L’embrasement, comprendre les enjeux de la guerre Israël-Hamas

Après six mois d’une guerre entre Israël et le Hamas débutée après le massacre du 7 octobre 2023, une bande de Gaza transformée en un cimetière à ciel ouvert où reposent pêle-mêle, des dizaines de milliers d’enfants palestiniens, près de deux cents humanitaires et une centaine de journalistes venus de nombreux pays, où sévit la famine et où personne ne peut fuir, des clés de compréhension  s’avéraient nécessaires.


Dans ce court essai fort pertinent, Michel Goya, ancien militaire et docteur en histoire propose une analyse dépassionnée et fondée sur des données factuelles tout en la traitant sur le temps long. A l’instar ce qu’il a réalisé dans un ouvrage consacré à l’Ukraine (L’ours et le renard, une histoire immédiate de l’Ukraine, avec Jean Lopez, Perrin, 352 p.), il s’attache ainsi à décrire le fait militaire à l’œuvre dans la bande de Gaza entre l’État d’Israël et les mouvements palestiniens depuis 1967 à Gaza mais plus encore depuis la fondation du Hamas en 1987, ce mouvement terroriste qu’Israël favorisa pour diviser un mouvement palestinien qu’il pensait alors écraser plus facilement.

Face à la guerre asymétrique conduite par le Hamas, Israël mena ainsi des opérations de police plus qu’une véritable guerre. Des opérations de police visant à réduire, à écraser, à éliminer toute menace. C’est ce qu’il appelle « tondre le gazon ». Et qu’à force de répéter cette tactique, celle-ci viendrait à bout du Hamas. Mais ce dernier ne fit que renaître en permanence. Et Israël s’est épuisé. Le 7 octobre a fait volé en éclats cette stratégie car pour la première fois le Hamas a porté la guerre, sa guerre, sur le sol israélien. Ni une barrière de sécurité, ni des décennies d’occupations militaires et d’assassinats ciblés n’ont pu l’éviter. L’attaque du 7 octobre a ainsi cruellement démontré l’échec de cette stratégie menée notamment par le Premier ministre, Benjamin Netanyahou.

Michel Goya montre ainsi qu’Israël, cumulant de nombreuses erreurs stratégiques, s’est enfermé dans un piège. Emprunt d’un profond fatalisme où toute perspective de paix durable semble lointaine, voire impossible, l’essai de Michel Goya est une amère constatation de la fuite en avant des deux belligérants qui fabriquent aujourd’hui les ennemis de demain. Mais demain est un autre jour qui paraît bien lointain.

Par Laurent Pfaadt

Michel Goya, L’embrasement, comprendre les enjeux de la
guerre Israël-Hamas
Perrin/Robert Laffont, 240 p.