Beethoven, complete symphonies

Le directeur musical du National Symphony Orchestra de Washington que dirigea en son temps Mstislav Rostropovitch, et chef invité du London Symphony Orchestra, Gianandrea Noseda, nous propose une intégrale des symphonies de Beethoven enregistrées en public entre janvier 2022 et juin 2023. Au regard de ses interprétations remarquées et très bien construites de celles de Chostakovitch, cette intégrale de l’œuvre symphonique du génie de Bonn a évidemment piqué notre curiosité.


Et il faut dire que le résultat est à la hauteur des attentes. Car il est difficile de tirer son épingle du jeu de la multitude d’interprétations qui conjuguent merveilles et fiascos. Ici, Noseda s’en tire très bien en proposant une approche singulière de chaque symphonie qui correspond d’ailleurs à la réalité d’un compositeur à l’humeur changeante et à celle d’époques radicalement différentes. Pas d’idéologie donc. On ne joue ainsi pas l’héroïque comme la pastorale, on ne traite pas les symphonies dites « féminines » comme les « masculines ». Les féminines sont d’ailleurs approchées avec beaucoup d’égards, presque de « courtoisie musicale » où le chef déploie des trésors de romantisme pour séduire sa partition. Eh oui, on n’est pas italien pour rien ! Dans la 8e symphonie, Noseda a d’ailleurs choisi de rester classique, de la concevoir comme un hommage à Haydn.

Les 7e et 5e symphonies sont plus viriles, le chef veut, à raison d’ailleurs, en faire des héroïnes avec leurs énergies respectives qu’il libère sans verser toutefois dans l’anarchie. Il les transforme en Spartiates aux Thermopyles luttant contre la fatalité avec ses effets sonores parfaitement maîtrisés et des entrées solides et réussies. Noseda délivre alors son Molon labe, son  « Viens les prendre » pour citer Leonidas face aux Perses qui lui demandaient de déposer les armes dans le finale de la cinquième, accompagné de percussions d’airain et de cuivres transformés en bardes.

L’apothéose est atteinte avec la 9e symphonie, majestueuse comme enveloppée dans son hermine harmonique. On se croirait dans une cathédrale en plein couronnement avec un prodigieux Washington Chorus. Haendel était quelque part dans l’assistance. Il a versé quelques larmes. Il peut, le nouveau roi d’Italie vient d’entrer.

Par Laurent Pfaadt

Beethoven, complete symphonies, National Symphony Orchestra, The Kennedy Center, dir. Gianandrea Noseda
Coffret 5 Cds, NSO Media label