Les Suisses ont soif

Daniel de Roulet évoque le destin de plusieurs mercenaires suisses pendant la Révolution française

L’écrivain suisse, auteur de Dix petites anarchistes (Phébus, 2018), nous entraîne dans ce nouveau roman palpitant appuyé sur des archives notamment personnelles, au cœur des soubresauts de la Révolution française en compagnie de Samuel Bouchaye, jeune idéaliste suisse nourri aux idéaux rousseauistes et de la révolution génevoise de 1782. En compagnie d’autres, il devint pourtant l’un des mercenaires suisses du régiment de Châteauvieux chargé de défendre Louis XVI avant d’être lui-même pris dans la tourmente révolutionnaire et d’être expédié au bagne.

Son roman montre ainsi l’implacable roue de l’histoire sur des hommes simples, les conduisant parfois dans des impasses et des contradictions idéologiques. Il est également l’histoire de la fin des idéaux d’un jeune garçon qui n’aspirait qu’au beau et à l’amour et que l’histoire et la société de son temps ont fini par écraser. Samuel et ses compagnons, Gédéon, Jacques et les autres traversent ainsi cette époque de feu et de sang où ils croisent notamment l’infâme François Pierre Amey qui s’illustra dans les colonnes infernales des guerres de Vendée. Samuel ne rêvait que de contempler les rives bleutées du lac Léman en compagnie de sa belle Virginie. Il finit par revêtir ce fameux bonnet rouge, celui des Phrygiens portés par les sans-culottes et les galériens. Celui d’un héros qu’il transforma, telle une couronne d’épines, en martyr et en magnifique héros littéraire. 

Par Laurent Pfaadt

Daniel de Roulet, Le bonnet rouge
Editions Héros-Limite, 160 p.