en reste classique. Ne s’agit-il pas en effet d’un personnage manifestement porté sur l’alcool qui manifeste le plaisir de boire à la bouteille jusqu’à en perdre l’équilibre, c’est drôle mais attendu, ce qui l’est moins c’est qu’une partenaire  surgit et que toutes deux vont entamer un duo surprenant. Tandis que l’une divague de plus en plus éméchée, l’autre entame avec une détermination sans faille son entraînement de sportive, multiplie les assouplissements, les respirations contrôlées jusqu’au moment où découvrant  cette personne en état d’ébriété avancée elle l’installe gentiment sous la chaise pour qu’elle dorme et la laisse en toute tranquillité effectuer  son numéro de jonglage où elle fait montre d’une belle dextérité puisque  à demi couchée sur la chaise elle envoie et réceptionne les grosses balles blanches qu’elle a tirées de son sac à dos.

Les numéros s’enchaînent avec toujours autant  d’énergie et d’humour nous offrant la beauté fulgurante de celui-ci au tissu, d’une infinie grâce et poésie, comme le sera plus tard celui où l’on verra évoluer la fildeferriste pendant que sous elle, sur le plateau ses compagnes entament une danse de salon avec des partenaires recrutés dans l’assistance!

Les sept circassiennes sont aussi des musiciennes qui n’hésitent pas à se mettre à l’orchestre et à nous proposer des rythmes bien soutenus.

Leur imagination débordante les ont conduites à inventer des numéros très amusants, toujours dans l’esprit finlandais, comme ce jeu de palais avec des téléphones portables dont la durée de vie semble plus que compromise! Sans oublier cette traversée du plateau où elles sont toutes réunies sur une longue paire de skis! Enfin, pour sacrifier une dernière fois au folklore qui justifie le titre de leur spectacle « Mad in Finland », elles se transforment en fendeuses de bûches, admirables de dextérité et d’ énergie.

Un spectacle chaleureux, réjouissant et talentueux, un vrai voyage au pays des rennes!

Marie-Françoise Grislin

Je n’ai pas peur

Celui qui prononce cette affirmation courageuse qui sert de titre au
spectacle est un petit bonhomme de 9 ans qui habite au sud de
l’Italie dans une famille modeste.le père est camionneur, ses
absences sont longues, son retour une fête.

Michele et sa petite soeur Barbara jouent avec les enfants du village
dont certains sont autoritaires mais Michele arrive à se défendre.

Sur le castelet, une simple planche suspendue par des chaînes les
marionnettes s’activent sous les mains expertes des trois
marionnettistes qui leur prêtent vie et voix. D’emblée nous sommes
partie prenante de cette histoire à épisodes au cours de laquelle
Michele en s’aventurant dans le sous-sol d’une maison abandonnée
découvre…un fantôme..un mort-vivant ou plutôt, il finit par le
comprendre, un enfant séquestré.

Il va tout faire pour l’aider et se démène joliment  pour lui rendre
visite  malgré les frissons qu’l en a de cette rencontre insolite.

Surtout il se met en tête de découvrir  le mobile de cet enlèvement.

Plein de ruse et de détermination, il finira par deviner qu’il y a là-
dessous une sale affaire à laquelle malheureusement son père se
trouve mêlé, tenu par un soi-disant ami qui impose sa présence et sa
loi à la maison.

Mais ce qui compte dans ce spectacle c’est l’étonnante capacité
qu’ont les marionnettes et les comédiens à nous faire entrer dans
cette histoire contée à la manière des films italiens des années 70.
Nous passons sans y prêter vraiment attention des marionnettes
aux acteurs car ils sont alternativement ou simultanément porteurs
du jeu. Nous suivons les péripéties qui nous alertent sur les risques
courus par Michele, petit bonhomme déterminé, curieux, audacieux
qui s’active de la belle manière pour la cause  juste à ses yeux.

Tenu en haleine par le rythme soutenu des différentes scènes et par
la qualité du jeu des protagonistes de la Cie Tro-Heol, le public
petits et grands confondus a chaleureusement applaudi ce
magnifique récit initiatique adapté du roman de Niccolo Ammanti
aux Editions Grasset.

Marie-Françoise Grislin

TJP Strasbourg – Centre Dramatique National d’Alsace

Majestic time

Leur entrée en scène est pleine d’énergie. Ils sont jeunes et beaux et
leur présence nous est comme la promesse d’un moment jouissif.

Nous ne serons pas déçus par leur prestation qui va remporter
l’adhésion enthousiaste d’un public jeune et attentif. C’est qu’il s’agit
d’une chorégraphie qui lui correspond, pleine d’authenticité, de
créativité, qui organise les rencontres de chacun avec tous. Parfois
elles se font en duo, mais le groupe l’emporte en général.

Ils sont dix  lancés dans une course éperdue autour du plateau avant
qu’ils ne s’arrêtent face à nous pour nous proposer des figures très
organisées, toujours dans un parfait ensemble, qu’ils battent des
bras ou se jettent sur le sol pour de virtuoses prestations inspirées
du hip hop.

La gestuelle est rapide, soignée, rythmée, soutenue par un florilège
d’extraits musicaux.

Parfois une voix off fait résonner des mots qui insèrent ce spectacle
dans une réflexion qui dénonce l’injustice, évoque la condition de la
femme, parle de la France et de ses multiples racines.

L’engagement est ainsi fortement présent dans cette création de
Majid Yahyaoui, un chorégraphe qui n’oublie pas ses débuts du côté
de l’Elsau mais qui a su faire son chemin en allant ailleurs pour
parfaire ses connaissances et ses pratiques.

La Cie MJD, riche des talents de ses jeunes interprètes offre un
travail éclatant de vie et de générosité.

Pole Sud, Strasbourg

Marie-Françoise Grislin