Sainte-Livrade-sur-Lot célèbre le 9e art

Pour sa 7e édition, le festival de BD rendait hommage à Hermann, Grand Prix d’Angoulême 2016

Durant ses sept premières années d’existence, le festival de bande-
dessinée de Ste Livrade sur Lot n’a cessé de grandir jusqu’à devenir
incontournable non seulement pour les amateurs de BD et romans
graphiques qui ont tôt fait de la cité lot-et-garonnaise, une étape de
leur passion mais pour tous les passionnés de livres car comme s’est
plu à le rappeler le maire, grand amateur de BD et initiateur du
festival, Pierre Jean Pudal, « ce festival doit permettre d’attirer les
enfants des communes vers le livre. Car la BD n’est qu’une porte d’entrée
vers la culture. » Preuves de cet engouement, une fréquentation en
hausse et la présence importante d’officiels, président de
l’agglomération et sous-préfet en tête.

Côté auteurs, les fans n’ont pas attendu l’ouverture des portes pour
attraper une dédicace de la légende Hermann, créateur en autres de
Jeremiah, Duke ou Les Tours du Bois-Maury. A 83 ans, celui qui n’a rien
perdu de sa simplicité et fait figure de mentor pour un nombre
considérable de jeunes auteurs s’est dit « heureux d’être là ».
Hermann a ainsi pu mesurer les divers talents d’une jeune
génération emmenée en autres par Jules Stromboni, Patricia Lyfoung, auteure de la célèbre série La Rose écarlate (Delcourt), Lilian
Coquillaud  et Cyrille Pomès. C’est d’ailleurs ce dernier qui a
remporté le prix de cette septième édition pour son album 9603
kilomètres, l’odyssée de deux enfants (Futuropolis) écrit avec Stéphane
Marchetti.

Ainsi après le Falloujah, ma campagne perdue (Les Escales) de Halim
l’an passé, le jury du festival a, une nouvelle fois, décidé de
couronner un album engagé, racontant l’odyssée de deux
adolescents fuyant l’Afghanistan jusqu’en Angleterre. Basé sur un
travail entrepris par les deux auteurs dans la jungle de Calais, cet
album qui interpelle toutes les générations résonne étrangement
avec une actualité tragique. 

Autour du jeune lauréat et avec la volonté toujours renouvelée de
faire dialoguer les esthétiques, les organisateurs emmenés par la
directrice passionnée de la médiathèque Nelly Videira ont réunis
d’autres talents tels qu’Aude Salama et Denis Lapière, auteurs d’un
magnifique Martin Eden (Futuropolis), Renaud Farache qui livre une
très belle variation du Duel de Joseph Conrad (Duel, Casterman) ou
Timothée Leman dont le très beau Après le monde (Sarbacane) décrit
un monde postapocalyptique fascinant.

Autant dire que les bords du Lot ont, une nouvelle fois, fait couler
des rivières d’encre et de rêves…

Par Laurent Pfaadt