L’affaire Rockwell

Dwight Myers aurait dû sen douter : les criminels ont toujours un ego surdimensionné et cherche en permanence des adversaires à leur taille. Et s’il pensait en fuyant le LAPD pour la petite ville californienne de Bakersfield après une vie personnelle gâchée, qu’il pourrait mener une existence tranquille, il a vite déchanté lorsque son bip a signé le début d’un nouveau cauchemar.


Eden, une gamine de onze ans surdouée, vue pour la dernière fois au moment de prendre ce bus qu’elle laissa filer, vient de disparaître. Eden qui ressemble à sa fille Nancy. Pour l’instant, le polar est assez classique, le profil du flic somme toute assez commun. C’était sans compter notre auteur, modeste journaliste sportif breton qui signe là son premier roman. Sa mise en scène est très réussie avec sa dimension cinématographique. On s’y attend mais on la veut. C’est comme regarder un thriller à la télé avec Morgan Freeman ou Woody Harrelson.

On sait donc à quoi s’attendre. On imagine Myers, 33 ans, beau gosse cabossé façon Mark Wahlberg, Megan Bailey, la journaliste en Eva Mendes avec ses cheveux châtains et sa peau hâlée. Des flash-backs de disparitions d’autres enfants insérés donnent un petit côté Mindhunter. Et puis l’astuce de Penalan est de ne rien révéler jusqu’au bout. Donc on avale les pages en attendant la confrontation finale.

On pense s’attendre à tout. Les jours passent, l’espoir se réduit, d’autres meurtres interviennent, des pistes se refroidissent, des parents suspectés, des interrogatoires avec des glaces sans teint. Et Eden qui s’est volatilisée tandis que Myers commence à vaciller. Au milieu de la nuit vient alors l’épilogue, inattendue. Eh oui, c’est toujours pareil avec les bons polars. On pense être plus malin et puis non. Alors on respire un bon coup. On laisse Myers repartir dans sa Ford Crown Victoria. Quelque chose nous dit qu’il reviendra, un peu plus cabossé. Car d’autres criminels à l’intelligence machiavélique se cachent, tapis, dans l’ombre de nos sociétés. Face à eux, des adversaires redoutables, tapis, eux, dans l’imaginaire d’auteurs comme Christophe Penalan. Ça promet.

Par Laurent Pfaadt

Christophe Penalan, Eden. L’affaire Rockwell, coll. Chemins nocturnes
Aux éditions Viviane Hamy, 384 p.