Le retour du samouraï

A l’occasion d’une nouvelle adaptation télévisuelle, le roman Shogun reparaît

Il avait fini par être oublié de tous, des éditeurs comme du grand public. Un livre appartenant au passé des grandes épopées historiques, dormant sur des étagères poussiéreuses ou bradés dans les vide-greniers. Et voilà qu’une plateforme, Disney +, le ressuscite pour lui donner une nouvelle jeunesse. Les éditions Callidor qui se sont spécialisées dans les réanimations de morts…littéraires de renom (Abraham Merritt, Robert W. Chambers) republient ainsi fort à propos ce roman près d’un demi-siècle après sa sortie. Seuls les lecteurs les plus âgés s’en souviennent mais Shogun fut un immense best-seller et cela bien avant l’engouement des mangas. Son retour sur Disney + et dans les librairies devraient immanquablement séduire de nouveaux lecteurs passés par Star Wars qui a  emprunté de nombreux éléments aux samouraïs pour façonner leurs célèbres Jedi.


Shogun est l’œuvre de James Clavell, un scénariste de quelques films des années 1960 à commencer par La Grande évasion sortie en 1963 avec Steve McQueen. Clavell produisit également la première adaptation de son roman en septembre 1980 avec un Richard Chamberlain en John Blackthorne et qui connut un grand succès télévisuel. Désormais, il faudra compter avec le chanteur et acteur britannique Cosmo Jarvis, entraperçu dans la série Peaky Blinders et qui jouera bientôt dans le prochain film de Barry Levinson, Alto Knights qui revient sur la rivalité entre Vito Genovese et Franck Costello.

L’action de Shogun se déroule en 1600. Le Japon est alors gouverné par de puissants seigneurs, les daimyo, et leurs armées de samouraïs dominées par la figure de Toranaga, personnage inspiré du shogun Tokugawa Ieyasu, l’un des unificateurs du Japon. A cette époque, le pays est fermé à toute influence étrangère qu’elle réprime sans pitié notamment ces prêtres, ces jésuites qui tentent d’évangéliser le Japon comme l’a admirablement montré Martin Scorsese dans son film Silence (2016). Arrive alors un marin britannique, le capitaine de l’Erasmus, John Blackthorne, rescapé du naufrage de son navire et qui est capturé avec ses compagnons d’infortune par des samouraïs locaux. Blackthorne va bientôt croiser la route de Toranaga avec qui il liera son destin en devenant Anjin-san. Backthorme s’inspire lui aussi d’un personnage historique ayant existé : William Adams, navigateur anglais devenu samouraï au début du XVIIe siècle.

Tout est ainsi réuni pour faire de ce roman un nouveau succès de librairie : aventures palpitantes et gigantesque bataille épique qui n’est pas sans rappeler celle de Sekigahara considérée comme la plus grande bataille de samouraïs de l’histoire. Et au milieu de tout cela, une femme mystérieuse.  Ce roman que l’on qualifie déjà de « nouveau Game of Thrones » réjouira sans aucun doute les amateurs de roman historique qui y laisseront quelques nuits blanches. La reconstitution opérée par James Clavell est parfaite et crédibilise parfaitement le récit. Il a donc fallu un astucieux coup de sabre de Disney + pour débarasser le roman de son injuste poussière et lui redonner une seconde vie. Cette nouvelle adaptation devrait certainement faire des émules et il ne serait pas impossible de voir dans un proche avenir d’autres grandes fresques historiques, notamment celles de Gary Jennings prendre vie sur nos écrans. Mais pour l’heure, place aux samouraïs !

Par Laurent Pfaadt

James Clavell, Shogun, coll. épopée, traduit de l’anglais par Robert Fouques Duparc, Ivan Berton, Luc Lavayssière et Thierry Fraysse
Aux éditions Callidor, 656 p.
(tome 2 à paraître le 19 avril 2024)