Il était une nouvelle fois dans l’ouest 

Avec son livre Soazig Villerbu dépoussière notre connaissance du Far West

N’en déplaise à John Dutton et à ses ancêtres luttant contre tous ceux qui veulent le déposséder de ses terres et les transformer en espace mercantile, le parc de Yellowstone, titre également de la série à succès sur Paramount +, fut d’abord créé en 1872 « pour le plaisir des touristes qui auraient les moyens de s’y rendre : la bourgeoisie blanche » selon Soazig Villerbu, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Limoges et spécialiste de l’Ouest nord-américain dans un livre qui devrait faire date. Car non seulement Yellowstone a été pensé dans un esprit commercial mais surtout le parc s’est fait au détriment de ses premiers habitants, les Indiens Shoshones et Bannocks.


Libéralisme économique et génocide, voilà les deux colt dégainés par notre auteure dans ce livre en forme de règlements de compte à OK Corral avec les mythes de la conquête du Far West. Car rien n’était écrit d’avance, surtout pas par Soazig Villerbu qui disert intelligemment sur les guerres indiennes destinées à « venir à bout des populations autochtones », sur les Rocheuses à la fin du XIXe siècle et bien évidemment sur ces cowboys et fermiers qui façonnèrent le mythe. Entre commerce, négociations,  massacres et ruses, rien n’échappe à l’analyse de notre professeure transformée en justicière de l’histoire.

L’autre grande plus-value du livre est bien évidemment d’élargir la focale à l’ensemble du continent nord américain en y incluant le Mexique et le Canada car le soft power américain a vite fait de réduire cette histoire de la frontière aux seuls États Unis. Une frontière sur le point d’être, une nouvelle fois, franchie. 

Par Laurent Pfaadt

Soazig Villerbu, Nouvelle histoire de l’Ouest, Canada, Etats-Unis, Mexique (fin XVIIIe-début XXe siècle)
Passés composés, 416 p.