Noir sur Blanc

Conçue et mise en scène par Heiner Goebbels,  c’est une œuvre originale mais pas récente puisqu’il l’a  créée en 1996  en s’ inspirant d’un texte  d’Edgar Allan Poe « Shadow » que lui avait conseillé Heiner Muller où il est question  d’un groupe de survivants qui résiste à la peste qui sévit au dehors grâce à une solide porte d’airain. Mais les choses se compliquent, d’abord désorganisés, il faudra être ensemble pour faire face. Il s’agit donc d’une parabole sur la nécessité du collectif.


Après une entrée dispersée, les musiciens s’installent, dos tourné au public sur les rangées de bancs alignées sur le plateau. Bientôt, certains dressent une grande plaque métallique, à côté de la grosse caisse et voilà que d’autres se mettent à y envoyer des balles de tennis ce qui déclenchent de bien sonores tambourinages. Alors tous se mettent à jouer avec conviction. Les dix-huit musiciens de l’Ensemble Modern n’en sont pas à leur coup d’essai puisqu’ils ont été là dès sa création. Pendant que les musiciens sans se départir de leurs instruments vont et viennent, escaladant parfois les bancs, s’éclipsant, pour revenir sans autre forme de procès, un lecteur redira à plusieurs reprises ces mots extraits de « L’ombre » de Poe : « Vous qui me lisez, vous êtes encore parmi les vivants mais moi qui écris je serai depuis  longtemps parti pour la région des ombres ». Après divers moments où chacun semble poursuivre son projet, tous se retrouveront pour aller jusqu’à jouer en fanfare.

La musique est bel et bien théâtralisée, les musiciens n’hésitant pas à participer à la mise en place de certains éléments du décor.

Le spectacle est plein de surprises et nous laisse parfois interloqués mais on s’abandonne au plaisir de voir et d’entendre des interprètes aussi créatifs, autant comédiens que musiciens.

Marie-Françoise Grislin 

Musica 23 septembre au Maillon