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Les légendes des Champs Elysées

AshkenazyAshkenazy et Zimmerman se partageaient l’affiche d’un concert consacré à Beethoven et à Mendelssohn.

Difficile de faire mieux : l’un des plus grands chefs de la planète dirigeant l’un des plus beaux orchestres, accompagné de l’un des violonistes les plus talentueux et demandés lors d’un programme qui comptait Beethoven et Mendelssohn. Tant de génies réunis dans la même salle – et quelle salle ! – et c’est la garantie du succès et d’une soirée qui restera dans tous les esprits.

On attendait Christoph von Dohnanyi, l’un des derniers grands monstres sacrés de la direction d’orchestre. Mais le chef de 85 ans, souffrant, a dû être remplacé au pied levé par Vladimir Ashkenazy. Il faut dire que le chef russe n’arrive pas en terrain inconnu puisqu’il connaît bien cette phalange britannique fondée par Walter Legge pour avoir gravé sur le disque de nombreux témoignages sonores d’exception.

Et dès les premières mesures, on perçoit immédiatement la complicité qui existe depuis tant d’années entre le chef et « son » orchestre comme il fut celui de Klemperer pendant de si nombreuses années. Le génial interprète de Rachmaninov s’est emparé avec assurance d’un Beethoven dès l’interprétation de l’ouverture Léonore III, parfaitement maîtrisée au demeurant.

Le chef a ensuite retrouvé le célèbre violoniste allemand Frank-Peter Zimmermann pour l’interprétation du concerto pour violon de Mendelssohn. Dans cette oeuvre devenue incontournable du répertoire, Zimmermann, l’un des chefs de file de la nouvelle école allemande avec Isabelle Faust et Christian Tetzlaff a abordé en « européen » cette oeuvre si emblématique du romantisme allemand c’est à dire avec cette élégance raffinée qui caractérise son jeu. Dès les premières mesures et le motif sublime qui ouvre ce concerto, on perçoit rapidement toute la sensibilité du soliste.

Puis vint enfin le « tube » de la soirée, la cinquième de Beethoven, si difficile à mettre en route lors du célébrissime premier mouvement. Avec ses tempi bien équilibrés, Askhenazy laisse respirer l’orchestre et lui permet de prendre son envol, de donner sa pleine mesure sans le brider mais tout en l’accompagnant, en canalisant son extraordinaire énergie. Il s’en dégage alors une forme de majesté, de noblesse surtout dans ce dernier mouvement Allegro qui transforme l’œuvre et la soirée en une apothéose que l’on n’est pas prêt d’oublier.

Par Laurent Pfaadt
Edition hebdoscope 1012, novembre 2014