Beaux jours

Première étape de notre voyage, les Etats-Unis avec la grande Joyce
Carol Oates. Montez dans le 11h17, ce train de banlieue reliant le
New Jersey à New York et qui concentre toute l’humanité de
l’écrivaine américaine. Asseyez-vous dans le wagon silencieux, l’une
des huit nouvelles de ce recueil et observez. Ici, un professeur
reconnaissant une ancienne élève ou là un artiste abusant
psychologiquement de son modèle, là encore une croisière, terrain
de règlements de comptes d’un couple. Ces récits sont autant
d’explorations des rapports humains, d’analyses des profondeurs de
notre intimité, d’auscultation des failles de notre altérité. Qu’il
s’agisse de sexe, de deuil comme cette novella d’une belle-mère prise
dans sa culpabilité entre son mari et sa belle-fille morte, ou de
sadisme, l’écrivaine américaine dépeint une fois de plus à merveille
la psyché humaine et les tensions qui la sous-tendent.

A chaque nouvelle, le lecteur est bluffé par cette capacité d’analyse
que Joyce Carol Oates transforme en matériau littéraire pour
échafauder des histoires qui mettent à nu ses personnages mais
surtout nous renvoient des miroirs pas très flatteurs. Ses phrases
claquent comme des sentences. « Dans le déclin et la chute des autres,
nous voyons une trajectoire naturelle, inévitable ; dans la nôtre, une
source d’incompréhension, de surprise et d’indignation ». Du grand art,
comme toujours.

Par Laurent Pfaadt

Joyce Carol Oates, Beaux jours, traduit de l’anglais par Christine Auché
Aux édition Philippe Rey, 411 p
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