Penderecki : la Passion selon saint Krysztof

Le grand compositeur polonais aurait eu, le 23 novembre, 90 ans. Devenu de son vivant l’un des plus grands compositeurs du 20e siècle, ses œuvres telles que son Threnos « à la mémoire des victimes d’Hiroshima », un Requiem polonais ou son opéra Les diables de Loudun ont depuis longtemps intégré le répertoire de toutes les salles de concert du monde. A l’occasion d’un concert de l’orchestre philharmonique de Strasbourg en mars 2004 nous l’avions rencontré. Hebdoscope republie son interview.


Krzysztof Penderecki

Monsieur Penderecki, vous dirigerez jeudi soir, l’une de vos œuvres, le Concerto grosso pour trois violoncelles. Pouvez-vous nous parler de la genèse de cette pièce ?

Vous savez, je suis particulièrement attiré par les violoncelles. J’ai d’ailleurs écrit plusieurs œuvres pour violoncelles dont deux concertos. Le violoncelle me fascine car il recèle toutes les possibilités inimaginables. Au départ, ce concerto devait réunir cinq violoncelles au lieu de trois mais le problème se pose rapidement lorsqu’il s’agit de réunir solistes de qualité. Le violoncelle est l’un des rares instruments qu’il est possible de démultiplier à l’infini. Un jour, en tournée au Japon, on me proposa même de composer des petites pièces pour mille violoncelles !

Je crois que vous avez un lien particulier avec ce pays, le Japon comme en témoigne l’une de vos œuvres les plus connues, le Threnos « à la mémoire des victimes d’Hiroshima »

J’ai écrit cette œuvre alors que je n’avais même pas trente ans mais j’ai toujours gardé cette même fascination pour l’Asie. Elle est si différente culturellement, philosophiquement. C’est cela qui m’attire. J’ai été ravi d’avoir été le premier chef étranger invité du China Philharmonic. Par ailleurs, l’Asie possède une musique si intéressante, faite d’instruments issus d’une longue tradition.

A plus de 70 ans, votre activité créatrice est-elle toujours aussi féconde ?

J’essaie d’écrire tous les jours même si ce n’est qu’un peu mais j’en ai besoin pour me motiver. En ce moment, je travaille sur trois œuvres majeures notamment une Passion selon saint Jean pour l’inauguration en novembre 2005 de l’Église de la Vierge à Dresde, détruite durant la guerre. Les autres œuvres sont un ballet pour orchestre, le Leader Circus et une dernière œuvre folle, une petite pièce pour orchestre réunissant trois clarinettes et deux clarinettes solo.

Laurent Pfaadt pour l’hebdoscope