Des châteaux en rouge et blanc

La région de Lublin recèle de multiples châteaux à découvrir

Des forêts de pins tapies de mousse luxuriante, des vignes à perte de vue, des clairières percées de rayons de lumière. Ces paysages enchanteurs dans la voïvodie de Lublin, à quelques 80 kilomètres de l’Ukraine offrent de merveilleux décors à quiconque rêvent de contes de fées, de princes et princesses, et de châteaux qui, chacun dans leur style, invitent le visiteur à un voyage dans le passé.  


Palais de Kozlowka

A Kozlowka, le blanc éclatant du château des Zamoyski donne un petit côté pavillon de chasse tiré de Guerre et Paix. On a l’impression qu’Andrei Bolkonski va arriver, juché sur son cheval ou qu’Anna Mikhaïlovna Droubetskoï va sortir de cette chapelle construite sur le modèle versaillais où elle a prié pour son fils Boris avant de se promener dans le jardin à la française attenant au château. Petit bijou perdu au milieu de ce cadre bucolique qui attire tout de même 300 000 visiteurs par an, le palais qui aligne copies de tableaux de grands maîtres et objets insolites comme ce piano girafe ou cet aspirateur du 19e siècle à manivelle, dévoile son charme à des visiteurs majoritairement polonais et allemands qui viennent ici à la rencontre, le temps d’un week-end ou à l’occasion de séminaires d’entreprises, de leur histoire nationale tumultueuse où les paons ont aujourd’hui remplacé les aigles allemands. Et si ces derniers commettaient les pires exactions à quelques kilomètres de là, Dieu ne quitta cependant jamais l’auguste demeure, cachant le futur primat de Pologne, le cardinal Stefan Wyszyński que le pape François béatifia en 2021.

Galerie réaliste socialiste, Koslowka

Pour autant, il réserva quelques facéties, rouges, aux propriétaires qui, de retour vendirent le château à l’Etat polonais qui y installa une très belle collection d’œuvres réalistes soviétiques où se côtoient Bierut, le héros communiste local et héraut stalinien qui contrôla la Pologne après la seconde guerre mondiale, Jean Jaurès mais également le miracle de l’industrialisation polonaise et des avertissements au poison capitaliste représenté par Coca Cola. Pas rancunier pour autant, le jardin aligne de magnifiques rosiers rouge carmin.

Chateau de  Zamek

A Janowiec, fini les amours contrariés tolstoïens et place aux catapultes et aux monstres de The Witcher. Ici se dressent fièrement les ruines romantiques du château de Zamek. Surplombant un paysage à couper le souffle, l’édifice bâti au XVIe siècle puis ravagé par les Suédois dont on imagine aisément, la nuit tombant, les combats à l’épée et autres pouvoirs du Sorceleur, accueille familles venues se reposer dans le parc aux arbres centenaires et visiteurs embrassant les flancs de ces collines, prolongement des hanches d’une Vistule qui a déposé voilà quelques millénaires son limon formant ainsi un terroir argilo-calcaire propice à développer un riesling plus que prometteur grâce à la persévérance de quelques vignerons. Ainsi, si la magie est restée intacte entre ces murs, les seuls sortilèges à l’œuvre aujourd’hui sont ces filtres d’amour rouges et blancs tirés des vignes en contrebas. Près de 350 ans après la mise à sac du château, les Polonais tiennent enfin leur revanche sur des Scandinaves qui aujourd’hui viennent déguster les cépages de Janowiec. Et à l’image de son drapeau national, cette très belle région de la Pologne offre le plus parfait mariage du rouge et du blanc qui s’exprime à merveille tant sur les coteaux de Janowiec que dans les jardins de Koslowka.

Par Laurent Pfaadt

Pour plus de renseignements sur les châteaux de région de Lublin :

https://www.pologne.travel/fr/les-sites-d-epingle-dor-en-pologne/palace-et-musee-zamoyski-kozlowka
https://zamek-lublin.pl/en/