Schlager Club

Une exposition et un livre

Membres du Schlager Club, Yrak, Fernand et Sven sont les trois
artistes peintres exposés au Malagacha à Strasbourg jusqu’au 12
mars. Laurence Mouillet les a rencontrés et a mis son talent
d’écrivain et de photographe à contribution pour un très beau livre
qui leur est consacré, permettant à un plus large public de mieux
les connaître quand les collectionneurs les ont repérés dès leurs
débuts.

Sven © Laurence Mouillet

De la rue, notre regard est interpelé par des toiles qui empruntent
leurs couleurs vives au street art. Dès l’entrée, nous sommes attirés
au fond de la galerie par six garçons presque grandeur nature sur
une photo noir et blanc comme une invitation à les rejoindre. Le
Schlager Club dont le nom s’est imposé à eux quand il a fallu qu’ils
s’identifient sur la scène artistique renvoie à ces musiques
populaires jouées dans les bals, bluettes sentimentales ou chansons
amusantes mais aussi à l’idée de ce qui « frappe ». Ces Mulhousiens
ont trouvé un lieu où créer et l’espace nécessaire dans un bâtiment
de la friche industrielle de la Mer Rouge dont deux cheminées
dominent encore le site, éteintes depuis que Mulhouse n’est plus la
ville de la fabrication du rouge garance et du tissage des indiennes
qui faisaient rêver à un ailleurs exotique. Désormais, le rêve choisit
d’autres territoires moins éloignés, il nait sur les murs et s’épanouit
sur la toile.

C’est peu dire que Laurence Mouillet a été inspirée par ces trois
artistes et par ce lieu improbable du Schlager Club. Elle raconte
l’atelier, la menuiserie où se fabriquent les cadres des toiles, le bar
où l’on refait le monde autour d’une bière et le billard au milieu. Elle
raconte les trois garçons et leur parcours en une plume
délicatement ciselée et riche de fulgurances poétiques, séduite
qu’elle a été par la découverte d’un univers pictural qu’elle
connaissait mal. Et au-delà des mots, c’est un regard qu’elle porte
avec une acuité singulière sur les ambiances et le geste des artistes.
Elle joue avec ses propres influences et une photo du bar rappellera
une nature morte de Stoskopff, les portraits des peintres
évoqueront les Flamands par la lumière sur le visage, une photo
renverra au Mystère Picasso de Clouzot qui interrogeait la capacité à
filmer le peintre en train de peindre grâce à la transparence. Il se
joue dans la galerie Malagacha un dialogue étonnant entre les photos et les peintures avec une scénographie qui présente une
œuvre et le peintre à l’œuvre. Notre préférée, une calligraphie de
Sven qui joue sur les noirs, brillant, mat, granuleux encadrée de part
et d’autre par deux photos identiques de deux appliques en verre
fixées sur des briques noires. L’effet de ce contraste entre l’œuvre
très actuelle du graffiti et ces photos de cet objet rétro est des plus
intéressants et illustre à merveille la question de la représentation
de la lumière et de l’obscure clarté, oxymore baudelairien que
Soulages a interrogé toute sa vie. L’art se nourrit de l’art et avance
toujours plus riche.

Les trois artistes exposés ont chacun leur univers même s’ils ont
tous commencé dans la rue. Précisément, Damien Seliciato qui a
inauguré la galerie Malagacha il y a trois ans, avait le désir d’exposer
l’Art Urbain, un art qu’il veut « commercialisable » mais pas
« commercial », balayant la polémique sur l’idée que les graffs
doivent rester dans la rue. Les tableaux de Sven, Yrac et Fernand ne
souffrent pas d’être circonscrits à l’échelle d’une toile. Fernand fait
de chacun de ses tableaux un rébus ou un roman pour qui se plaît à
lire tous les objets qu’il représente et qui appartiennent à son
histoire, à son quotidien. Yrac décline en autant de figures possibles
imaginables les lettres de son nom d’artiste avec une belle pureté
des lignes et des aplats de couleur. Mais qui ne voit pas son nom peut
distinguer un visage de profil, une larme et si le trait déborde le
cadre, sans doute est-ce un clin d’œil pour nous dire que le cadre
n’empêche pas d’être libre. Sven est un passionné de calligraphie. Ses
lettres et signes cabalistiques dont on suit le tracé aux couleurs
éclatantes ou de ces noirs que l’on aime dessinent un monde en soi,
celui d’un artiste reconnaissable entre tous.

Commencer une toile c’est comme sortir dans la nuit noire sans lanterne

et découvrir à l’aube où l’on voulait aller

(Laurence Mouillet – extrait)

L’exposition est visible jusqu’au 12 mars à la Galerie Malagacha, 9 rue du Parchemin à Strasbourg.

Le livre de Laurence Mouillet, Schlager Club, éd. Médiapop, a été tiré
à 100 exemplaires numérotés auxquels sont jointes 3×30
sérigraphies originales des reproductions des grands formats de
chacun des artistes. 10 exemplaires sont accompagnées de la
reproduction de la photo de Laurence Mouillet des cheminées,
intitulée Les Sentinelles (de la Mer Rouge). Les sérigraphies font
15/20 cm. Le livre est vendu 40 euros.

Signature avec les artistes et Laurence Mouillet à la librairie 47°Nord à Mulhouse le samedi 5 mars de 11h à 18h. Le 12 mars avec l’auteure toute la journée à la Galerie Malagacha.

Par Elsa Nagel

vivacité de la timbale

En dépit des contraintes sanitaires et du retour du masque dans les
salles de spectacle, le début d’année nous aura quand même offert
deux moments musicaux qui resteront présents dans la mémoire.
Nous avons d’abord eu le plaisir d’entendre le grand baryton
américain Thomas Hampson dans les Quatre Chants sérieux, un des
derniers chefs-d’œuvre de Brahms. Deux semaines plus tard, la
salle Érasme résonnait d’une exécution hors du commun de la 7ème
symphonie de Beethoven par les musiciens de l’OPS et leur chef
Aziz Shokhakimov.

Aziz Shokhakimov ©Jean-Baptiste Millot

Comparée à celle jouée lors de séances d’enregistrement, la musique
donnée durant les concerts publics est toujours susceptible d’être
plus ou moins affectée de petits accrocs et d’infimes accidents
d’exécution. Inhérents à la nature vivante du concert, ces micro-
incidents de parcours n’ont cependant pas tous la même portée, ni la
même signification. Ils résultent parfois d’une interprétation
particulièrement vivante, engagée et pleine de risques pour les
musiciens de l’orchestre comme, par exemple, lors de l’ardente
septième de Beethoven mentionnée plus haut. A d’autres moments,
ils peuvent n’être que l’effet d’une préparation insuffisante ou bien
de la gêne d’un orchestre découvrant l’acoustique d’une salle qui ne
lui est pas habituelle. Sans doute en était-il ainsi pour l’Orchestre
National de Lyon ouvrant son concert du 21 janvier avec un prélude
de Parsifal passablement décousu et peu en place. Par bonheur, tout
s’est rétabli dans l’accompagnement des Quatre chants sérieux de
Brahms, initialement écrits pour le piano et donnés ce soir-là dans
l’excellente transcription orchestrale de Detlev Glanert,
compositeur allemand contemporain. Avec l’âge, la voix de Thomas
Hampson est, comme il se doit, descendue dans le grave, tessiture
d’ailleurs très sollicitée dans le premier des quatre chants. Mais dès
qu’ensuite le ton remonte, on retrouve le magnifique médium, chaud
et coloré tel qu’on l’apprécie depuis toujours dans la voix du baryton.
Bien soutenu par la direction de Nikolaj Szep-Znaider,  nouveau chef
de l’orchestre de Lyon et violoniste de renom par ailleurs, le
dramatisme de cette œuvre tardive de Brahms, dédiée à son ami
sculpteur et peintre Max Klinger, s’avère prenant et poignant.

Pour des raisons probablement sanitaires, l’Orchestre National de
Lyon nous a rendu visite dans un effectif relativement limité, compte
tenu du programme : un peu moins d’une cinquantaine de cordes
pour un total d’environ soixante-dix musiciens. L’effectif s’avère
néanmoins convenir pour une fort belle interprétation de la
septième symphonie de Dvorak, élancée et racée, mettant en relief
la clarté des différents pupitres des vents et le quatuor à cordes, à la
sonorité fine et légère. Soulignons aussi la vivacité de la timbale,
instrument dont on ne dit pas suffisamment l’importance dans la
personnalité sonore d’un orchestre.

Le jeudi 3 février, l’Orchestre philharmonique de Strasbourg jouait
un programme commençant par deux œuvres contemporaines. Est-
ce le programme ou bien l’épidémie d’omicron, qui avait, à ce point,
réduit le remplissage de la salle Érasme ? Les deux, peut-être…

Con brio, ouverture de concert  d’après Beethoven composée par
Jörg Widmann en 2008 suite à une commande de l’Orchestre de la
Radio bavaroise ne manque en effet ni de brio, ni de couleurs, ni
d’énergie rythmique même si on peine quelque peu à retrouver la
dimension temporelle de la musique du maitre de Bonn. Suivait
Quelques traces dans l’air, concerto pour clarinette et orchestre de
Philippe Hurel écrit tout récemment dans la forme d’un dialogue aux
accents virtuoses entre un clarinettiste solo et ses deux collègues de
l’orchestre qui lui répondent de façon très variée avec un soutien
orchestral épuré, distillant une atmosphère aérienne hédoniste.

Changement d’atmosphère après l’entracte avec la septième
symphonie de Beethoven, jouée avec un effectif de taille moyenne,
bien adapté à l’interprétation (une cinquantaine de cordes pour un
total de 63 musiciens dont des timbales à l’ancienne). Lorsque l’on a
affaire à une grande prestation beethovénienne, comme ce fut le cas
ce soir-là, il est nécessaire de la situer, même brièvement, dans
l’histoire de l’interprétation beethovénienne, riche de tendances, de
controverses et de transformations durant tout le 20ème siècle et
dont les jalons aujourd’hui encore font  référence. Aziz Shokakhimov
aborde cette grande œuvre avec une énergie, une clarté et une
rigueur qui illuminent tout le premier mouvement. Cette option
dynamique, privilégiant le staccato sur la fluidité mélodique et
s’inscrivant globalement dans la lignée des partisans du tempo giusto
dont Arturo Toscanini est l’un des plus illustres représentants,
n’empêche nullement le célèbre allegretto de déployer sa magie et sa
montée  dramatique, sans toutefois viser le caractère poignant voire
apocalyptique de certains tenants de l’approche romantique,
Wilhelm Furtwaengler en tête. La force avec laquelle débute le
troisième mouvement Presto donne à penser que Shokakhimov
intègre aussi quelques accents dits ‘’historiquement informés’’, que
certaines oreilles peuvent juger par trop violents. Il n’empêche que
le magnifique trio sonne avec toute l’ampleur et le cantabile
souhaitables, tout en tenant le tempo. L’allegro finale démarre à une
vitesse phénoménale, ainsi qu’il est arrivé à des chefs comme
Karajan autrefois ou Dudamel aujourd’hui de le faire, en concert
notamment. Dans la coda, l’orchestre entre alors dans un état de
transe, poussé aux limites de ses capacités, qui se révèlent
néanmoins très grandes.

                                                                                              Michel Le Gris

Paranoid Androids

Un temps fort initié par Le Maillon étalé sur une dizaine de jours 
nous invitait à suivre plusieurs spectacles et rencontres,
interrogeant notre identité d’êtres humains confrontés à
l’existence de créatures imaginées, conçues, construites et mises
en mouvement par des scientifiques et des techniciens, créatures
que l’on peut classer dans la catégorie « robots ».

Une petite cure d’intelligence artificielle ça ne fait pas de mal, ça
intrigue et nous ouvre des perspectives insoupçonnées.

De plus sur le plan artistique cela permet à l’imaginaire de courir et
d’y recourir.

C’est ainsi que l’ont bien compris les metteurs en scène et artistes
dont nous avons vu et apprécié les prestations.

Nous avons commencé ce voyage insolite par un spectacle
justement intitulé « La vallée de l’étrange » de Stefan Kaegi du
collectif Rimini Protokoll.

Nous recherchons les spectacles de Stefan Kaegi  parce qu’ils nous
confrontent de façon originale et pertinente à des problèmes
actuels qu’il sait mettre en évidence. Sans proposer de solution il nous conduit  à les clarifier par nous-mêmes.

Certains de ses spectacles ont été, pour nombre d’entre nous, de
véritables expériences, des aventures. Qu’on se rappelle ce moment
extraordinaire où nous avons pris place dans un camion aménagé en
« salle de spectacle » pour effectuer un voyage fictif entre Strasbourg
et Sofia, en réalité aux abords du port du Rhin et de ses entrepôts,
afin de prendre conscience de la vie d’un chauffeur routier. Nous
étions à la fois dans la vraie vie et dans quelque chose de
fantastique.

« La vallée de l’étrange » corrobore cette démarche  d’investigateur
qui caractérise ce metteur en scène.

Sur le plateau, côté cour, un homme est assis dans un fauteuil, côté
jardin on a placé un écran.

En regardant l’homme assis qui, lui aussi nous regarde, un sentiment
étrange s’empare de nous et nous nous interrogeons « Est-ce un vrai
comédien ou une énorme marionnette? »

Nous savons que Le Maillon vient d’entamer son temps fort « Des
robots et des hommes » ce qui nous incite à penser qu’il s’agit d’un
robot humanoïde mais nous restons intrigués par ce personnage.
D’entrée de jeu, il nous annonce qu’il va tenir une conférence et il se
lance dans des considérations psycho-philosophiques qui évoquent
sa condition de maniaco-dépressif. Les images, sur l’écran, servant à
illustrer ses propos, nous constatons  que celui qui nous parle et
celui qui a été filmé est bel et bien le même, une sorte de sosie. Le
trouble nous habite de nouveau. Mais n’est-ce pas le propre du robot
que de faire jaillir ce malaise? Le robot humanoïde nous interpelle
plus que la marionnette par sa ressemblance avec l’être humain. Et
c’est ce que nous ressentons durant ce spectacle. Peu de signes
extérieurs pour nous détromper si ce n’est cette sorte de posture
empreinte de raideur qui ne se détecte que peu à peu.  Bientôt,
fascinés par sa performance, nous sentons naître en nous  comme
une complicité avec lui, une sorte de sympathie qui nous interroge.
L’homme ne pourrait-il pas être remplacé par cette espèce de
machine ? On sait que c’est déjà le cas dans bien des postes
automatisés dans les usines mais d’être le témoin direct de cette
prestation concernant les sciences humaines où la parole est
particulièrement valorisée et personnalisée a quelque chose
d’intrigant  car on touche à l’identité.

Stefan Kaegi  nous a encore une fois plongé dans des abîmes de réflexion.
(Représentation du 2I janvier)

C’est à la rencontre d’un autre robot humanoïde que Joël Pommerat
nous invite dans son spectacle intitulé « Contes et Légendes » qui met
en scène des adolescents aux prises avec leurs problèmes
spécifiques de rivalité, jalousie, moquerie, amourettes, mais aussi
leur besoin d’être écoutés, compris, câlinés. Le robot, Roby, sera ce
partenaire sensible que les parents ont acheté pour leur tenir
compagnie en leur absence, les aider à faire leur devoirs, les
surveiller, on pourrait presque dire les « élever ». Assis auprès d’eux
dans la salle de séjour, il répond à leurs questions, leur donne des
conseils, partage leur émois en regardant un match à la télé. D’où
cette scène dramatique de la séparation quand, les enfants ayant
grandi, les parents décident de le revendre. C’est le jeune adolescent
qui vante alors auprès du couple d’acquéreurs le bon usage qu’on
peut en faire et cette « déshumanisation du robot-ami a quelque
chose de déchirant.

Dans la pièce une autre scène  vient en contre-point de celle-ci. Il
s’agit d’une scène de « dressage » d’un enfant timide sous la conduite
d’un maître qui, à grand renfort de séances d’entraînement
ponctuées de remarques désobligeantes et qui se veulent
stimulantes, essaie  de le transformer en garçon viril et combatif. En
faire un homme-machine en quelque sorte, disons le « robotiser » et
l’on ne peut que penser à certaines formations militaires. C’est un
spectacle émouvant et qui donne à réfléchir  sur ce moment délicat
de l’adolescence où tout est ressenti à fleur de peau.

Les comédiens ont investi ces rôles avec beaucoup d’authenticité et
l’on a été surpris d’apprendre que ceux qui interprétaient les enfants
n’en étaient pas eux-mêmes mais tout simplement des acteurs formidables.
(Représentation du 28 janvier)

Toujours dans le cycle « Des robots et des hommes », le spectacle
« Man strikes back » venu de Belgique montre une incroyable
rencontre entre un jongleur, un percussionniste et cinq boîtes en
forme de tétraède. Stij Grupping commence, certes, avec habileté,
mais assez sereinement, à lancer ses balles qui rebondissent sur les
boîtes décrivant des trajets harmonieux. Le rythme étant soutenu  à
la batterie  par le musicien Frederik Meulyzer.

Petit à petit les balles jaillissent plus vite, plus haut , le jongleur les rattrapent avec aisance sous le regard admiratif des spectateurs.

Soudain quelque chose d’insolite survient, les boîtes se mettent à
bouger, elles avancent, reculent puis s’immobilisent un instant avant
de reprendre leur mouvement aléatoire. Quelle mouche les a
piquées ? Elles semblent avoir acquis une autonomie qui veut défier
l’humain qui se sert d’elles comme de partenaires passifs. Cela pose
évidemment un gros problème: comment réussir à toucher une cible
qui se déplace constamment ? Jongleur et musicien se concertent,
s’interrogent n’en croyant pas leurs yeux.

Réflexion faite, le jongleur tente le tout pour le tout, reprend ses
balles et un jeu incroyable se déroule sous nos yeux ébahis. Alors
que les boîtes glissent capricieusement sur le plateau les balles
arrivent toujours à les trouver pour rebondir dessus; le jongleur
virevolte pour se positionner et réussir à les envoyer sans les perdre.
Le public  a le souffle coupé devant tant de virtuosité et le musicien
n’en perd pas une, lui qui doit suivre cette cadence improbable. C’est
un moment prodigieux.

Un spectacle superbe, ludique, à la gloire de l’imagination de celui
qui l’a conçu et de ceux qui l’ont si magnifiquement exécutés.(Représentation du 4 février)

La dernière manifestation de ce cycle a été pour nous encore une
grande surprise. II s’agit de « Tank« , un solo exécuté par la
chorégraphe autrichienne Doris Uhlich, enfermée dans un immense
tube de verre d’abord empli d’un brouillard qui en se dégageant peu
à peu laisse entrevoir une main , un bras, une jambe. Une situation
qui ne manque pas de nous interroger sur la possibilité que peut
offrir à une danseuse un lieu aussi exigu. Faisant fi de cette
contrainte, avec application et méthode, elle déploie ses membres,
tente de pousser les parois, y renonce parfois, s’accroupissant
comme atteinte par l’épuisement mais reprenant encore et toujours
ses tentatives d’exploration et de possible sortie.

On pense au corps -machine mais son humanité  transparaît à
l’évidence car on saisit à chaque instant sa volonté de s’extraire de
cette prison de verre et l’on éprouve un vrai soulagement quand elle
y parvient, partagés que nous étions entre malaise et empathie.
Soulignons que toute cette extraordinaire performance était
soutenue par la musique électronique de Boris Kopeinig.

Un spectacle pour le moins fascinant.
Représentation du 4 février

Par Marie-Françoise Grislin