« La Pologne est l’un des grands pays européens en matière de culture »

Rencontre avec Cornelia Much

Cornelia Much est la directrice artistique du festival Beethoven de Varsovie. Pour Hebdoscope, elle revient sur cette manifestation incontournable en matière de musique classique.


Comment est né ce festival Beethoven ?

Ce festival a été créé il y a vingt-six ans, à Cracovie, lorsque cette dernière fut capitale européenne de la culture. Puis, à l’invitation de Lech Kaczyński qui était alors maire de Varsovie, nous avons déplacé le festival dans la capitale qui disposait d’un rayonnement important. Ainsi, nous avons, avec Madame Penderecka et son équipe, conçu ce festival autour de trois piliers : les concerts bien évidemment mais également une exposition de manuscrits originaux à Cracovie et un symposium autour d’une thématique particulière qui regroupe des spécialistes venus de plusieurs pays.

Votre festival effectue également le trait d’union avec la musique contemporaine polonaise à travers quelques grands compositeurs, Penderecki bien évidemment mais également Lutoslawski ou Szymanowski.

Oui, bien évidemment, nous souhaitons promouvoir la musique classique polonaise mais également des artistes, des compositeurs et des solistes polonais auprès de notre public international. La Pologne est l’un des grands pays européens en matière de culture. Donc il est important pour nous de mettre en avant ce patrimoine musical à travers l’ensemble du répertoire avec Chopin, Szymanowski mais également des compositeurs baroques peu connus.

D’ailleurs, le festival n’hésite pas à programmer des compositeurs moins connus du public

Vous avez raison et c’est l’une des missions que le festival s’est assigné. D’ailleurs, nous couplons cela en général avec un enregistrement. Pour les opéras, nous essayons d’avoir un casting polonais et nous avons développé tout au long de ces années, un partenariat de longue date avec l’Orchestre Philharmonique de Poznan.

Et le rayonnement du festival dépasse les frontières de Varsovie…

Tout à fait, il s’étend à l’ensemble du territoire polonais. Ainsi, nous organisons pour les jeunes artistes comme par exemple cette année avec Juan Perez Floristan, des tournées dans plusieurs villes comme à Lodz ou Lublin afin qu’ils multiplient les concerts. Cette dimension est fondamentale pour Elzbieta Penderecka. Nous développons des liens internationaux forts entre de jeunes talents et de grands maîtres.

Parlez-nous également de ces manuscrits que vous exposez…

Oui, cela renvoie à l’histoire de la musique mais également à l’histoire de la Pologne puisqu’un certain nombre de manuscrits sont arrivés en Pologne pendant la Seconde guerre mondiale, notamment à la librairie Jagellon pour être conservés. Après la guerre, ils sont restés ici, en Pologne. Grâce à Madame Penderecka, chaque année, nous exposons au public des manuscrits liés à la thématique abordée par le festival. Cette année, nous avons ainsi montré les 7e symphonies de Beethoven et de Penderecki ou le manuscrit intégral des Noces de Figaro de Mozart. Quand vous voyez les esquisses de quatuors de Beethoven qui sont complètement raturés ou, à l’inverse, ceux parfaitement vierges d’Haydn, on ne peut qu’être ému car non seulement on touche à la création originelle mais on entre également dans la psychologie du créateur. C’est absolument fascinant. A travers toutes ces dimensions qui sont complémentaires, le festival est ainsi riche en émotions.

Quelques mots sur la prochaine édition ?

Elle réservera de nouvelles émotions à nos spectateurs. Car avec « Beethoven entre Est et Ouest » pour thème principal, je vous laisse un peu imaginer l’horizon musical qui s’offre à nous !

Par Laurent Pfaadt