Fajar

Aventurier au long cours, Adamo Diop, poète sénégalais veut nous rendre témoin de son odyssée utilisant le lieu théâtral comme port d’attache où il a jeté l’ancre.


© Simon Gosselin

Cependant ce qu’il nous propose durant presque trois heures ce ne sera pas du théâtre proprement dit mais un mix performatif dans lequel seront convoqués un film, dont il est le réalisateur, le chef opérateur étant Rémi Mazet, des textes à lire sur écran pour suppléer la lecture à voix off, la musique en live et le conte.

Autant dire que le public est sollicité de toute part et parfois submergé par ce parcours donné à voir et à entendre, ce voyage initiatique accompli par le personnage de Malal interprété par Adamo Diop, son double à l’évidence, à la recherche de soi, à la découverte de soi qui, il nous le montre de maintes façons, consiste à se perdre longtemps pour enfin se trouver.

Il nous apprend que c’est la mort de sa mère qui a tout déclenché comme une perte insupportable qui lui occasionne des rêves insensés, peuplés de fantasmes qu’il tient à nous faire connaître par des représentations imagées, des mises au point  comme celle où sa mère lui  explique qu’elle est seule responsable de sa mort ,ayant refusé de donner son sac à main car il contenait entre autre la photo de Malal enfant et qu’il n’est donc pas un assassin comme on le lui reproche, de même il n’est pas responsable de la mort de sa compagne, Jupiter qui, déçue par son comportement, quitte leur appartement et dans sa hâte se fait renverser par une voiture au pied de leur immeuble . Apparition récurrente d’une femme blanche appelée Marianne, allusion évidente à une autre bien connue !

Beaucoup d’images du Sénégal.

Quand le film s’arrête apparaissent sur le plateau, le comédien qui raconte accompagné par les musiciens, Anne-Lise Binard, au violon  et à la guitare électrique, Dramane Dembélé aux ngoni et flûtes mandingues, Léonor Védie au violoncelle, formant  ensemble un quatuor qui poursuit le long exposé de ce cheminement.

Parce que Malal quitte son pays et devient un migrant, Adamo Diop va consacrer une partie du spectacle aux problèmes de la migration sans y apporter autre chose que  ce que nous connaissons, hélas que trop bien, mais qui lui vaut l’approbation d’une partie du public, l’ensemble restant malgré tout circonspect.

Marie-Françoise Grislin pour Hebdoscope

Représentation du 20 février au TNS