Les experts se (la) racontent

NY © Getty Images

Plongée
passionnante dans
les archives de la
police de New York

On la connaît tous.
Des séries télévisées
à grand succès à
leurs uniformes
bleus marine avec leurs radios
accrochées sur l’épaule, leurs sirènes inimitables et leurs affaires
légendaires, la police de New York est devenue indissociable de
l’image et de l’identité de la ville et une source inépuisable pour le
cinéma.

L’ouvrage de Bruno Fuligni qui a délaissé pour l’occasion les couloirs
feutrés du Parlement pour les sièges en simili cuir des Dodge
Monaco et les bureaux d’interrogatoire mal éclairés pour ce nouvel
opus des archives du crime nous permet cette plongée dans la
fameuse NYPD, acronyme de New York Police Department.

L’ouvrage revient sur la fondation de la police de New York en 1845
et sur ses grandes heures. Richement documenté avec ces photos
en noir et blanc qui permettent aussi aux lecteurs d’arpenter
Brooklyn, Manhattan ou le Bronx, l’ouvrage détaille toutes ces
affaires mythiques, celles du kidnapping du fils de l’aviateur Charles
Lindbergh (1932), de la fameuse French connection en 1961, du
braquage de la Lufthansa (1978) qui devait inspirer à Martin
Scorsese son film les Affranchis ou de l’assassinat de John Lennon,
en 1980 par Marc Chapman au pied de son immeuble de la 72e rue.
Au fil des pages, l’histoire de la police de New York prend bien
souvent l’aspect d’un festival de cinéma où l’on croise les ombres de
Robert de Niro, de Gene Hackman ou d’Al Pacino, héros d’un Après-
midi de chien
qui relate le braquage de la Chase Manhattan Bank à
Brooklyn. Parfois les grands acteurs jouent leur propre rôle comme
Dustin Hoffmann sortant de son appartement, un tableau sur le dos
après l’explosion accidentelle d’une bombe de la Weather
Underground, groupuscule d’extrême-gauche dans l’immeuble
voisin de la 11e rue.

Et puis il y a toutes ces affaires moins connues qu’on lit avec
gourmandise comme celle du fantôme de l’opéra, cet assassinat de
la violoniste du Metropolitan Opera, Helen Mintkis en 1980 qui
mobilisa seize détectives à plein temps de la police et où près d’un
millier de personnes furent interrogées, celle de la disparation du
juge Crater en 1930, véritable cold case qui fut classée en 1979 sans
avoir été résolue ou celle du sculpteur fou, tueur en série qui fut
acquitté par la célèbre avocat Samuel Leibowitz. Car il n’y aurait pas
de légende de la police de New York sans grands criminels à
commencer par ces parrains de la pègre, Albert Anastasia ou Paul
Gambino en tête, mais également sans grands avocats de la défense
exploitant comme dans les meilleurs films, les moindres failles, les
moindres faux-pas de l’accusation et de la police. « Une justice
équitable constitue un objectif élevé mais rarement atteint » lâche
avec un brin d’amertume le lieutenant Bernard J. Whalen, l’un des
auteurs de l’ouvrage

Le cinéma, toujours le cinéma. Sauf qu’ici tout est véridique. Chaque
affaire s’apparente tantôt à un thriller relaté en quelques pages
comme celle de la traque du tueur en série le Fils de Sam qui fit
régner la terreur dans la ville durant les années 1976-1977, tantôt à
un livre d’histoire où s’écrivit quelques-unes des grandes pages des
Etats-Unis, des émeutes de Harlem en 1935 à l’assassinat de
Malcolm X, et même celle du monde avec l’arrestation et l’exécution
des époux Rosenberg en 1949. Et à lecture de cet ouvrage, on prend
conscience que la réalité dépasse bien souvent la fiction.

Laurent Pfaadt

Bruno Fuligni, Bernard J. Whalen , Philip Messing , Robert Mladinich,
Police de New York: 200 ans de crimes et de faits divers
,
l’Iconoclaste, 455p. 2017