Slowly, Slowly…Until the sun comes up

S’il fallait accorder un prix d’originalité à un spectacle, nous proposerions volontiers celui conçu, écrit, mis en scène et chorégraphié par Ivana Muller car ce Slowly… nous a plongés dans un sujet rarement abordé pour lui seul, à savoir « le rêve », tel qu’en lui-même il se raconte.


© Gerco de Vroeg

Petite mise en condition du public avant d’entrer en salle, se déchausser et enfiler des sur-chaussettes, puis prendre place autour de l’espace scénique, un grand tapis blanc, assis sur de gros coussins également blancs. Puis c’est le noir, avant qu’avec le retour de la lumière n’apparaissent les trois comédiens, deux hommes, Julien Gallée-Ferré, Julien Lacroix et une femme, Clémence Galliard, rampant sur le lapis, le grattant, le lissant jusqu’à en faire sortir par certains interstices des tissus rectangulaires de couleurs et de tailles différentes dont, se remettant debout, ils se parent. Les voilà costumés, déguisés de façon plutôt loufoques.

Tout en se livrant à ces activités, l’un ou l’autre se met à raconter le rêve qu’il a fait récemment et cela avec beaucoup de naturel comme si, tout à coup, cela lui revenait à l’esprit et qu’il trouvait normal de le communiquer à ces compagnons.

C’est ce mode opératoire qui va dominer tout au long de cette prestation pendant laquelle ils maintiennent une activité en donnant aux différents tissus redéployés des allures de draps, de tapis, choisissant telle ou telle harmonie en les juxtaposant au gré de leur fantaisie, une sorte de travail qui s’effectue de manière suivie et appliquée comme répondant à quelque obligation secrète. (couture de la scénographie Angélique Redureau et Elsa Rocchetti)

Simultanément, voilà que surgissent les récits des rêves, étonnants comme seuls peuvent l’être ces rencontres fantaisistes qui les habitent avec des gens inconnus, des animaux, rêve où tout est moi, rapporte l’un d’eux, amusé, un autre a vu dans son rêve de son cœur s’élever un phare …la comédienne s’est vue en homme….

Tous prêtent une oreille attentive à ces récits surprenants qui font sourire parfois mais semblent bien transformer les autres en porteurs de rêve tant il est vrai que cette activité nocturne nous la partageons tous.  Interrompant activités et récits les voilà qui se mettent à danser avant de se questionner de manière qui semble spontanée, par exemple sur la différence entre être « collègue « ou
« camarade ».

Les enchainements se font de façon fluide, une grande attention est accordée aux voix, à l’accompagnement musical (création sonore Olivier Brichet) et aux lumières (Fanny Lacour).

Nous sommes littéralement transportés dans un monde ludique où domine la fantaisie et où vagabonde l’imaginaire, celui que mettent en jeu les comédiens et qui contamine celui des spectateurs ravis  de  partager ce voyage inédit au pays des rêves.

Marie-Françoise Grislin pour hebdoscope

Représentation du 28 mars au Maillon