Marseille, fille de Poséidon

Entre calanques et football, la ville rayonne sur la Méditerranée

Ici, les eaux de Poséidon guident le destin des hommes, d’où qu’ils viennent et cela depuis plus de 2600 ans, depuis que les Phocéens, les habitants de la cité ionienne de Phocée, fondèrent la colonie de Massalia. De la Méditerranée qui a dessiné ses côtes amenant à elle des peuples qui ont trouvé refuge dans son sein et formant aujourd’hui cette ville-monde à nulle autre pareille, à l’Arménie où ils furent des milliers à prier la Bonne Mère, cette Vierge dressée sur l’Ararat qui abandonna ses fils et ses filles en 1915 en passant par un archipel d’îles océaniques se regardant dans ce miroir maritime, Marseille possède la mer dans son ADN. Elle imprègne les hommes, leurs paysages, leurs cultures et même leurs voix avec cet accent qui module comme un chant de sirènes qui se veut à la fois enchanteur et aigre-doux.


Iles du Frioul (copyright Laurent Pfaadt)

Avec son trident, le dieu de la mer a dessiné les côtes et ses fameuses calanques qui, dit-on, se méritent. Il a morcelé ces falaises de calcaire et de poudingue qui s’étendent le long des flancs blancs comme de l’albâtre antique de Marseille notamment au sud de la ville dans un parc national des Calanques aux allures de paradis. Il a sculpté les merveilleuses îles du Frioul qui servaient autrefois de quarantaine aux voyageurs suspectés d’apporter la peste avant de devenir le refuge de Marseillais fuyant l’agitation nerveuse de la ville.

A Marseille, Poséidon a son temple : le MUCEM, le musée des civilisations de l’Europe et de la  Méditerranée où il a enfermé ses fils qui ont fait de ce lieu à l’architecture résolument contemporaine l’écrin de la culture marseillaise. Sur ces côtes, il a également amené les muses qui ont inspiré ces autres dieux de papier comme Alexandre Dumas qui fit du château d’If le lieu immortel de son Comte de Monte-Cristo et Marcel Pagnol qui inscrivit les collines d’Aubagne dans la mémoire littéraire française. Des muses qui se penchèrent également sur la musique en particulier sur le berceau du rap avec le mythique groupe IAM et plus récemment JUL et SCH mais également Massilia Sound System, Patrick Fiori ou Soprano.

Le cœur du dieu bat indiscutablement à l’Orange Vélodrome où chaque résultat des hommes en bleu et blanc est commenté dans les bars et les rues, à commencer sur la fameuse Canebière, cette artère qui traverse le centre ville et donne le pouls d’une passion divine. Ici, le football n’est pas un sport, c’est une religion et les joueurs sont vénérés tels des demi-dieux grecs. Ils ont d’ailleurs été nombreux, anciens et actuels joueurs du club à rappeler, durant cette semaine olympique, l’Iliade footballistique de la ville où l’arrivée de la flamme ne fut qu’un fleuve traversant la mythique Troie du ballon rond, un Pactole tant touristique dans lequel se sont baignés des générations entières de Marseillais qui ont gravé leurs rêves sur les murs de la ville.

Victoire de l’OM contre Lorient (copyright OM)

Il n’y a qu’à se rendre au stade pour s’en rendre compte. Dès l’entrée du métro, on ressent la communion d’une armée transgénérationnelle prête à la guerre. A l’occasion du dernier match à domicile d’une saison marquée par une demi-finale de coupe d’Europe, haut lieu de batailles homériques conjuguant Thermopyles – elle est à ce jour la seule équipe française à avoir gagné la coupe d’Europe des clubs champions, exploit qu’elle ne manque pas de rappeler avec son fameux « A jamais les premiers » – et Marathon, l’OM recevait de modestes Bretons condamnés aux enfers de la Ligue 1. Poséidon fut ce soir-là aidé d’un Hadès pourtant bien versatile avec les Olympiens cette saison. Le spectacle fut tout autant sur le terrain que dans les tribunes où les principaux groupes de supporters (South Winners, Dodger’s, Ultras) se répondirent aux cris de « Aux armes, nous sommes les Marseillais. Et nous allons gagner. » Et dans cette arène transformée en chaudron, Poséidon avait cédé, le temps d’un exploit, son trident à ces demi-dieux du ballon rond qui surent, cette fois-ci, en faire bon usage.

Par Laurent Pfaadt

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