Archives par mot-clé : Berliner Philharmoniker Recordings

Frank Peter Zimmermann

Le violoniste allemand Frank Peter Zimmermann est aujourd’hui
considéré comme l’un des  violonistes les plus talentueux de sa
génération aux côtés des Anne-Sophie Mutter ou Renaud Capuçon.
Le nouveau coffret que lui consacre le label des Berliner
Philharmoniker en est une nouvelle illustration.

Depuis ses débuts avec les Berliner en 1985 – il a alors vingt ans – le
violoniste a développé une relation particulière avec la célèbre
phalange allemande dont il a partagé la scène près de quatre-vingt
fois. Les enregistrements des trois concertos de Beethoven, Berg et
Bartók réalisés entre 2016 et 2020 frappent ainsi immédiatement
par l’osmose incroyable entre le soliste et l’orchestre. Même s’ils
dégagent chacun des sentiments variés – épique chez Beethoven,
torturé pour Berg et admiratif chez Bartók, Frank Peter
Zimmermann construit patiemment son œuvre avec chacun,
prenant le temps de laisser parler la grâce de son interprétation et
de l’envelopper de l’élégance raffinée de son jeu. Avec Alan Gilbert
au pupitre des concertos de Bartók, Frank Peter Zimmermann ne se
laisse  jamais aller à la facilité en délivrant une énième performance
mais plutôt un témoignage éminemment personnel d’où se dégage
une véritable vision. Le Blu-Ray vient confirmer cette impression
d’un musicien devenu le prolongement d’une œuvre. Cela donne
entre le soliste et l’orchestre, une incroyable rencontre musicale et
un témoignage unique que l’on réécoutera encore dans cinquante
ans.

Par Laurent Pfaadt

Frank Peter Zimmermann, Violin Concertos,
Berliner Philharmoniker recordings,
2CDs, 1 Blu-Ray

Une nouvelle aventure

Premier
enregistrement
des Berliner
Philharmoniker
sous la conduite
de leur nouveau
chef, Kirill
Petrenko.

On comprend mieux pourquoi les musiciens du Berliner
Philarmoniker ont choisi Kirill Petrenko à la quasi-unanimité.
Dans ce coffret qui reprend les premiers enregistrements du
nouveau chef d’orchestre, ce dernier a choisi de d’honorer la
grande tradition musicale romantique et post-romantique avec
Beethoven et Schmidt notamment mais également de rendre un
hommage appuyé à la musique de sa patrie d’origine, la Russie,
avec les cinquième et sixième symphonies de Tchaïkovski. Et il
faut bien dire que manier avec un tel brio, la puissance et l’intime
ne se rencontre que très rarement.

Immédiatement, on est frappé par sa capacité de contrôle de
l’orchestre. Les Berliner Philharmoniker ne sont pas bridés, bien
au contraire. La fougue jusqu’à la violence qui s’exprime dans la
cinquième de Tchaïkovski est assumée tandis que la pathétique
est crépusculaire, emprunte d’un fatalisme désarmant. Constitutif
de l’ADN des Berliner, Beethoven était incontournable pour ce
premier enregistrement. Celui de Petrenko est impérial, parfait. Il
sonne juste ou en tout cas, à l’image de cette 7e, il l’offre telle
qu’on voudrait qu’elle soit : épique et renversante. Avec le génie
de Bonn, Petrenko marche assurément dans les pas du grand
Karajan et montre ainsi au monde entier que la musique n’est pas
un exercice de style ou une conception idéologique mais avant
tout une communion.

Mais ce contraste saisissant de puissance et de douceur d’un
orchestre capable d’injonctions comme de badinages et qui fera
désormais le style Petrenko, est manifeste dans la quatrième
symphonie d’un Franz Schmidt, compositeur autrichien post-
romantique aujourd’hui oublié. Ici puissance et émotion forme
une alchimie proprement stupéfiante révélant l’essence même
d’une musique célébrée en son temps. Dans ces grandes pages
musicales où se succèdent orages et accalmies, où l’auditeur a
parfois l’impression d’être embarqué sur le pont d’un navire, la
mer de Petrenko n’est jamais étale. Et à entendre ce solo de
trompette dans le quatrième mouvement, « cet instant où la
beauté meure » que rappelle le maestro en citant Schmidt dans le
passionnant Blu-ray qui accompagne ce coffret, on a hâte de
découvrir le chef dans Mahler, ce compositeur cher au
prédécesseur de Petrenko, Sir Simon Rattle, pour en apprécier la «
patte » sur la sonorité de l’orchestre. La musique pour orchestre
de Rudi Stephan, jeune compositeur allemand tué pendant la
Première guerre mondiale vient compléter ce coffret qui annonce
de belles promesses, russes et françaises, à en croire Petrenko.

Par Laurent Pfaadt

Kirill Petrenko and the Berliner Philharmoniker :
Beethoven, Tchaikovski, Schmidt, Stephan,
Berliner Philharmoniker Recordings