CHAVAL

En cette belle après-midi du tout début de l’été nous nous retrouvons sur l’aire d’accueil des gens du voyage de Fegersheim pour assister à un moment festif à l’initiative de La Cie « Les Gladiateur-trices » que dirige Beatriz Gutierrez.


On s’installe sur les bancs à l’ombre des tonnelles montées là pour nous protéger du soleil et de la chaleur et voilà qu’un personnage à tête de cheval vient ouvrir le spectacle au cours duquel différentes saynètes nous seront proposées

Et d’abord pour se mettre en train une invitation à participer à un flash mob où ceux qui le veulent sont invités à venir danser sur la piste où évoluent déjà Béatriz et Sabine Grislin, Renato Spera et Bruno Joumé qui les ont rejointes.

Bientôt, ce sont les paroles des gens du voyage qui viennent à se faire entendre, enregistrées par l’équipe à l’occasion de leur périple dans différentes aires d’accueil, celles, entre autres, d’Ostwald ou de Dunkerque située près du Port du Rhin.  Elles évoquent une époque où d’une certaine façon la liberté de déplacement était plus fréquente et plus grande. Des témoignages qui disent ce que furent à certains moments ou à différents endroits la vie des gens du voyage quand les parents voyageaient beaucoup, avant l’ère des aires d’accueil où les contraintes sont plus manifestes.

Mais trêve de nostalgie on va passer à la prise de photo de groupe avec comme il se doit le petit jeu de la place à prendre pour être vu et non pas caché par le plus grand ou le plus balaise. Après quelques bousculades on y arrive enfin !  

Quel plaisir aussi de voir évoluer Sabine dans sa robe rouge et légère avec sa perruque foisonnante et son nez de clown.

C’est elle, juchée sur un gros bidon qui entame un chant dont le refrain sera « Je mange mon accordéon » puis qui nous présentera son petit tour de danse et une fois au sol sera relevée par deux comparses très empressés interprétés par Renato Spera et Bruno Joumé.

Vient le moment où sous forme d’un petit jeu de rôle on aborde le problème de la domiciliation car cela peut être un sujet qui fâche alors chacun y va à sa façon pour défendre l’emplacement qu’il a adopté pour sa caravane, oui mais qui empiète plus ou moins sur le territoire du voisin, d’où bisbille et petit jeu qui renouvelle la scène. Renato et Bruno s’emploie à la rendre crédible et non dramatique. Avec en prime un appel au public pour que l’un ou l’autre vienne rejouer la scène à sa façon. Une jeune fille, Lana acceptera la proposition et s’en sortira fort bien.

Un autre moment fort de ce spectacle est celui du chemin des chaises, celles-ci disposées de telle sorte qu’on peut aller de l’une à l’autre de manière suivie et sûre. C’est là que chacun à sa façon vient dire ses souvenirs. On grimpe et on avance à grands pas, tout en répétant à l’envi « Je me souviens » et ce sont ces moments de rencontre que l’on a vécus lors des passages  dans les aires d’accueil où l’on a appris à se connaitre et à cheminer ensemble  qui sont ainsi évoqués, comme une nécessité à se les remémorer, à  témoigner de leur importance, à les faire vivre Sur ce chemin des chaises, véritable pont vers l’autre, on défile allègrement pour cette restitution de la mémoire à laquelle se  sont joints Elisa Renard et Maxime de l’AFI (Association familiale laïc) partenaire.

C’est en chanson et en danse auxquels tous sont invités à participer que s’achève ce moment ludique et chaleureux, l’aboutissement de longues heures de rencontres et d’échanges de la Cie sur les aires d’accueil participant à ce projet.

Marie-Françoise Grislin pour Hebdoscope

 Représentation du 22 juin 2023