Wide Open Light, Moludor
C’est l’album d’un retour aux sources. Celui d’une musique acoustique qui a fait sa renommée, il y a bientôt trente ans, une musique devenue presque minimaliste débarrassée de ses oripeaux superflus. Mais également celui d’un concentré d’émotions tiré de cette voix folk chevrotante à nulle autre pareille et chantant si bien l’amour.
Le 18e album du chanteur californien, sorte d’album de photos collectées durant toutes ces années, avance ainsi sur les routes de l’amour, de sa déception à sa gloire en passant par son attraction dans un songwriting assumé et brillant. Yard sale (« vide-greniers »), premier single dévoilé et interprété avec son ami Jack Johnson, donne ainsi la mesure de cette atmosphère. Pareil à un vide-greniers, il y a dans l’amour des choses dont on voudrait se débarrasser, des choses que l’on oublie, des vieilleries à jeter mais également des merveilles cachées qui ne demandent qu’à être révélées. Sa guitare, inimitable, résonne magnifiquement dans ce Giving Ghosts enregistré en live et brille comme une lumière bienveillante dans cette douce nuit musicale. Dans Thank You Pat Brayer, c’est un au revoir instrumental et non un adieu que Ben Harper nous délivre.
Son duo avec Shelby Lynne dans 8 minutes constitue certainement l’un des plus beaux moments de l’album. Même si Ben Harper prévient dans un Trying Not To Fall In Love With You aux accents presque bréliens : « and the nights seems so long, and the days, how they linger in, on and on » (« et les nuits semblent si longues, et les jours, comme ils s’attardent, encore et encore »), il sera difficile de résister à ce nouveau disque. Alors, ne résistons pas.
Par Laurent Pfaadt
Ben Harper présentera son nouvel album au festival Jazz in Marciac, le 28 juillet 2023 pour un concert qui s’annonce une fois de plus extraordinaire.