Archives de catégorie : Scène

Les serpents

Texte de Marie NDiaye,mise en scène Jacques  Vincey

C’est devant une maison plantée, nous dit-on, au milieu des champs de maïs, dont la façade est ici représentée par un mur d’enceintes  (scénographie Mathieu Lorry-Dupuy) que se tient Madame Diss, exigeant de pouvoir entrer dans la maison pour réclamer de l’argent à son fils. Vêtue de son tailleur gris très strict, tenant serré contre elle son sac à main, elle a  l’allure d’une femme peu avenante. Ce que confirment les propos désobligeants qu’elle tient à l’épouse de son fils, France, venue lui expliquer qu’elle ne pourra entrer dans la maison , son fils s’y opposant fermement. Elle insiste, se disant acculée financièrement et ne cesse de reprocher à la jeune femme sa tenue négligée alors que celle- ci, se croyant prise en considération, elle, venue de rien, prétend-elle, se prend d’ un élan de reconnaissance et va jusqu’à lui proposer de l’ appeler « maman ». La mégère ne l’entend pas de cette oreille et la repousse durement. Le ton est donné.

C’est avec l’arrivée de la première épouse, Nancy, élégante dans sa tenue en cuir (costumes Olga Karpinsky), venue réclamer la vérité sur la mort de leur fils Jacky, que la cruauté de la mère et du fils va éclater.

L’insistance dont Nancy fait preuve pour savoir ce qui a conduit Jacky à la mort oblige Madame Diss à faire des révélations qu’elle livre au compte-goutte, monnayant chacune par l’exigence d’être payée. Elle extorque ainsi, argent liquide et chèques à  cette mère épouvantée d’apprendre qu’après son départ de la maison, l’enfant a été sans cesse battu, torturé, enfin enfermé dans une cage avec des serpents qui ont eu raison de sa vie.

La figure du monstre se dessine clairement alors que Madame Diss justifie ces abominations, prétendant même que père et fils y trouvaient leur compte, et culpabilisant Nancy, l’accusant d’avoir déserté le foyer et d’avoir ainsi déclenché ces actes vengeurs. Nous assistons à un face à face accablant entrecoupé par les demandes réitérées de rentrer dans la maison et de voir le fils. L’interdit est maintenu à grands cris par France de plus en plus terrifiée qui explique que le père prépare leurs deux enfants pour le feu d’artifice du 14 juillet, les maintenant assis immobiles sur des chaises et qu’il les dévorerait, elle comprise, si elles pénétraient dans la maison.

L’image de l’ogre est donc bien en place. On ne  le voit jamais apparaître mais on entend parfois ses grognements terrifiants, ses borborygmes, ses mugissements qui traversent les murs (son Alexandre Meyer et Frédéric Minière).

Sommes- nous dans l’univers du conte ou dans le fait divers sordide? Le fait est que notre imagination travaille et nourrit un sentiment d’angoisse et de révolte devant l’inacceptable.

Il faut pour aborder cet univers cruel de solides interprètes.

 Jacques Vincey a fait appel à Hélène Alexandridis qui campe avec conviction, d’abord une Madame Diss  redoutable de cynisme, sans scrupule, méprisante, attirée par les apparences , revendiquant une sexualité débridée, droite dans ses bottes puis qui nous la montre, dans la scène finale, échevelée, les habits en désordre, venant implorer le secours de la jeune femme, qu’entre temps, elle a jetée dans les bras de ses vieux amants.

Les deux épouses font figure d’héroïnes, Benedicte Cerruti  est une  Nancy plutôt femme forte, n’hésitant pas à échanger ses habits avec ceux de la nouvelle épouse pour aller affronter celui dont elle sait qu’il a tué leur fils de façon monstrueuse.

Tiphaine Raffier donne l’image d’une jeune femme naïve, soumise qui se débat pour survivre.

Le récit bouleversant de la fabrication des monstres et de leur pouvoir de nuisance.

Par Marie -Françoise Grislin

représentation du 27 avril au TNS, jusqu’au 5 mai   

Julie de Lespinasse

Mise en scène Christine Letailleur

Christine Letailleur, metteure en scène associée au TNS, passionnée du 18ème siècle (nous n’avons pas oublié sa très belle et pertinente mise en scène des « Liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos en 2015) crée au TNS une pièce inspirée de la biographie de Julie de Lespinasse de Pierre de Ségur et de ses lettres au colonel Guibert. Elle en présente une adaptation tout à fait sensible et bouleversante.

C’est que l’histoire de Julie de Lespinasse est en tout point remarquable. Née, bâtarde, dans une famille de la noblesse lyonnaise, elle devient, après le décès de sa mère, gouvernante des enfants de sa soeur et découvre que le mari de celle-ci fut l’amant de sa mère et donc son propre père. Cette terrible révélation la pousserait à entrer au couvent si ce n’est qu’alors, sa tante Madame du Deffand, la soeur de son père, la prend comme dame de compagnie et l’emmène à Paris.

Una autre vie commence pour elle avec, en particulier, la fréquentation des « Salons » où se retrouvent les « intellectuels » de l’époque, entre autres, Montesquieu, Voltaire, Marivaux, d’Alembert… Elle apprend beaucoup, son esprit, sa finesse séduisent. Elle finit par ouvrir son propre salon suivie par nombre de ces « messieurs » dont d’Alembert très amoureux d’elle.

C’est ainsi que la petite Julie, vouée à rester dans l’ombre devient cette femme éclairée qui échange sur un pied d’égalité avec  ceux qui, comme Condorcet, s’élèvent contre l’esclavage, l’obscurantisme et prônent l’égalité homme-femme.

Ce parcours  extraordinaire pour une femme de cette époque (nous sommes dans les années 1760-1770) nous est restitué au courant du spectacle par une voix off, moyen habile de donner à ce personnage toute son épaisseur et son authenticité. (voix off Alain Fromager)

Ce que  nous donne la scène c’est  ce grand moment de la vie amoureuse de Julie lorsqu’en 1774, elle fait la rencontre du colonel Guibert, en tombe follement amoureuse et se retire du monde. Elle a quarante ans, lui dix de moins. Il est beau, séduisant, intelligent. Il est la coqueluche des salons parisiens et plaît dans toute l’Europe car il écrit des traités innovants sur l’art de la guerre. Il est volage aussi, très souvent absent, alors Julie lui écrit.

Nous la voyons assise à son petit pupitre, griffonnant de sa plume, des mots qui expriment l’attente douloureuse de sa venue, l’impatience de recevoir des lettres, parfois les reproches d’une aussi longue absence puis des remords d’avoir osé lui en faire part. Elle va et vient dans ce huis clos qui l’emprisonne, observe derrière les vitres de la fenêtre son improbable arrivée.

Nous entendons cet amour qui fait vivre mais qui tue à petits feux à travers ces instants de bonheur, ces moments douloureux de fièvre anxieuse, les trahisons, les jalousies, les doutes, les espoirs qu’il suscite. Entre offenses et pardon, c’est un cheminement de soi à l’autre, de soi à soi pour le meilleur et pour le pire. Un jeu d’introspection dont témoigne ses lettres pleines de réflexions pertinentes concernant sa situation de femme qui se sent délaissée, qui est délaissée. Eclairs de lucidité, suivis de l’espoir fou d’un renouveau de cet amour qui la dévore.

Un remords la hante aussi, celui de cet amour qu’elle a connu juste avant de rencontrer Guibert, celui pour le marquis de Mora qui l’a sincèrement aimé et qui est mort de tuberculose pendant le voyage qu’il effectuait pour la revoir. De façon très habile Christine Letailleur le fait apparaître,  traversant le plateau d’un pas léger tel un spectre ou passant furtivement comme une ombre derrière la vitre de la fenêtre.

Les deux personnages se croisent sans jamais se rencontrer. Mora est interprété par le comédien Manuel Garcie-Kilian avec la componction qui sied à cette âme malheureuse.     

Apprenant l’éventuel mariage du colonel Guibert, Julie lui écrit encore pour le dissuader, pour lui démontrer que le mariage est une entrave à la liberté, (belle idée pour l’époque). Mais apprenant qu’il aura bel et bien lieu, elle sombre dans la folie, ingurgite des pilules d’opium, délire, se consume, croit entendre les cloches du mariage et s’imagine poursuivie par des nuées d’oiseaux. Une vidéo bien conduite par Stéphane Pougnand nous rend compte de ce moment d’hallucination. Enfin, ses souffrances la conduisent à la mort.

Ainsi, cette jeune femme émancipée, finit-elle par mourir d’amour comme bien d’autres femmes qui, comme elle, ont aimé, se sont données totalement à leur passion alors qu’elles étaient souvent trahies, abandonnées, pendant que l’homme, parcourant le monde, s’adonnait à ses plaisirs, allait et repartait comme un enfant gâté, sûr d’être pardonné et toujours aimé.

La belle Julie, la tendre Julie, dans sa superbe longue robe de satin, créée par Elisabeth Kinderstuth et réalisée par les ateliers du TNS, est magnifiquement, délicatement interprétée par Judith  Henry qui sait montrer avec justesse le désarroi, le chagrin, parfois la colère et le désespoir qui habitent cette amoureuse qui ne cesse de réécrire à la fin de ses lettres  » mon ami, je vous aime », ce leitmotiv épistolaire étant soutenu à maintes reprises par l’air envoûtant de l’opéra de Gluck « J’ai perdu mon Eurydice, rien n’égale mon malheur » ( son Emmanuel Léonard). La comédienne fait de Julie cet être exceptionnel dont la sincérité crée en nous une véritable empathie.

Une scénographie, signée Emmanuel Clolus et Christine Letailleur, très dépouillée, laisse toute la place au jeu de l’interprète, particulièrement soutenu par des jeux de lumière travaillés avec finesse et pertinence comme ces bougies portées sous les visages pour en souligner les expressions, cette semi-obscurité qui marque la nostalgie, rend plus lourde la solitude (Grégoire de Lafond).

Julie de Lespinasse se comparaît, dit-on à Phèdre. Cette mise en scène  et cette interprétation lui donnent incontestablement  sa dimension d’héroïne racinienne particulièrement émouvante.

Par Marie-Françoise Grislin

Représentation  du 25 avril

jusqu’au 5 mai au TNS

L’oiseau-Lignes

De Chloé Moglia et Marielle Chatain

Cie Rhizome

Le titre est aussi poétique que l’engagement du spectacle qui nous mène à la rencontre de deux jeunes femmes aux talents différents mais bien complémentaires, l’une, Chloé Moglia est une performeuse circassienne, l’autre, Marielle Chatain, une musicienne, compositrice. Une étroite collaboration s’opère entre elles et qui s’exprime notoirement dans la première partie du spectacle consacrée au dessin figuratif.

C’est d’abord sur la face avant d’un gros cube placé à l’avant du plateau que Chloé dessine à la craie,  en quelques traits rapides, un visage et un corps, un personnage qui nous regarde de tous ses yeux. Toujours avec empressement, elle se précipite vers l’immense tableau d’ardoise qui occupe le plateau dans toute sa largeur pour y tracer des traits, comme des signes qu’elle fera se rejoindre en une ligne continue sur laquelle elle dessine de naïfs bonshommes qui dansent. Cet épisode à la fois poétique et quelque peu elliptique est accompagné  par les sons du piano électrique et les effets électro-acoustiques que lance avec constance et efficacité Marielle Chatain depuis sa console de jeu qu’elle déplace parfois pour se rapprocher de sa partenaire, n’hésitant pas à la rejoindre  pour agrémenter, à sa manière,  les productions de celle-ci. Ne faut-il pas ajouter quelques oiseaux à ceux qui volent déjà sur la ligne ?

Quand elles en viennent à tout effacer à grands  coups d’éponge et que le tableau se scinde en deux parties, on pressent qu’on va rencontrer une autre forme d’expression. Ainsi en est-il  lorsque Chloé se saisit d’un des pans du tableau et se met à le faire tourner en le poussant de toutes ses forces avant de l’escalader pour en parcourir l’arête en fine équilibriste puis de s’en servir pour atteindre la ligne  de tubes métalliques qui brille au-dessus de la scène et nous intrigue depuis le début de la représentation conception et réalisation (Eric Noël et Silvain Ohl).

Commence alors une nouvelle exploration. Tout en suspension, elle suit la ligne, s’y installe, se propulse, s’y agrippant, une main après l’autre, à bout de bras et ne se laissant pas démonter quand, à plusieurs reprises, un des tubes de la chaîne vient à se détacher, la laissant exposée à l’absence de support. Sans sourciller, elle poursuit sa périlleuse aventure qui la conduit à nous faire la démonstration de ses talents de trapéziste en effectuant des figures de retournement et d’équilibre virtuose où l’apesanteur semble la règle et donne à ses gestes une légèreté qui nous rappelle  ces images de cosmonautes évoluant dans l’espace pour réparer la station spatiale ou se déplaçant en apesanteur dans leur cabine. Elle procède par mouvements lents et sûrs, s’arrêtant parfois comme l’oiseau sur la branche qui semble attendre avant de reprendre son vol, mû par quelque nécessité qui nous échappe.

Une remarquable performance qu’accompagne, manifestant attention et compréhension, Marielle Chatain, sa partenaire musicienne avec une création sonore, minimaliste, répétitive, indispensable.

Marie-Françoise Grislin

Bajazet, en considérant Le Théâtre et la peste

d’après Jean Racine et  Antonin Artaud

présentée par le TNS  avec le Maillon

Nous retrouvons  avec ce spectacle le metteur en scène Frank Castorf qui dirigea  La Volksbühne de 1992 à 2017, connu pour son théâtre sans concession.

Dans cette nouvelle réalisation il confronte le texte de Racine à celui d’Antonin Artaud, y introduisant même des citations de Fiodor Dostoïevski et Blaise Pascal.

C’est un théâtre d’une extrême violence à l’instar de ce qui se trame à Byzance,  dans le sérail où règne sans partage la sultane Roxane à qui le sultan, Amurat, parti  conquérir Bagdad a donné tous les pouvoirs dont celui d’éliminer son propre frère Bajazet. Mais le grand vizir, Acomat, déconsidéré par le sultan ourdit un complot. Il s’est arrangé pour que Roxane rencontre Bajazet et en tombe amoureuse. Elle lui promet la vie s’il consent à  l’épouser. Ainsi prendrait-il le pouvoir, évincerait son frère et rétablirait le vizir dans ses hautes fonctions. Mais Bajazet qui aime en secret  Atalide dont il est aimé, se montre peu enclin à céder aux propositions de Roxane qui cherche à deviner les raisons de ses réticences et demande à Atalide de l’aider à sonder son coeur. Rien n’est donc acquis et la vie de Bajazet reste suspendue aux tractations que cela engendre, Atalide essayant de persuader Bajazet de feindre cet amour nécessaire à sa survie. Il s’y emploie maladroitement. Roxane découvre sa perfidie , humiliée elle le fait exécuter.  Tandis qu’on apprend  que le sultan a fait assassiner Roxane, Atalide , culpabilisée, désespérée se donne la mort. Le vizir dont le complot a échoué prend la mer et s’enfuit, laissant derrière lui ce carnage.

Le vécu sur scène est d’une intensité telle que parfois on est heurté au sens propre du terme,  bousculé.  Tous les registres de la voix sont explorés, du silence, au chuchotement, aux cris, aux hurlements.

Les corps sont porteurs de l’histoire, ils sont jetés en pâture, dénudés, revêtus de costumes somptueux, parfois presque misérables ou simplement ordinaires, selon, les moments et les personnages. Conçus par Adriana Braga Peretzki, ils sont suspendus à jardin à la disposition des comédiens . Ainsi, Roxane, superbement interprétée par Jeanne Balibar, apparaît-elle, le corps moulé dans un costume de cuir noir, plus tard en tenue légère, soutien-gorge et culotte étincelants de paillettes ou bien encore en somptueuse robe orientale richement brodée quand bien souvent elle  restera nue. La princesse, Atalide, Claire Sermonne se vêtira aussi de beaux atours, tandis que, Acomat, le vizir, Mounir Margoum et Osmin son confident, Adama Diop, choisiront divers costumes contemporains, parfois excentiques en ce qui concerne le vizir. Quant à Bajazet, Jean-Damien Barbin, après son apparition, le visage masqué et le corps drapé dans un lourd tissu noir on le verra à moitié dénudé, misérable comme un prince déchu, une sorte de roi Lear.

Tout est extrêmement étudié et pertinent, en particulier cette scénographie, signée Aleksandar Denic, qui permet aux comédiens d’évoluer entre d’un côté, une tente qui fait penser à une burka où se concentre  la vie intime de la sultane et qui abrite , au milieu des coussins, des tapis des tentures colorées, ses crises de désespoir, de doute et de l’autre, la maquette géante, représentant la tête et le buste du sultan. Avec ses yeux clignotants et son enseigne « Babylon- Bagdad 0-24 » elle a l’aspect d’une boîte de nuit. A l’intérieur c’est l’espace-cuisine, le vizir et Osmin y boivent des coups , Roxane viendra y préparer un pot au feu! La distanciation s’inscrit ici dans la trivialité des activités  qu’on y pratique.

Tout ce qui se passe là nous est transmis sur un écran ,filmé par l’habile vidéaste Andreas Deinert et son perchman Glenn Zao qui captent et nous renvoient en gros plans  les corps qui se tordent, les visages crispés, paralysés  d’effroi, les regards fixes, mouillés parfois adoucis, les corps à corps, les accolades, les rejets, les embrassades, les attouchements, les baisers, les clins d’oeil complices avec le public, tout ce qui en dit long sans dire.

Entre ces lieux clos, l’espace où se montrer dans sa superbe mais aussi dans sa bestialité, s’évaluer, se sauver en courant comme le fait si bien Atalide  poursuivie par ses tourments  et qui apparaît, essoufflée, décoiffée et que le vidéaste devra suivre jusqu’à l’extérieur du théâtre où son angoisse l’a conduite.

Sur le plateau encore cette grande cage en fer , lieu d’enfermement pour ceux que le sort destine à la mort, Bajazet, Atalide y seront tour à tour cruellement amenés.

Cette pièce  met en jeu de manière radicale la souffrance, le calcul, la suspicion, le chantage, l’intérêt, le sacrifice, la tentation, le renoncement, l’abandon, la dérobade, le sursaut, la feinte, la diplomatie, le désespoir, la cruauté, tout ce qui fait que l’on assiste à une pièce de Racine , tout ce qui montre qu’en y introduisant des extraits de l’oeuvre d’Artaud, on touche à l’indicible, à la folie, à l’humain plus qu’humain qui sait si bien détruire ce qu’il prétend aimer.

Frank Castorf et ses comédiens sont si impliqués dans leur jeu qu’ils ne se refusent rien : Jeanne Balibar a ce talent formidable de se montrer tour à tour impérieuse, séductrice, désemparée, enfant gâtée et femme fatale, Claire Sermonne celui de mettre en évidence par une agitation extrême son total désarroi, Jean-Damien Barbin s’adonne sans retenue à la déchéance alors que Mounir Margoum nous amuse par ses fantaisies et sa roublardise. Et si parfois ils donnent dans l’excès c’est que le propos s’y prête, il est organique, politique, nécessairement  radical.

Marie-Françoise Grislin

représentation du 6 avril au Maillon

La seconde surprise de l’amour

De Marivaux

Mise en scène Alain Françon

Après la superbe mise en scène des « Frères Karamazov », le TNS
nous offre encore un grand texte et une très belle représentation 
avec la possibilité attendue par nombre de spectateurs de
retrouver un « classique ».

La pièce écrite en 1727  nous conte l’histoire quelque peu
aventureuse des amours de La Marquise et du Chevalier.

C’est dans un espace scénique épuré et pertinent composé d’un
jardin intérieur avec bassin au centre, présentant de part et d’autre
deux escaliers, l’un côté cour qui mène dans la maison, l’autre, côté
jardin vers l’extérieur, avec au fond un magnifique tableau où
buissonne une nature sauvage, signé Jacques Gabel, c’est là que se
recueille La Marquise, élégante Georgia Scaliett, en longue robe
noire aux prises avec le chagrin d’avoir perdu un mari qu’elle aimait.
Ses soupirs et sa langueur se heurtent à l’énergie de Lisette, sa
suivante (Suzanne De Baecque épatante) débordant de vivacité et
bien décidée avec sa verve et ses commentaires à l’emporte-pièce à
ne pas laisser sa maîtresse se complaire dans la mélancolie.

C’est alors  qu’une visite inattendue s’annonce, celle du Chevalier
(Pierre-François Garel) qui veut quitter la ville, suite au désespoir
dans lequel le plonge l’impossibilité d’épouser Angélique, la jeune
fille qu’il aimait.

D’un coeur brisé à l’autre, une grande compréhension se fait jour. La
compassion  exprimée par La Marquise à l’égard du Chevalier le
touche au point qu’il renonce à partir. S’ensuit, en tout bien tout
honneur, une promesse d’indéfectible amitié.

De leur côté Lubin (Thomas Blanchard), le valet de Chevalier et
Lisette éprouvent, l’un pour l’autre,  une attirance certaine qui ne
pourra aboutir que si leurs maîtres respectifs restent ensemble. Ils
vont s’y employer.

Mais Lisette qui veut redonner envie de vivre à La Marquise
embrouille les relations en faisant croire que cette dernière  ne
repousse pas les avances du Comte (Alexandre Ruby) et que cela
pourrait aboutir à un heureux mariage.  Mis au courant, Le Chevalier
retombe dans le désespoir, ayant compris qu’il était épris de la
Marquise. Celle-ci,  très perturbée par cette annonce d’éventuel
mariage avec le Comte finit par avouer son amour au Chevalier venu
lui faire ses adieux .

Le soir même, maîtres et valets pourront contracter leur mariage.     

La mise en scène d’Alain Françon sait mettre en évidence ce qui fait
le sel de cette pièce, la finesse des répliques,  la richesse de la langue,
son élégance et sa capacité à analyser subtilement les situations, à
rechercher en soi ce que l’on éprouve par rapport à ce que l’on s’est promis de ressentir et dire comment une promesse d’amitié se
transforme à son corps et son esprit défendant en amour, comment
le sentiment l’emporte sur la raison incarnée par le pédant
bibliothécaire Hortensius (Rodolphe Congé) et comment l’amour de
la vie brise les relents de chagrin et de mort.

Par Marie-Françoise Grislin

Les promesses de l’incertitude

De Marc Oosterhoff

Cie Moost

Le déséquilibre étant la chose la moins souhaitée du monde, la voir
représentée, mise en vedette  ne peut que nous interroger, nous
surprendre, voire nous amuser. C’est en effet ce que qu’a produit
sur nous cette mise en scène d’un spectacle conçu et interprété par
Marc Oosterhoff  lors de cette soirée au Kulturburo à Offenburg 
organisée par Le Maillon.

Circassien et danseur, Marc Oosterhoff s’adonne à un jeu
d’équilibre-déséquilibre savamment étudié et maîtrisé qu’il nous
offre comme des aventures à vivre avec risques et périls. Il évolue
sur un plateau encombré de boîtes en carton qui s’écroulent
bruyamment et inopinément et sous les multiples petits sacs de
sable suspendus dans les cintres qui opèrent à leur tour des chutes
inattendues, potentiellement dangereuses. Déambuler dans ce
monde d’objets instables oblige l’artiste à des contorsions pour
éviter les obstacles, le voilà au bord de la chute mais il arrive
toujours à se rattraper de la belle manière, esquissant une
chorégraphie virtuose. Parfois il joue la maladresse et tourne vers le
public un visage crispé, accompagné de regards angoissés dont nous
ne sommes pas dupes et qui font plutôt rire l’assistance.

Il se doit, parfois, de faire face à l’inattendu qui joue à se renouveler,
à l’instar de ces peaux de banane qu’il jette et qui réapparaisse
comme par magie pour le défier.

A un autre moment, il s’impose un superbe exercice d’équilibre en
lestant une planche avec des sacs de sable dont il est le contrepoids
avant que tout finisse par s’écrouler et qu’il se retrouve accroché
dans les cintres et obligé de les parcourir avec les précautions
d’usage jusqu’à cette descente apparemment improvisée le long
d’un pilier extérieur au plateau. Et là, le public retient son souffle et
admire la performance du circassien.

Plus tard, il poussera l’audace jusqu’à nous faire croire qu’il va
mettre le feu au plateau en manipulant un flacon d’alcool et des
allumettes.

Au cours de  toutes ses propositions il avait, un formidable
partenaire de jeu, en la personne de Marcin de Morsier, présent sur
scène qui intervenait  pour l’accompagner avec sa guitare électrique.

Avec son incontestable sens du burlesque Marc Oosterhoff nous a
offert un spectacle ludique et lumineux.

Marie-Françoise Grislin

représentation du 4 mars

Mauvaise

De debbie tucker green

mise en scène Sébastien Derrey

L’inceste est le non-dit qui détruit toute relation familiale car si
chacun soupçonne, devine ou sait il s’installe dans  un déni qui
instaure le silence. Quand sa réalité vient à se faire jour, cela
déclenche des rejets de culpabilité des uns vis à vis des autres.

Cette pièce écrite par l’autrice noire debbie tucker green (qui ne
veut pas de majuscules à son nom), traduite par Gisèle Joly, Sophie
Magnaud, Sarah Vermande, est tout à la fois violente, pesante mais
comme habitée aussi par le repli sur soi qui fait apparaître un
contraste total entre la colère exprimée par les uns et le calme
apparent affiché par les autres.

Explosion et retenue se partagent le jeu des comédiens dans ce huis
clos qui met en contact, le père, la mère , la fille aînée, la cadette, la
benjamine et le frère. Il n’ont pour tout accessoire qu’une chaise où
s’asseoir (scénographie Olivier Brichet). Le père (Jean-René
Lemoine), installé sur la sienne n’en bougera pas et restera au centre,
tranquille et quasiment muet. N’est-il pas le sujet principal de cette
sombre affaire ?

La mère, (Nicole Dogué) occupe la sienne sans la quitter non plus,
manifestant par les mouvements de son corps la douleur que les
accusations de sa fille, « la mauvaise », (Lorry Hardel) fait peser sur
elle. Car, c’est elle, l’aînée, revenue au foyer qui exige la vérité et que
chacun dise ce qu’il a compris, ce qu’il a ressenti de ce qui lui est
arrivé à elle. Elle est l’accusatrice et éructe un flot de paroles,
répétées, hurlées, comme une litanie. Elle va, piétinant le sol,
vitupérant « chienne, chienne » à l’encontre de sa mère. Le ton monte
et la parole meurtrissante envahit l’espace.

Cette entrée en matière est extrêmement impressionnante,
glaçante.

La soeur cadette, (Bénédicte Mbemba), sans lui répondre vraiment,
bredouillera à son tour une sorte de défense, faisant entendre
qu’elle a su, avouant qu’elle s’est contenté de prier pour que sa soeur
ne tombe pas enceinte. Cet aveu détourné étant achevé, elle ira
prendre place sur une chaise et y demeurera, témoin de cet autre
situation bientôt révélée quand le frère, (Josué Ndofusu Mbemba) 
fera comprendre sans que cela soit dit explicitement que, lui aussi, a
été victime du père.

Le mot « inceste » n’est jamais prononcé mais il pèse de toute son
horreur sur les silences et les demi-mots qui émaillent ces prises de
parole, interrompues, suspendues par ces silences hautement
significatifs et ces coupures de lumière qui laissent planer le
suspense (lumière Christian Dubet).

Les regards croisent ceux du père, de la mère puis se dispersent vers
le public.

Rien ne semble acquis de cette vérité que Fille veut faire apparaître
en criant son besoin de reconnaissance alors que Père et Mère 
restent quasiment muets. Lui  ne dira que « Pas obligé » et au final « fait le mauvais choix ».

La complicité de la mère ne peut être totalement masquée comme
en témoigne sa souffrance. En filigrane des mots laisseront
entendre  qu’elle a offert fille et fils à son mari pour ne pas avoir
besoin  de satisfaire ses désirs sexuels.

Alors que la réalité  s’impose peu à peu, un autre discours vient à son
encontre, tenu avec la même impétuosité que celui de l’aînée, celui
de la benjamine, (Océane Caïraty), la plus jeune qui n’a pu être
témoin de la situation et qui place ses propos sur le plan d’une
espèce de rivalité avec cette soeur dont on fait bien trop de cas à son
goût. Elle refuse d’adhérer, d’entrer dans cette histoire et clame une
forme de liberté que souligne sa façon de parler, familière, très
directe, voire agressive.

La langage est une des clés de voûte de ce spectacle par sa radicalité,
sa violence son flux coupé de silence, son rythme qui le rapproche du
rap, ce non-dit qui dit tout,  porté par des comédiens totalement
engagés dans ces rôles on ne peut plus délicats et qui nous ont
bouleversés.

Par Marie-Françoise Grislin

 représentation du 23 mars au TNS

jusqu’au 31 mars en salle Gignoux    

Esthétique des ruines

La dernière nuit du monde
Laurent Gaudé

En lisant le postulat du spectacle – supprimer le sommeil –,
instinctivement c’est le fameux travailler plus pour que le capital
gagne plus qui vient à l’esprit. Et comme c’est l’ingestion d’une
pilule révolutionnaire qui active la capacité de veille, s’invite la
stratégie vaccinale toute récente avec son ambition d’unanimité
totalitaire – et les auteurs revendiquent l’influence de cette
période pandémique dans leur inspiration. Très vite cependant,
avec ce bouleversement des cycles naturels et l’instauration d’une
nuit active, d’autres questions surgissent. Que devient tout cet
espace de liberté brusquement anéanti : le lien et le festif, l’amour,
le rêve, etc. ?

© Kurt van der Elst

Dès l’entrée du public, un gigantesque écran carré au centre du
plateau pulse de visages et de voix. Un premier cadre. Deux
rectangles lumineux au sol s’y ajouteront : les espaces dédiés au
personnage principal, un des promoteurs du projet (joué par le
metteur en scène Fabrice Murgia lui-même), et à sa femme Lou
(Nancy Nkusi) qui imposent d’emblée la distance entre les êtres.
Autour l’environnement reste plus indistinct, se nappe de fumerolles
et sera la neige de la fin. Les lumières d’Emily Brassier sculptent de
belles images focalisées par ce qu’affiche l’écran : des flashs
angoissés (tels des images subliminales), des témoignages venant de
l’autre bout du monde (le projet est planétaire), beaucoup de gros
plans en direct de la comédienne notamment lorsqu’elle chante. Des
visages qui disent, se disent avec régulièrement des répliques qui
font mouche. Les trois cadres structurent le jeu. Si l’écran offre une
dimension cinématographique à Lou qui épure, le dispositif enracine
les comédiens et mène par moments l’acteur vers une
surexpressivité corporelle. Des ego en naufrage sur leur radeau de
lumière ? Un corps qui se rebelle ou pris de convulsions par manque
de sommeil ? À la fin, le couple se retrouvera en dehors de ses
cadres. Dans l’au-delà, au-delà de ce monde qu’il a contribué à
fabriquer… ou à détruire.

Car évidemment tout déraille : les corps, les mécanismes physio-
biologiques avec des conséquences sur l’écosystème et les autres
créatures qui nous tournent le dos : tout est tordu. Une caricature
d’anthropocène.

Sans nuit, les yeux saignent et, avec la nouvelle frénésie, plus
personne ne prend le temps de protéger le peu qui reste. Le système
lui trouve du temps supplémentaire pour travailler à sa propre perte,
produire de nouvelles ruines. Décidément la technologie ne nous
sauvera pas, bien au contraire, elle nous décimera comme l’ont été
les populations amérindiennes par l’irruption des maladies
importées par les conquistadors.
D’ailleurs la technologie sera-t-elle capable de perdurer sans nous ?
Sans le dévouement de ses officiants humains ?

Par Luc Maechel

* scénographie Vincent Lemaire,
création vidéo Giacinto Caponio,
création son Brecht Beuselinck


=> Spectacle donné dans le cadre du festival les Vagamondes avec d’autres belles propositions jusqu’au 27 mars, dont deux expositions à voir en marge (ou non) des représentations : The Nemesis Machine, la vibrionnante métropole high-tech de Stanza jusqu’au 27 mars (sur la mezzanine) et l’apesanteur plastique des photographies de SMITH jusqu’au 7 mai (dans la galerie).

La Filature, festival les Vagamondes
représentation du vendredi 18 mars 2022

Par les bords

Renaud Herbin

Après la prise du pouvoir par les Talibans, les Afgans se sont
trouvés pris au piège d’une idéologie très contraignante,
discriminant les femmes et les artistes. Leur détresse ne laisse
personne indifférent et surtout pas  le directeur du TJP-CDN,
Renaud Herbin qui fit tout son possible pour en accueillir
quelques -uns.

A partir de cette situation, il a élaboré avec la complicité de trois
artistes remarquables un spectacle au titre évocateur « Par les Bords« .
C’est au danseur et performeur Jean-Baptiste André qu’il a confié ce
jeu de scène très pertinent.

Dans le rectangle matérialisé sur le plateau celui-ci va se mouvoir de
façon exemplaire, se roulant sur le sol, allant d’un côté à l’autre en
laissant son corps se déséquilibrer avant de se retrouver sa
verticalité à l’image de ce que l’exil produit d’incertitude pour le
corps comme pour l’esprit. Ainsi se tient-il dans une fragilité
constante, marchant sur les bords  étroits du rectangle, avant de
retomber vers le centre toujours dans ce mouvement d’instabilité.

Accompagné par le oud de Grégory Dargent, il poursuit son
exploration de l’incertitude d’un monde qu’il a dû quitter pour celui
qu’il doit maintenant découvrir. Les sons du oud évoquent cette
distance, cette nostalgie, cette inquiétude qu’il veut signifier. Et puis
il y a la voix merveilleuse de Sir Alice qui dit et chante les poèmes
que les circonstances  ont inspirés à Renaud Herbin et qui expriment
avec sensibilité ce drame de l’exil.

Une forme de reconnaissance et de témoignage  très en phase avec
les drames que connaissent bien des populations sur notre terre.

Marie-Françoise Grislin

Représentation du 5 mars auTJP-CDN

Désactiver l’Incontrôlable !

L’homme qui tua Mouammar Kadhafi
Superamas

Dans le cadre du festival les Vagamondes, la Filature a accueilli une
proposition de théâtre documentaire et interactif sur le
renversement de Kadhafi imaginée par le journaliste politique
Alexis Poulin et le collectif Superamas. Ils ont convaincu un
véritable maître espion en poste à Tripoli de 2007 à 2011 de
témoigner à visage découvert afin de préciser les dessous de
l’implication du Libyen dans la présidentielle française de 2007 et
de son retour en grâce internationale jusqu’à sa chute planifiée le
20 octobre 2011.

© Simon Gosselin

Avec la tension du direct, Alexis Poulin est dans son rôle de
journaliste d’investigation (à un moment, il était question de publier
son enquête en livre). Il détaille l’enchaînement des faits, le rôle des
différents protagonistes matérialisés sur scène par des portraits
manipulés comme des pions sur l’échiquier international. En maître
des horloges, il accueille un ancien agent de la DGSE, l’interroge,
invite les spectateurs à poser leurs propres questions (et ils ne s’en
privent pas).

Les tenants et les aboutissants, les manipulations aussi (les fake news
avancées par Al-Jazeera) s’exposent sous nos yeux et révèlent le
narratif pour « vendre » le renversement de l’incontrôlable dictateur
Libyen par le CNT. L’ex espion (son nom n’est pas mentionné) raconte
sobrement la fin du fantasque dirigeant tempérant le
sensationnalisme de ce moment sordide dont des images avaient
circulé sur les écrans. Il s’interroge aussi sur ce geste de mort :
Qu’est-ce qui compte véritablement dans cette histoire ? Est-ce que c’est
le nom de l’homme qui a appuyé sur la gâchette ou c’est le nom de celui
qui lui en a donné l’ordre ?
C’est d’ailleurs ce sentiment d’être trahi et de ne plus agir pour
l’intérêt général qui lui a fait renoncer à cette carrière.

Le journaliste le rappelle au début : cette forme théâtrale veut
prendre le temps de l’intelligence, ce que ne permet pas le plateau
de télévision (ou les joutes des réseaux sociaux) qui attise l’urgence
et l’affrontement des postures idéologiques plutôt que de poser les
enjeux y compris sous-jacents, ceux de la géopolitique (et de
l’économie !). Contrairement à un livre, elle permet l’échange avec le
public (très impliqué ce soir-là) et donne une densité concrète à ses
événements, ses personnages.

À démonter le complot (le plot des scénarios hollywoodiens), la pièce
interpelle aussi sur la transparence et la vocation de la guerre lancée
au bénéfice d’intérêts privés ou du pouvoir de quelques-uns sous
prétexte de libérer un peuple avec le story telling émotionnel qui assure l’après-vente. La manipulation des masses n’est pas une
exclusivité des régimes totalitaires et nos démocraties ne s’en
distinguent que par quelques nuances de brutalité.
Malheureusement l’actualité nous confronte à une tragédie de plus
où quelques ego se purgent à nouveau dans le sang des autres. Des
autres toujours trop nombreux à pleurer, saigner, mourir.

• Spectacle donné dans le cadre du festival les Vagamondes avec
d’autres belles propositions jusqu’au 27 mars, dont deux expositions
à voir en marge (ou non) des représentations :
The Nemesis Machine, la vibrionnante métropole high-tech de Stanza jusqu’au 27 mars (sur la mezzanine) et l’apesanteur plastique des photographies de SMITH jusqu’au 7 mai (dans la galerie).

Par Luc Maechel

La Filature Mulhouse
représentation du mercredi 16 mars 2022