Lilas noir

On ne va pas vous mentir. On avait adoré Lilas rouge et on a adoré Lilas noir, épilogue de la saga de ces paysans de Haute-Autriche qui se brûlèrent au feu de l’histoire. Lilas noir raconte l’histoire de Ferdinand Goldberger, arrière-petit-fils de cet autre Ferdinand Goldberger, chef de section du parti nazi dans cette partie du pays. Devenu ingénieur agronome à Vienne, le jeune Ferdinand a décidé de fuir le domaine familial de Rosental pour se fondre dans un anonymat où il pensait pouvoir échapper à ce destin qui poursuit les Goldberger. Car cette aube qu’il contemple en début de livre n’est qu’un miroir à travers lequel le destin de regarde, prêt à le happer. Mais cela, il ne sait pas encore. A Vienne, il revoit ainsi son ex-petite amie Susanne et planifie un mariage qui doit constituer son salut. Mais en retournant avec elle à Rosental, il réapparut non seulement à ses proches mais également aux yeux d’un destin qui ne l’avait pas oublié et l’attendait, patiemment. Quelques temps après cette visite, Susanne est retrouvée morte, suicidée dans le Danube.

Après ce choc, Ferdinand décide de quitter l’Autriche et se rend en Bolivie. Pour fuir à la fois la douleur de la perte de Susanne et la malédiction de Rosental mais surtout pour retrouver les traces de ce père Paul qu’il n’a, à vrai dire, jamais connu. Sur la tombe de ce dernier, il espère obtenir des réponses à même de vaincre cette malédiction mais ne trouve que des lilas noirs qui vont, immanquablement, le ramener vers Rosental. Le destin a achevé son œuvre et là-bas, Ferdinand devint à la fois le nouveau gardien des secrets, de ces non-dits qui, tels des poisons, ont ravagé les membres de sa famille mais surtout une ombre parmi les ombres qui hantent désormais les lieux.

Avec Lilas noir, Reinhard Kaiser-Mühlecker pose la dernière pierre de sa monumentale saga amorcée avec Lilas rouge. Mais si ce roman se concentrait sur le passé d’une Autriche meurtrie par le nazisme, Lilas noir se projette quant à lui, dans un futur incertain. Avec sa plume à la fois contemplative et si sensible – la scène d’amour entre Ferdinand et Susanne est d’une beauté prodigieuse – Reinhard Kaiser-Mühlecker met un point final à une œuvre appelée à faire date.

Par Laurent Pfaadt

Rheinhard Kaiser-Mühleckei, Lilas noir, Traduit de l’allemand (Autriche) par Olivier Le Lay, Verdier, 288 p.

A lire également :

Reinhard Kaiser-Mühlecker, Lilas rouge, Traduit de l’allemand (Autriche) par Olivier Le Lay, Verdier, 704 p.