La panthère des neiges

Double actualité pour Vincent Munier avec la sortie le 15
décembre de son film au cinéma et une exposition de ses photos au
Siège du Conseil Régional de Strasbourg, jusqu’au 8 janvier 2022.

© Haut et Court

Originaire d’Epinal, les Vosges ont été son premier terrain
d’exploration de la nature sauvage, dès lors qu’il s’est vu offrir à 12
ans un appareil photo par son père, lui-même naturaliste qui l’a initié
très tôt à la beauté de la nature. Des Vosges en passant par
l’Arctique jusqu’au Tibet, Vincent Munier continue de s’émerveiller
autant devant un loup, un ours, un aigle ou un bouvreuil. Sa panthère
des neiges a fait l’objet d’une quête qui l’a conduit à faire cinq fois le
voyage au cœur des hauts plateaux tibétains.  Il savait où elle se
trouvait mais quand voudrait-elle bien se montrer ?

Avec l’écrivain et aventurier Sylvain Tesson qui a écrit un livre
éponyme sur ce voyage (Gallimard – Prix Renaudot 2019), ils sont
partis sur les traces de cette panthère, Marie Amiguet à la caméra.
Le film est assurément une aventure en soi pour le spectateur,
amené à s’identifier à Sylvain Tesson, le candide de l’expédition que
Vincent Munier initie à l’art de l’affût et à « lire » la nature, décrypter
les roches pour discerner les animaux qui s’y fondent par leur
plumage ou pelage, pratiquant le parfait camouflage pour un œil non
averti. C’est en développant une photo après un précédent voyage que Vincent Munier a découvert que la panthère le regardait, ses
petites oreilles dépassant d’un rocher. Elle l’avait observé, il ne
l’avait pas vue. Cette photo est exposée à la Région. A ce jeu de
cache-cache, les hommes sont bien vulnérables.  Si le film est une
ode à la nature sauvage, c’est aussi le lieu de rappeler à quel point
l’homme est délétère et coupable de sa destruction. Restent des
animaux qui ont survécu à l’anthropocène comme le yack sauvage
que les hommes préhistoriques ont peints dans les grottes et qui
sont parmi les plans les plus beaux du film, comme des guerriers
casqués, des gardiens éternels d’une Nature toujours plus abimée.
Le film est ponctué par des plans fixes, des photos qui plein écran
nous submergent par leur force. L’émotion face au Beau serait-elle
plus constructive pour agir en faveur de l’écologie que l’émotion née
du rejet et de l’horreur ? Les avant-premières de La panthère des neiges font salles combles avec de très nombreux enfants. Ils sont les
citoyens de demain. Gageons que des films comme celui-là feront
bouger les consciences !

Par Elsa Nagel

Un film de Marie Amiguet et Vincent Munier